Retour sur les mois de galère d'Oulare: "On lui avait dit de prendre des vacances !"
L’agent d’Obbi Oulare, Peter Verplanck, revient sur les mois de galère de l’attaquant du Standard.
- Publié le 16-05-2019 à 06h58
- Mis à jour le 16-05-2019 à 08h18
L’agent d’Obbi Oulare, Peter Verplanck, revient sur les mois de galère de l’attaquant du Standard. Le 13 décembre 2018, cinq jours après avoir inscrit son premier but pour sa toute première titularisation à Saint-Trond suite à sa longue rééducation, Obbi Oulare débute son premier match d’Europa League avec le Standard à Akhisarspor. Mais le conte de fées vire au cauchemar après seulement six minutes lorsque le robuste attaquant liégeois s’écroule suite à un choc violent avec le portier local.
Le diagnostic tombera rapidement : fracture du tibia et entre quatre et cinq mois d’absence. Le coup est rude et difficile à accepter pour l’homme qui, durant de longs mois, a affiché une force mentale hors du commun pour revenir de son opération à la hanche.
"Le lendemain, je l’ai accueilli à l’aéroport", se souvient l’agent de l’attaquant, Peter Verplancke. "Compte tenu du contexte et du fait qu’il revenait de très loin, je m’attendais à trouver un garçon complètement abattu. Ce n’était pas le cas même si Obbi accusait le coup. Directement, on a fixé les priorités. La première chose, c’était de savoir s’il devait se faire opérer ou non. Une fois qu’on a eu l’affirmation que l’opération n’était pas nécessaire, il a directement eu faim et a entamé son processus de revalidation."
Selon son agent,Obbi Oulare n’a jamais douté un seul instant.
"Dans pareille situation, tu as deux options : soit tu es fataliste et tu t’apitoies sur ton sort, soit tu relèves la tête et tu regardes en avant et Obbi a choisi la seconde option. Il venait déjà de revenir d’une indisponibilité de sept mois, cela ne l’a pas arrêté. Évidemment, parfois, il se demandait quand est-ce que la chance allait tourner."
Ces derniers mois, Obbi Oulare n’a eu de cesse de penser à son retour.
"C’est un garçon très altruiste et important dans la vie d’un groupe. Il voulait revenir pour apporter une plus-value et aider ses équipiers."
Mais une rechute retardera l’attaquant de pointe à tel point que la fin de saison est déclarée par le corps médical.
"Les médecins lui ont dit de prendre du temps pour lui, des vacances, qu’il le méritait après tout ce qu’il avait déjà fait et qu’il reviendrait dans trois à quatre semaines pour préparer la nouvelle saison. Mais Obbi est resté au club et il a continué ses soins et sa revalidation. Son attitude était impressionnante."
Et bien lui en a pris puisqu’il y a un peu plus de deux semaines, Oulare a retrouvé le groupe.
"Il travaillait dur et à un moment, il n’a plus ressenti la moindre douleur. Il en a fait part au staff technique et au staff médical qui ont décidé de le réintégrer au groupe. Le match qu’il a disputé contre Gand, il ne l’a que très peu préparé puisqu’il n’avait pas deux semaines d’entraînement dans les jambes et seulement 45 minutes de temps de jeu en U21."
Face aux Buffalos, Oulare a repoussé ses limites et est allé au bout de l’effort. "Il a remporté tous ses duels aériens étant le point de fixation de l’équipe. Ça n’a peut-être l’air de rien mais ça prend énormément d’énergie."
Quelques jours plus tôt, Obbi Oulare a paraphé un contrat de quatre ans au club. "Le Standard sait ce qu’il fait en prenant Obbi. Cela lui a donné de la confiance pour devenir un des acteurs principaux de la prochaine saison."
"Il aurait pu devenir un sprinter de niveau mondial"
Frédérique Neys accompagne Oulare depuis six ans. "Il a un physique hors du commun et un mental d’acier."
Depuis qu’il est devenu professionnel, la jeune carrière d’Obbi Oulare a été marquée par de nombreuses blessures. Mais pour les limiter et les gérer au mieux, l’attaquant s’est entouré des bonnes personnes, dont Frédérique Neys, spécialisée dans le suivi et la rééducation de sportifs de haut niveau.
"J’ai rencontré Obbi quand il avait 16 ans et il venait d’intégrer l’équipe première du Club Bruges entraînée par un certain Michel Preud’homme", explique cette scientifique du sport. "Il avait déjà un talent énorme et un corps incroyable. À 17 ans, quand il faisait de l’athlétisme, il était déjà très rapide sur 100 mètres. S’il n’avait pas choisi le football, il aurait d’ailleurs pu devenir un sprinter de niveau mondial ou réussir dans n’importe quel sport d’explosivité. Je travaille avec beaucoup d’athlètes, dont les frères Borlée par exemple, et de footballeurs mais je n’ai jamais vu un athlète comme lui. Si ce n’est… sa sœur, Mariam, qui dispose aussi d’un physique hors du commun."
Qui lui a permis de battre le record de Belgique des moins de 18 ans sur 60 mètres à la fin du mois de janvier.
Mais une telle puissance a aussi des inconvénients.
"Obbi a eu une croissance très rapide et s’est énormément développé en peu de temps. On sentait que cela pouvait développer quelques problèmes."
Des doutes qui se sont traduits en pépins physiques réguliers, à la hanche notamment, dont Oulare a été opéré il y a un peu plus d’un an. Mais qui n’ont jamais entamé la motivation de l’attaquant. "On a fait un très long travail avec Obbi. Il a toujours été très motivé et il savait qu’il allait réussir. Même s’il n’a que 23 ans, c’est quelqu’un de mature et un gros bosseur avec qui il est agréable de travailler. Sa fracture du tibia au mois de décembre était de la pure malchance mais elle aurait pu l’atteindre mentalement. Cela n’a pas été le cas. Dès le lendemain, il était prêt à travailler et n’a pas baissé les bras. Dans sa tête, il a quelque chose en plus."
Qui lui a permis de tenir… 90 minutes, à la surprise générale, pour son match de retour, vendredi dernier face à Gand. "Je suis très contente pour lui de l’avoir vu jouer 90 minutes car je sais le travail qu’il a effectué pour qu’il revienne", explique celle qui est contact quasi quotidien avec Oulare et qui mesure les efforts réalisés par le Standardman. Dans tous les domaines. "Aujourd’hui, Obbi est très attentif à sa nourriture, aux heures qu’il dort, à la manière dont il occupe son temps après les entraînements. Il sait que ce sont ces détails qui vont faire la différence."
Et lui permettre d’enchaîner les rencontres. Ce que personne ne pensait qu’il serait encore capable de faire cette saison.
"Même moi, je n’y croyais pas", termine Frédérique Neys. "Mais avec Obbi, il ne faut jamais dire jamais."