Luyindama, le défenseur-buteur idéal du Standard: "C’est une demande de l’entraîneur"
Ses montées en ligne ont fait des ravages contre Saint-Trond et cette arme sera encore utilisée.
- Publié le 28-08-2018 à 10h16
- Mis à jour le 03-09-2018 à 12h56
Ses montées en ligne ont fait des ravages contre Saint-Trond et cette arme sera encore utilisée.
Christian Luyindama a été affublé de tous les surnoms depuis son arrivée en bord de Meuse : "Bébé" pour sa gentillesse avec le reste du groupe, "Monstre" pour sa capacité à imposer son physique dans les duels et "Boss" pour sa reprise de la chanson de Koffi Olomide, "Ya ba boss". Dans les prochaines semaines, ses partenaires pourraient lui trouver un nouveau sobriquet : "Buteur". Samedi dernier, le défenseur congolais a franchi l’ensemble du terrain pour aller planter une reprise de la tête surpuissante, à un point tel qu’un joueur lambda n’aurait peut-être pas été capable d’imprimer autant de vitesse au ballon avec son meilleur pied. "J’avais déjà marqué des buts comme ça, donc moi, cela ne m’étonne pas", disait-il en quittant la pelouse. Cette réussite ne doit rien au hasard car durant l’ensemble de la rencontre, il s’est amusé à casser les lignes trudonnaires. "C’est une demande de l’entraîneur et nous avons travaillé cet aspect durant la semaine."
Le résultat final est très intéressant. Saint-Trond avait renforcé sa ligne défensive lors de son voyage à Sclessin, ce qui a privé les éléments offensifs liégeois du moindre espace. Mais les montées en ligne de Christian Luyindama ont perturbé toute l’organisation défensive limbourgeoise car personne ne savait qui devait le prendre en charge. Cela lui a notamment permis d’être totalement esseulé dans le grand rectangle juste avant d’égaliser. "J’avais dit que la Coupe d’Europe nous permettrait d’apprendre", explique Michel Preud’homme. "Après le match contre l’Ajax, j’ai montré à Christian les montées en ligne du jeune Frenkie de Jong qui permettait à son équipe d’apporter le surnombre. Nous avions déjà essayé ce plan durant de précédentes rencontres mais cela s’est plus remarqué face à Saint-Trond car cela a amené un but."
Christian Luyindama est l’homme idéal pour mettre ce plan en pratique. Son passé d’attaquant de pointe, notamment au TP Mazembe, lui permet d’avoir les bons réflexes devant le but adverse, comme en attestent d’ailleurs ses six buts inscrits depuis ses débuts au Standard. Lors des treize derniers mois, il est même le défenseur central le plus efficace du championnat avec cinq réalisations à son compteur personnel (il avait aussi marqué un but en playoffs 2 lors de la saison 2016-2017).
Mais avant d’arriver dans le rectangle, il est également très doué pour casser les lignes et donc gêner un bloc bien replié. Samedi, les médians n’ont jamais été capables d’entraver ses courses vers l’avant et l’international congolais a même été le joueur principautaire qui a réussi le plus de dribbles (5), loin devant Mehdi Carcela (3), Moussa Djenepo (3) ou encore Paul-José Mpoku (1). Il peut donc entamer des courses de plus de septante mètres sans mettre en danger son équipe car sa capacité à conserver le ballon est assez ahurissante, bien aidé par une puissance qui expédie ses moindres concurrents au sol.
Il n’est pas le même style de défenseur-buteur qu’un Sergio Ramos, plus à l’aise sur les phases arrêtées, mais il pourra toujours se dire qu’ils partagent un point commun : les deux rêvaient d’être de grands buteurs lorsqu’ils étaient plus jeunes. Finalement, ils y sont (presque) arrivés…
Déjà plus efficace que ses prédécesseurs
Déjà plus efficace que ses prédécesseurs
Dans le monde entier, Sergio Ramos est considéré comme la référence en matière de défenseur-buteur. Dimanche, il a trouvé le chemin des filets en championnat pour la quinzième année consécutive, tout comme un certain… Lionel Messi. Le capitaine madrilène domine une catégorie où se retrouvent également Gerard Piqué ou encore John Terry.
Au Standard, les arrières centraux ont rarement été aussi efficaces que Christian Luyindama. Sur les dix dernières années, Laurent Ciman est le seul joueur qui arrive à tenir la cadence du Congolais (six réalisations également en championnat) mais le défenseur farciennois a disputé un peu plus de cent rencontres avec les Liégeois en D1, ce qui n’est pas encore le cas du Boss.
Derrière, Dino Arslanagic (5), Jorge Teixeira (4) et Kanu (4) sont déjà dépassés par le nouveau patron défensif liégeois, au même titre que Milos Kosanovic (2), Konstantinos Laifis (2) ou encore Alexander Scholz (1).
Depuis son retour, Paul-José Mpoku a à peine inscrit un but de plus que le défenseur congolais en championnat. C’est dire l’efficacité de Christian Luyindama…
Le rôle de Laifis a également changé
Le rôle de Laifis a également changé
Tout comme Christian Luyindama, Kostas Laifis reçoit, aujourd’hui, d’autres indications tactiques. Le Chypriote peut davantage partir dans des raids solitaires et faire profiter le bloc liégeois de sa capacité de relance. Si Olivier Renard l’a recruté il y a deux ans, c’est avant tout pour ses qualités défensives mais également pour sa capacité à se projeter vers l’avant et à casser des lignes adverses par son jeu long précis. Depuis le début de saison, Kostas Laifis est également plus libre de partir vers l’avant, que ce soit balle au pied ou encore sur phases arrêtées. Contre le Cercle Bruges, le défenseur central s’était ménagé deux possibilités sur corner. À Lokeren, une de ses frappes, déviée, terminait sa course sur le poteau. Enfin, samedi dernier face à Saint-Trond, encore sur corner, il passait à côté du premier but de sa saison. "Kostas marquera cinq à six buts cette saison", nous confie un de ses proches. "Les consignes du coach sont claires; ce n’est pas le fruit du hasard si Kostas et Christian se procurent souvent des occasions. Luyindama a d’ailleurs inscrit un but sur une phase de plein jeu."
La saison dernière, Laifis n’a inscrit qu’un but (en PO1 contre Bruges), faisant ainsi chuter ses statistiques, lui qui, en moyenne, marquait trois à quatre buts par saison. En 165 matches professionnels, le Chypriote a inscrit douze buts.