Jean-François Gillet: "Je me sens déjà un peu entraîneur"
Deuxième dans la hiérarchie des gardiens, derrière Memo Ochoa, Jean-François Gillet (39 ans) va débuter les cours d’entraîneur avec un objectif : rester dans la structure du Standard après la fin de son contrat, en 2020.
- Publié le 08-01-2019 à 07h03
- Mis à jour le 08-01-2019 à 10h33
Deuxième dans la hiérarchie des gardiens, derrière Memo Ochoa, Jean-François Gillet (39 ans) va débuter les cours d’entraîneur avec un objectif : rester dans la structure du Standard après la fin de son contrat, en 2020. Il ne les compte plus, tellement il y en eut. "Je joue depuis que j’ai 17 ans. Donc, ça doit faire 22 stages, multiplié par deux, 44… Cela fait beaucoup", sourit Jean-François Gillet, confortablement installé dans le lobby de l’hôtel Guadalpin Banus. "Le premier, c’était au Sart Tilman. On ne partait pas à l’étranger, à l’époque."
Vingt-deux ans plus tard, c’est à Marbella que le Standard a pris l’habitude de déposer ses quartiers. Et ce n’est pas parce qu’il a 39 ans que Jean-François Gillet ne se donne plus à l’entraînement. Lundi matin, on l’a vu effectuer plusieurs superbes arrêts du bout des doigts, sur des frappes puissantes de ses équipiers, lors d’une opposition. Impressionnant.
Un entraînement pareil, ce n’est pas celui d’un retraité…
"J’ai toujours dit qu’à partir du moment où j’étais toujours compétitif, je continuais à me donner à fond. Le principal, c’est l’envie, c’est essayer de gratter quelque chose. Même si le physique n’est plus le même que lorsque j’avais 20 ans, dans ma tête, je suis encore à 100 %. J’ai toujours envie de me montrer, chaque jour. J’ai un rôle délicat, mais je me tiens prêt, physiquement et mentalement, à toute éventualité. Et si je glande tout le temps, ça ne va pas aller."
Cela demande une certaine fraîcheur d’esprit.
"Avec l’âge, je pourrais me relâcher un peu mais, moi, je suis dans une autre mentalité : dès l’instant où j’ai accepté la saison dernière de resigner, je ne peux pas, trois mois après, dire que cela ne va plus. Je n’ai pas accepté pour changer d’avis par la suite."
Donc, vous irez jusqu’au bout de votre contrat au Standard (2020) ?
"Oui, j’en ai l’intention. Il y a un rapport de confiance et de sincérité avec la direction. Je vais tout faire pour aller jusqu’au bout."
Cela pourrait aller plus loin ?
"Je n’en ai aucune idée, mais ça va être chaud quand même ( sourire ). Cela me fera 41 ans. Il faut voir comment j’arrive à ce moment-là. Si on m’avait dit que j’allais arriver jusqu’à 35-36 ans, ça aurait déjà été magnifique. J’ai la chance de continuer à faire un métier exceptionnel, dans de superbes conditions. Et cela me laisse aussi le temps aussi de réfléchir à l’après."
Réfléchir à quoi ?
"Je vais commencer les cours d’entraîneur, maintenant. Je vais d’abord passer l’UEFA B. J’ai un accord avec le club pour le faire. J’ai travaillé dans le foot toute ma vie, ce serait stupide de passer à côté de ces diplômes. Après, on verra ce que j’en ferais. Travailler avec les jeunes, ça me plairait peut-être bien, dans le noyau A, avec un autre rôle dans le club. J’en parlerai avec les dirigeants, mais le moment n’est pas encore venu. Je vis au jour le jour."
Rien n’est encore prévu ?
"On n’en a pas encore parlé. On est juste d’accord pour dire que j’allais commencer les cours pour ma possible reconversion dans le club. J’ai prolongé pour avoir un suivi au Standard. On a un accord avec Bruno Venanzi. Je vais faire le diplôme normal, aller jusqu’à la licence pro, parce que ça me permet d’être entraîneur, et pas que des gardiens."
Beaucoup de gardiens deviennent coach. Vous vous sentez déjà un peu coach ?
"J’ai eu énormément de coachs, j’ai vu énormément de choses, j’essaie de prendre le meilleur de chacun. Dans le vestiaire, je suis un coach, entre guillemets. Sans me mettre à la place de l’entraîneur, je peux donner mon avis, tant que c’est positif pour le club, pour le joueur, pour tout le monde."
C’est aussi pour avoir ce rôle-là que vous êtes resté.
"Oui. Même si je ne joue pas, je sens le respect du club, de la direction. Eux regardent aussi sur le plan humain, l’homme que je suis, le joueur, tout est pris en considération. Cela donne envie de tout donner pour que les résultats soient bons et ne pas m’asseoir dans mon fauteuil. J’aurais pu partir sur un coup de sang après avoir gagné la Coupe en disant ‘je peux encore jouer’. Mais, à 39 ans, on réfléchit autrement qu’à 30 ou 31. Il y a le sportif, mais pas seulement."
Cette saison, comment définir votre rôle ?
"Je suis toujours là pour donner des conseils. Si j’ai quelque chose à dire, je le dis, calmement, entre quatre yeux. J’essaie de comprendre tout le monde, même les plus jeunes. Il y a vingt ans, les jeunes n’avaient rien à dire mais, si je pense comme ça, ça n’ira pas. Donc, je rigole avec eux et je pense que ça les fait me respecter encore plus. J’essaie que ça se passe le mieux possible, qu’il y ait une bonne ambiance. Que les règles soient respectées car sans règles, simples et basiques, cela devient difficile. J’essaie que tout ça se passe pour le mieux et qu’il y ait un lien entre le staff et l’équipe. Au Standard, il y a besoin que ça prenne entre staff et joueurs."
Et là, ça a pris ?
"On a une excellente équipe, un excellent groupe. Le coach a fait un programme avec une philosophie de jeu qui peut durer sur le long terme. Au début, je pense que c’est normal, il faut toujours 5 ou 6 mois pour que la sauce prenne. Je crois que tout le monde bosse et est patient. On a les capacités. L’année passée, on est passé tout prêt du doublé. Et je pense que cette année, on peut aller loin en championnat. Il suffit de regarder notre effectif : trois joueurs ont été élus meilleurs joueurs de leur pays. J’espère que Mehdi sera bientôt récompensé ( en remportant le Soulier d’or) . Je lui souhaite. C’est du lourd, quoi. Il y a de belles perspectives et si quelqu’un devait partir, au top niveau, il serait remplacé à la hauteur et ceux qui viendront, on les remettra dans les mêmes conditions."
Il y a des envies de départ dans le groupe ?
"Non, je n’ai jamais entendu personne en parler. Même ceux qui ne jouent pas. Sur le banc, il y a une belle dynamique. C’est normal de râler un peu quand tu ne joues pas. Mais, dans la semaine, tout le monde est à fond. C’est aussi notre rôle, aux anciens, de donner l’exemple. En ce moment, Régi, Poco et moi, on ne joue pas. C’est comme ça. Mais on essaie de garder une attitude positive. Tirer la gueule et s’entraîner comme une merde, ce n’est pas un bon signal pour les jeunes. On a un rôle d’exemple. C’est aussi pour ça que le club est venu nous rechercher."
"Arnaud Bodart doit aller à 2 000 à l’heure"
Gillet a pris le jeune gardien sous son aile. "Je suis à fond derrière lui."
S’il y en a bien un qui peut témoigner du fait que Jean-François Gillet est déjà un peu un entraîneur, c’est bien Arnaud Bodart (20 ans), le troisième gardien du Standard. "Je parle énormément avec lui", ne cache pas Gillet. "Je le connais depuis qu’il est arrivé dans le noyau A. J’étais là à ses débuts. Et je suis à fond derrière lui. Il le sait."
Au quotidien, les deux hommes partagent d’ailleurs beaucoup de choses. "On s’entraîne bien. À chaque fois qu’il a un truc à me demander, il me le dit. Parfois, il me demande mon avis : tu penserais quoi si je fais ça ? Cela reste entre nous, il me fait confiance. Il sait qu’il peut." Faut-il parfois calmer son impatience ? "Non, il ne faut rien calmer du tout", rétorque l’ancien portier de Bari. Trévise ou du Torino. "Il doit aller à du 2 000 à l’heure. Il est jeune et grandit énormément. Le Standard croit énormément en lui. C’est un bon mec, la tête sur les épaules, un bosseur…"
Qui va devoir avoir ses premières minutes de jeu à un moment ou un autre. "C’est lui qui doit se sentir, avec le club, la meilleure solution possible à court terme et moyen terme. Pour qu’il prenne son envol et défende un jour, je l’espère pour lui, les buts du Standard." Et qui sait, ce jour-là, il aura peut-être Jean-François Gillet comme entraîneur. "Pourquoi pas", sourit ce dernier. "Parfois, on en rigole entre nous."