Les secrets de la nouvelle philosophie de jeu chez les jeunes du Standard
Depuis le début de la saison dernière, l’Académie Robert Louis-Dreyfus applique une nouvelle philosophie de jeu chez les jeunes.
- Publié le 14-08-2019 à 07h07
- Mis à jour le 14-08-2019 à 16h28
Depuis le début de la saison dernière, l’Académie Robert Louis-Dreyfus applique une nouvelle philosophie de jeu chez les jeunes. Ils auraient dû reprendre leur saison lundi soir, sur la pelouse de l’Union saint-gilloise. Mais la rencontre a été reportée à jeudi prochain. Le premier rendez-vous de la saison des U21 liégeois attendra donc encore un peu. Une première rencontre qui sera déjà un moment important, puisqu’il s’agira d’appliquer, lors d’un match officiel, les principes travaillés durant la préparation et qui sont ceux de l’école des jeunes du Standard depuis un an. Ces principes, quels sont-ils ? "Notre travail au quotidien s’articule autour de deux axes", explique Joost Hendrickx, le nouveau coordinateur U18-U21 du Standard. "En perte de balle, on va chercher la pression très, très haute. On met même la pression sur les défenseurs centraux et le gardien adverse, c’est très caractérisé. Et en possession de balle, on veut construire de l’arrière, avoir la possession du ballon et toujours rechercher la profondeur."
Des principes fondamentaux qui se veulent reconnaissables. "Le but est de créer une identité de jeu", continue Hendrickx. "Quand quelqu’un voit jouer une de nos équipes de jeunes, que ce soit U15 ou U21, on veut vraiment qu’il se dise : ‘ Ça, c’est le Standard.’ Parce qu’il y a des choses qui reviennent constamment."
Forcément, la mise en place de cette philosophie de jeu demande un travail en profondeur au quotidien. "Tout s’inscrit dans un projet global. Dès les U12, on travaille certains points spécifiques. En U13, on en ajoute d’autres. En U14 aussi. Et ainsi de suite. Pour arriver en U18 avec une philosophie de jeu connue et maîtrisée par tous les joueurs."
Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’apprentissage par la suite. Au contraire. "À partir des U18, on parle de formation tactique et mentale. Je suis persuadé qu’un joueur doit encore apprendre beaucoup en U21." Une classe d’âge dans laquelle la philosophie de jeu est poussée à son paroxysme. "De manière un peu différente d’une équipe première nous, on ne s’adapte pas forcément à l’adversaire, on reste dans la philosophie", explique Stéphane Guidi, l’entraîneur des U21 liégeois, dont les troupes évoluent en 4-4-2. "Pour nous, c’est le meilleur système pour éduquer des jeunes joueurs", reprend Joost Hendrickx. "Mais encore une fois, les principes mis en place sont plus importants que le système tactique. Ce 4-4-2 n’est pas restrictif, nos backs jouent comme des flancs, nos deux médians latéraux sont presque des numéros 10. Le but est de préparer les jeunes à l’adaptation et à la compréhension d’une manière de jouer. Quel que soit le système utilisé."
Avec un objectif, à terme, réduire le fossé qui existe entre les U21 et le noyau professionnel. "Pour le moment, aucun joueur de mon équipe n’aurait sa place en équipe A, il faut être réaliste. Pour être titulaire au Standard, il faut être très très fort et il y a beaucoup de travail à effectuer", souligne Guidi. "Et c’est pour ça que nous sommes là", termine Joost Hendrickx, qui rappelle que la plupart des U21 de cette année viennent de monter de U18, "et le fossé entre U18 et U21 est déjà très grand".
Mais la réussite de joueurs comme Moussa Djenepo la saison passée ou Arnaud Bodart cette saison ("le voir jouer est une récompense pour toute l’Académie") pousse les formateurs liégeois à faire encore mieux. "On ne peut pas dire un chiffre en disant : on veut sortir X jeunes par an. On doit juste être convaincu que notre manière de travailler va les faire progresser, et c’est le cas. Je suis convaincu qu’on va réussir. L’objectif ultime est évidemment de voir certains de nos jeunes percer en équipe première. Mais il faut être conscient que cela demande une bonne mentalité et de la patience, ce que l’entourage ne comprend pas toujours. L’environnement est primordial pour réussir."
"Joachim Carcela a grandi, Patoulidis s'est musclé"
Stéphane Guidi détaille les qualités des cinq jeunes les plus proches du noyau A.
Certains ont d’ores et déjà fait partie du noyau de Michel Preud’homme la saison dernière, d’autres ont participé au stage estival du Standard cet été en Allemagne ou ont disputé l’un ou l’autre match amical avec les pros. Eux, ce sont les jeunes qui semblent être le plus proches de l’équipe première. Tour d’horizon de leurs qualités avec Stéphane Guidi. Joachim Carcela (médian offensif, 19 ans).
“Il a déjà joué à plusieurs positions, avec les U21 ou avec l’équipe première, mais je le considère comme un numéro 10. La saison passée, il avait dépanné comme arrière droit et il l’a bien fait. Il a des qualités pour jouer un peu partout mais il est, selon moi, plus performant dans la ligne médiane. Il est capable de faire de très bonnes choses, il a des lignes de courses intéressantes mais il n’est pas toujours constant techniquement. Ces derniers mois, il a gagné en volume, il a grandi.”
Evangelos Patoulidis (médian offensif, 17 ans).
“Il peut jouer comme n° 8, n° 10 ou même en attaque. Parfois, il peut aussi jouer plus décalé ou comme deuxième attaquant. Son année en équipe première, la saison passée, lui a fait du bien, il s’est musclé et a gagné en masse musculaire. C’est un joueur avec des qualités techniques au-dessus de la moyenne et une bonne vision du jeu.”
William Bakiwsiha (ailier, 20 ans), prêté un an sans option au Cercle.
“C’est un joueur particulièrement spectaculaire, avec une très bonne maîtrise technique. Je dirais qu’il doit gagner en efficacité et il peut encore être meilleur dans son repositionnement défensif.”
Hady Sangare (défenseur central, 20 ans).
“C’est un défenseur qui est très costaud et rapide au duel et qui est un leader, mais il doit de temps en temps se maîtriser. Il doit toutefois améliorer ses relances. Il y a un peu trop de prise de risques dans son jeu.”
Dario Castro (ailier colombien, 19 ans), arrivé cet été de Santa Fe.
“C’est un peu tôt pour parler de lui car il vient d’arriver et il ne parle qu’espagnol. C’est un joueur qui est assez explosif balle au pied mais il a encore beaucoup de travail à effectuer, notamment pour assimiler des principes de jeu qu’il découvre. C’est un ailier mais on le fait parfois jouer comme numéro 10 ou attaquant.”
“Je veux toujours être sur le terrain”
Après… 31 ans à OHL, Joost Hendrickx s’est lancé un nouveau défi au Standard. Il est l’un des nouveaux visages de l’Académie. Arrivé cet été en provenance d’OHL, Joost Hendrickx est le coordinateur U18-U21 du Standard depuis quelques semaines. Une fonction presque similaire à celle qu’il exerçait à Louvain. “J’étais directeur technique du centre de formation, entraîneur des espoirs et adjoint de l’équipe première”, explique le formateur. “Je pense que là-bas, on a fait un bon travail et le Standard l’a vu. Donc le club liégeois m’a contacté il y a quelques mois. C’est un club avec beaucoup de charisme et de charme donc je suis content de travailler ici.” Après… 31 ans à OHL. “J’ai commencé là-bas en tant que jeune joueur quand j’avais 8 ans. J’ai joué des U8 jusqu’en équipe première puis j’ai entraîné des U8 jusqu’en équipe première. Ici, c’est tout à fait différent mais c’est très agréable. J’ai découvert un staff qui est très professionnel. Pour l’instant, tout marche très bien.” Toujours sur le terrain, Joost Hendrickx est un homme d’action. “Je donne les entraînements avec l’entraîneur principal, en U18 et en U21. Je veux être un support pour le coach. Je suis quelqu’un qui aime apprendre de tout le monde et j’ai déjà beaucoup appris depuis que je suis arrivé ici. Les journées sont longues, on arrive tôt, on repart tard, on filme les entraînements, on découpe des images. Le foot, ce n’est pas seulement le terrain, il y a également tous les à-côtés. Mais comme je l’ai dit, c’est très agréable.”
Surtout lorsqu’on a une vision du football qui correspond en tout point à celle que le Standard essaye de mettre en place. “J’aime le football au sol, les mouvements, l’intensité dans les duels, la recherche de l’espace. Construire de l’arrière et mettre la pression haute a toujours été ma vision du foot. Pour moi, les résultats ne sont pas le but principal chez les jeunes, c’est la manière de jouer qui importe le plus. Mais si on travaille bien, évidemment, les résultats arrivent.”
“MPH m’a ouvert ses séances”
Stéphane Guidi travaille en étroite collaboration avec le staff de l’équipe pro. Depuis l’arrivée (ou plutôt le retour) de Michel Preud’homme au Standard en début de saison dernière, la collaboration entre l’équipe première et l’Académie est réelle. “On communique, dans le respect. Nous avons des points communs dans notre méthodologie de travail et on discute de temps à autre. Il nous a par exemple félicités après notre victoire au tournoi européen en Bretagne”, explique Stéphane Guidi, l’entraîneur des U21. “En début de saison passée, comme c’était l’introduction d’une nouvelle philosophie, j’avais beaucoup de contacts avec l’équipe première, avec Emilio Ferrera. Michel Preud’homme, qui s’était montré accueillant, m’avait, lui, ouvert les entraînements de l’équipe première. Il était au courant de tout ce qu’il se faisait et nous encourageait avant des matchs importants. Durant la saison, nous avons eu l’une ou l’autre séance commune avec des pros et des jeunes, le dimanche matin.” Ce qui a permis aux deux hommes de se connaître. “Je me souviens de cette phrase de Preud’homme, il nous avait dit : quand les jeunes auront compris comment on travaille, ce sera plus facile. Donc on a essayé de les faire maîtriser les principes pour éviter les différences, comme cela pouvait être le cas auparavant.”