Le retour au premier plan de Milos Kosanovic
Milos Kosanovic est revenu au premier plan cette saison sous les ordres de Michel Preud'homme.
- Publié le 16-03-2019 à 07h10
- Mis à jour le 16-03-2019 à 08h42
Olivier Renard, à l’origine de la venue de Kosanovic à Malines, commente le retour au premier plan du Serbe.C’est à Olivier Renard que l’on doit la présence de Milos Kosanovic dans notre compétition depuis l’hiver 2014. "C’était un de mes premiers transferts à Malines", se souvient l’ancien gardien. "Milos est à mes yeux un des meilleurs défenseurs gauchers du pays. Il dispose d’une qualité de frappe et de passe au-dessus de la moyenne."
En mai 2016, la blessure de Kosanovic a précipité l’arrivée de Kostas Laifis à Sclessin. "Si Milos ne se blesse pas, Kostas, que je suivais déjà du temps de Malines, n’arrive peut-être jamais au Standard", assure Olivier Renard.
C’est en début d’année 2017, après une première titularisation le 18 décembre 2016 à Genk où il délivrera un assist, que Milos Kosanovic retrouvera le onze de base. "Quand un joueur revient d’une si grave blessure, il a toujours besoin d’un temps d’adaptation pour retrouver son véritable niveau. De ce point de vue, je trouve que Milos n’a pas été jugé à sa juste valeur. Il n’était pas celui qu’il était avant sa blessure."
Malgré l’enchaînement des matchs depuis janvier 2017 avec 15 titularisations, Milos Kosanovic n’entre pas dans les plans de Ricardo Sa Pinto et une décision est prise en septembre 2017. "Vu l’éclosion de Laifis, on a décidé de prêter Milos à Goztepe. Avec le recul, je suis persuadé que ce prêt a été bénéfique car cela lui a permis de revenir à son niveau (21 titularisations). Aujourd’hui, je vois un Milos Kosanovic qui a retrouvé toute sa confiance en Turquie."
De retour de prêt, le Serbe a une nouvelle fois fait face à une rude concurrence avec Laifis, Luyindama et Vanheusden. "Ces quatre défenseurs centraux pouvaient facilement avoir leur place dans n’importe quelle autre équipe. Milos devait être frustré mais, en grand professionnel, il n’a rien montré et a continué à travailler dans l’ombre, attendant son heure."
Lors du défunt mercato, Kosanovic aurait pu quitter le club. "On a eu, avec Michel et lui, plusieurs entrevues. On a reçu des offres mais on les a toute jugées inférieures à sa juste valeur. Les clubs intéressés pouvaient dire qu’elles étaient correctes en regard du temps de jeu de Milos mais, nous, on sait qu’avec plus de temps de jeu, sa valeur va inévitablement augmenter."
Svetlana Kosanovic revient sur la terrible blessure de son mari survenue en mai 2016 contre Waasland-Beveren.
Le 7 mai 2016, le Standard affronte Waasland-Beveren pour le dernier match des PO2 devant 9 506 spectateurs à Sclessin. On joue la 25e minute de jeu lorsque Deni Milosevic, joueur prêté par le Standard à Waasland-Beveren, pousse malencontreusement Milos Kosanovic sur Guillaume Hubert. Le Serbe reste au sol et se tient le genou. Il sera soigné et reprendra le jeu. Quelques minutes plus tard, il s’écroule à nouveau et ne se relèvera pas.
Le verdict tombe le lendemain : rupture des ligaments croisés du genou gauche. "Milos venait d’être appelé par Slavo Muslin en sélection de Serbie. Le lendemain, Muslin l’appelait pour lui dire qu’il l’attendait au rassemblement. Milos venait de sortir de la salle d’opération…", se souvient Svetlana, la femme de Milos Kosanovic.
Ensemble depuis 11 ans et mariés depuis 2014, Milos et Svetlana ont surmonté cette épreuve à deux, ou plutôt à quatre. "20 jours avant l’accident, j’ai accouché de notre deuxième enfant, Lena (NdlR : le couple avait déjà donné naissance au petit Lazar un an auparavant)", lance Svtelana.
Le sourire est crispé et les yeux semblent se remplir de larmes. "C’était compliqué à vivre et encore aujourd’hui, j’ai du mal à en parler. Avec cette blessure, j’avais l’impression d’avoir trois enfants à la maison puisqu’il fallait également prendre soin de Milos (rires). On a surmonté cette épreuve tous ensemble. Je pense que cette période l’a rendu plus fort mais aussi d’un point de vue familial, cela a renforcé nos liens."
Le coup du sort était d’autant plus difficile à accepter que Kosanovic n’aurait pas dû être titulaire ce jour-là. "Normalement, il ne devait pas commencer. Arslanagic devait jouer et à l’arrivée, les plans ont changé. Étais-je fâchée ? Non. Vous savez, lorsque Milos passe le pas de la porte de la maison, il tourne le bouton et laisse le football derrière. Il ne m’explique pas souvent ce qui se passe hormis lorsque cela touche à un transfert et à un possible mouvement de notre famille."
Les premières semaines furent compliquées à vivre pour le clan Kosanovic. "Je ne voulais pas lui montrer que j’étais touchée pour ne pas rendre la tâche de Milos plus ardue. Me voir triste pour lui n’aurait rien arrangé", précise la femme du défenseur central.
Affecté, Milos Kosanovic formulait alors une demande délicate à son épouse. "Après un mois de revalidation, Milos n’était vraiment pas bien et il m’a avoué avoir du mal à se concentrer sur sa revalidation. Il m’a alors demandé de rentrer en Serbie avec les enfants et de le laisser seul à la maison. Cela n’a pas été facile de le laisser mais j’ai respecté sa volonté. C’était compliqué pour les enfants mais on comprenait qu’il devait se concentrer sur son retour et sa revalidation."
Malgré les difficultés, Milos Kosanovic n’a jamais tergiversé. "Il n’a pas douté car il travaillait énormément. Mentalement, il était fort. Je n’ai jamais douté de lui. Cette blessure l’a rendu encore plus fort. Après cette mésaventure, il est devenu encore plus professionnel. Il a pris l’habitude de prolonger les séances d’entraînement et a pris davantage attention à son corps."
Ce dimanche, alors qu’il a retrouvé un statut de titulaire après des mois de galère, Milos Kosanovic retrouvera Waasland-Beveren sur sa route avec un soutien de poids en tribune.
"Nous sommes extrêmement fiers de ce qu’il réalise et de le voir à nouveau sur le terrain. Dimanche, alors qu’elle n’a encore jamais mis un pied dans un stade, Lena sera présente à Sclessin. Le hasard a voulu que ce soit face à Waasland-Beveren club face auquel son papa s’est gravement blessé 20 jours après sa venue au monde."
"Il était nerveux quand il rentrait à la maison"
En début de saison dernière, Milos Kosanovic n’entrait pas dans les plans de Ricardo Sa Pinto. "C’était une nouvelle épreuve" , confie sa compagne. "Je le sentais souvent nerveux lorsqu’il rentrait à la maison. Ce n’était pas dans son habitude d’être comme ça. Souvent, il fallait le laisser seul dans la chambre durant 30 minutes pour tout évacuer. Je sentais bien qu’il n’était pas bien. Avec les enfants, on s’est davantage rapproché de lui pour qu’il se sente soutenu."
En septembre, le Serbe était finalement prêté à Goztepe. "J’étais heureuse de partir car cela signifiait que j’allais retrouver un mari heureux. Et de fait, il a retrouvé du temps de jeu et le sourire en Turquie."
Lors du dernier mercato, l’opportunité s’est à nouveau présentée de quitter Sclessin. "On est ici depuis longtemps et je me suis habitué à la vie en Belgique. Il y a eu des offres mais d’un autre côté, les enfants sont bien ici et c’était une bonne chose de rester encore quelques mois d’autant que je pense que Milos n’a pas encore terminé son travail au Standard."
Aleksandar Jankovic salue le retour aux affaires de son ancien défenseur.
"Milos revient de loin. Je suis vraiment heureux qu’il ait retrouvé un statut de titulaire car il le mérite. C’est un joueur qui peut apporter énormément au Standard." Les propos, pour le moins élogieux, sont signés Aleksandar Jankovic. Depuis la Chine où il a pris en charge l’équipe nationale U20, le coach serbe se tient au courant de l’actualité de son ancien club et de son compatriote. "Milos fait partie des joueurs avec lesquels j’ai gardé un bon contact", précise-t-il.
C’est à l’arrivée du défenseur à Malines en janvier 2014 en provenance de Cracovie que la collaboration entre les deux hommes a débuté. Rapidement, Jankovic est tombé sous le charme. "Milos est un joueur qui cherche constamment la bonne solution. Il a sans doute le meilleur pied gauche que j’ai connu dans ma carrière. Il sait renverser le jeu à 60 mètres, trouver des angles de passe au sol dans les intervalles à 30 ou 40 mètres sans compter le fait qu’il sait également marquer cinq à huit buts par saison et délivrer autant d’assists. Enfin, il peut évoluer dans une défense à trois, comme c’était le cas à Malines, à quatre ou à cinq avec la même efficacité."
Récemment, Michel Preud’homme a précisé que Milos Kosanovic avait l’étoffe d’un futur coach. "Je partage l’avis de Michel", lance Jankovic. "Milos est un joueur qui voit le match d’une façon différente des autres. Il lit et anticipe parfaitement le jeu. C’est un joueur qui sait avoir un impact sur le positionnement de ses équipiers et ainsi, le corriger. S’il se décide après sa carrière, il a inévitablement sa place dans le football."
Après l’avoir perdu en janvier 2016 avec son transfert au Standard, Jankovic retrouve Kosanovic à Sclessin en septembre de la même année mais le défenseur central campe à l’infirmerie après sa rupture des ligaments croisés. Jankovic se souvient : "Dans ces moments compliqués, il est resté professionnel et a bossé sans se plaindre. On ne l’a jamais entendu dire un mot de travers. Milos a gardé une attitude ultra-positive et cela lui a permis de revenir. C’est un garçon qui ne va rien laisser transparaître, que ce soit verbalement ou dans son attitude. Il s’est accroché et s’est fait violence alors que cela lui faisait mal d’être écarté de la campagne européenne de 2016. Milos est un vrai soldat et ça, c’est primordial pour un coach."
"Avec Milos, MPH a une arme spéciale"
Auteur de deux assists lors de ses deux dernières sorties, Milos Kosanovic prouve à Preud’homme qu’il a eu raison de lui faire confiance. "Ce n’est pas une surprise", lance Aleksandar Jankovic. "Le fait que Laifis élargisse son registre sur le flanc gauche est une bonne chose pour lui et pour Milos. Avec ce dernier dans son onze de base, Michel Preud’homme dispose d’une arme spéciale pour les PO1. Avec son pied gauche, il saura débloquer une rencontre fermée par un but sur coup franc ou un assist. Je lui souhaite d’en inscrire beaucoup et au Standard de réaliser des grands PO1."