Négociation, volonté de prolonger, retour au Portugal : la dernière semaine mouvementée de Sa Pinto au Standard
Rentré au Portugal, Ricardo Sa Pinto peut déjà compter sur l’intérêt du Maccabi Tel Aviv et du Panathinaikos
- Publié le 22-05-2018 à 12h09
- Mis à jour le 22-05-2018 à 17h36
Rentré au Portugal, Ricardo Sa Pinto peut déjà compter sur l’intérêt du Maccabi Tel Aviv et du Panathinaikos. Dimanche dernier à son arrivée à Charleroi, Ricardo Sa Pinto a le visage moins marqué, plus détendu. Il a abandonné le costume à l’éfigie du club pour une tenue civile plus décontractée. Un changement de look qui, après coup, pouvait augurer de ce qui allait se passer par la suite.
S’il affiche une plus grande sérénité, c’est que Ricardo Sa Pinto sait déjà de quoi son avenir sera fait. Il le savait même bien avant le coup d’envoi de ce choc wallon.
Sa décision, prise d’un commun accord avec la direction, le Portugais l’a gardée pour lui, n’en faisant pas part à ses joueurs pour ne pas les déstabiliser. Durant le match, Sa Pinto affiche la passion habituelle. Il fait les 100 pas le long de la ligne et se fait réprimander par le 4e arbitre. Bref, Sa Pinto vit son match à fond.
Dans les arrêts de jeu, alors que le match est terminé à Anderlecht qui est battu par Genk (1-2) et que la 2e place est donc assurée, Ricardo Sa Pinto se lâche totalement et évacue des mois de frustration. En plein match, le coach danse et chante avec ses supporters.
Il le sait, il a accompli quelque chose que personne n’avait jamais osé espérer, pas même ses dirigeants. Il sait aussi qu’il s’agit là de son baroud d’honneur car les dés sont jetés.
En fin de semaine dernière, Ricardo Sa Pinto et les dirigeants liégeois se sont mis à table pour discuter. Le coach à qui il restait un an de contrat suite à la levée de l’option en mars dernier, fort de ses résultats, avait toujours exprimé son envie de rester au club, où il se voyait même prolonger pour trois saisons supplémentaires. La direction, elle, voyait l’avenir autrement précisant au Portugais qu’elle avait d’autres plans pour l’avenir.
La négociation s’est alors engagée entre les deux parties pour finalement déboucher très vite sur un accord. Le Portugais a soumis une proposition (financière) à ses dirigeants qui l’ont acceptée mettant ainsi un terme à leur collaboration.
À Sclessin, Sa Pinto voulait s’inscrire dans la durée et il n’a jamais quitté la ligne de conduite qu’il s’était imposée. C’est pourquoi, en cours de saison, il a refusé les avances du Maccabi Tel Aviv rétorquant qu’il souhaitait poursuivre son aventure au Standard, son club de cœur avec le Sporting Portugal.
Après la rencontre à Charleroi, Sa Pinto apprend la nouvelle à ses joueurs, au pied de la tribune des fans rouches avant de venir faire sa déclaration en salle de presse. Sa sortie, Sa Pinto l’a soigneusement préparée. De son côté, même si elle s’en doutait un peu, la direction assiste, par médias interposés, avec surprise aux déclarations du Portugais. Il a un mot pour tous les employés du club, à quelques exceptions près, avant de quitter le stade les larmes aux yeux.
Plus tard dans la soirée, Sa Pinto partageait un repas, le dernier, avec son groupe dans un restaurant de la région liégeoise dans une ambiance extraordinaire avant de reprendre la route pour le Portugal ce lundi.
L’avenir du coach Portugais est, à l’heure actuelle, incertain mais de nombreuses équipes sont intéressées par son profil. C’est toujours le cas du Maccabi Tel Aviv mais également du Panathinaikos dont les nouveaux propriétaires pourraient rapidement entrer en contact avec lui.
De son côté, le Standard a réagi officiellement ce lundi via un communiqué dans lequel il précise : "Il faut dès à présent préparer le futur afin de pérenniser cette belle fin de saison, poursuivre notre projet et s’inscrire dans le long terme."
Cette phrase sous-entend évidemment la prochaine arrivée de Michel Preud’homme en bord Meuse. Une arrivée qui devrait être officialisée la semaine prochaine. Depuis plusieurs semaines, en coulisses, Preud’homme, qui sera accopagné par son préparateur physique à Bruges, Renaat Philippaerts, préparait déjà la préparation de la prochaine saison.
"Beaucoup de joueurs et de fans voulaient qu’il reste"
Son groupe a tenu à saluer son mérite et son travail à l’issue de la rencontre
Dès le coup de sifflet final, Ricardo Sa Pinto a communiqué sa décision aux joueurs. Et ceux qui ont été appelés à s’exprimer devant la presse ont décidé de saluer son travail. "Un entraîneur est jugé sur ses résultats. Il a donc effectué du bon travail avec la victoire en Coupe et des playoffs de haut niveau", résumait Sébastien Pocognoli.
Beaucoup retenaient surtout son apport en dehors du terrain. "C’est en grande partie grâce à lui que l’équipe est remontée au classement. Il a créé une vraie famille. Il nous a transmis sa grinta, son envie de gagner et ce n’est pas pour rien si nous sommes si souvent revenus au score", appuyait Renaud Emond.
Des propos corroborés par Paul-José Mpoku. "J’ai une photo de lui dans mon téléphone qui remonte à son époque comme joueur au Standard. On le voit en train de serrer les poings et cette image décrit ce qu’il nous a apporté : rage et grinta. Je lui tire un coup de chapeau pour ce qu’il a fait. Il a notamment ramené l’ADN du Standard, qui n’était plus là depuis le début de l’ère Venanzi. IL n’a laissé personne l’influencer et il a été fort dans sa tête, sans quoi on perd vite pied dans un club comme le nôtre."
À la fin du match à Charleroi, joueurs et supporters ne donnaient pas le sentiment d’accepter facilement ce départ. "Beaucoup de joueurs et de fans souhaitaient qu’il reste mais c’est aussi cela, le football, poursuivait Mehdi Carcela. Il a fait un gros travail ici et il a construit une famille, ce qui est le plus difficile en football, dans un milieu hypocrite. Nous le remercions."
Dans les prochains jours, l’arrivée de Michel Preud’homme sera officialisée. "Sa venue n’est pas officielle mais si c’est le cas, c’est une bonne chose pour le club", disait Renaud Emond, rejoint par Paul-José Mpoku. "Faire mieux que Sa Pinto ne sera pas évident mais Michel Preud’homme a gagné partout où il est passé. Il saura comment gérer notre groupe."