Fin du calvaire pour Oularé : "C’est un nouveau départ pour moi"
- Publié le 10-12-2018 à 06h58
- Mis à jour le 10-12-2018 à 08h15
Première titularisation et premier but (important) pour Obbi Oulare : c’est la fin de neuf mois de galère. Les circonstances lui auraient permis de prendre quelques secondes pour comprendre ce qu’il venait d’accomplir mais il a préféré demander à ses équipiers d’aller chercher le ballon au fond des filets pour rapidement reprendre le jeu. Pourtant, ce moment, juste avant l’heure de jeu, était important pour Obbi Oulare : bien lancé en profondeur par Collins Fai, il a parfaitement gardé son calme pour dribbler Kenny Steppe et permettre au Standard de décrocher une précieuse unité. "Je n’ai pas spécialement pensé à quelque chose après l’égalisation. J’ai juste eu l’impression d’avoir perdu quelques kilos car c’était beaucoup de poids qui tombait en quelques secondes. C’était comme une délivrance."
Ce but n’a rien de banal pour lui. Il vient officiellement mettre un terme à neuf mois de calvaire qui l’ont vu subir une importante opération à la hanche et enchaîner par une longue rééducation. À vingt-trois ans, il aurait pu se précipiter et accélérer ce processus de retour mais, pour une fois, il s’est donné le temps, celui de se débarrasser d’une douleur qui l’a trop longtemps handicapé et empêché de donner la pleine mesure de son talent. "C’est un nouveau départ pour moi", concède-t-il. "Ce but vient récompenser tous mes efforts sur le terrain mais aussi les huit ou neuf mois que j’ai passés avec Lieven Maesschalk puis le staff médical du Standard. Mais c’est aussi une façon de remercier les joueurs qui m’ont soutenu, même lorsqu’à mon retour, j’avais du mal à gérer ma hanche et je perdais des ballons. Ce soir, tout cela a payé."
Le buteur ne s’est pas contenté de réveiller le marquoir. En une rencontre, il a déjà fait étalage de tout ce qu’il pourrait apporter au Standard dans les prochains mois. Sa taille a permis à l’équipe de sauter une ligne pour prendre appui sur ses muscles, toujours solides malgré les duels avec les défenseurs adverses. Il n’a pas perdu ses qualités pendant sa rééducation, ce qui aurait été dommage car elles sont uniques dans le noyau liégeois. "Cela aurait été grave de perdre mon jeu en déviation car cela fait partie de mes qualités", sourit-il. "Ces neuf mois d’attente ont été longs mais je ne suis plus le même Obbi Oulare qu’à Bruges. Celui qui voulait jouer tous les matchs et pouvait être impatient. Maintenant, j’ai vingt-trois ans et je suis devenu papa. J’ai donc gagné en maturité et en calme."
Bien entendu, le géant de deux mètres n’est pas encore au maximum de ses possibilités. Il n’a pas perdu son flair de buteur, mais sa condition physique doit grandir au fil des semaines. Samedi soir, il a quelque peu baissé le nez lors des dernières minutes, de plus en plus en difficulté face aux efforts physiques que la physionomie de la rencontre l’obligeait à réaliser. "Je dois bien reconnaître que le dernier quart d’heure a été compliqué car j’ai dû faire beaucoup de courses, défensives et offensives. Initialement, je pensais que j’allais avoir des crampes à l’heure de jeu mais, finalement, je me suis bien senti en début de seconde période. À un moment, le coach m’a demandé comment je me sentais et je lui ai répondu que tout allait bien. Mais cinq minutes plus tard, j’étais dans le dur (sourire) . En plus, ce terrain synthétique ne m’a pas aidé car avec la pluie, il était glissant, ce qui complique les appuis pour un grand gabarit comme moi. On peut même dire que c’était le pire match pour reprendre. Mais je n’ai pas envie de chercher d’excuse, cela fait tant de mois que j’attendais ce moment précis."
C’est surtout ces dimanche et lundi qu’Obbi Oulare ressentira les effets secondaires de ses efforts. "On verra ce que mon corps me dira", sourit-il.
Il accompagnera le reste du groupe à Akhisar, ce mardi matin, mais enchaîner une deuxième titularisation semble compliqué pour lui. Là n’est pas le plus important car c’est essentiellement après le prochain stage hivernal qu’il entrera en ligne de compte pour une place récurrente dans le onze de base. Et cela, Michel Preud’homme en est bien conscient. "Avec le coach, on se connaît et on ne se parle pas beaucoup. Ce n’est pas nécessaire car je sais ce qu’il attend de moi et lui me fait confiance. Oui, il a parfois gueulé quand je perdais un ballon mais ça, c’est normal et tout le monde y a droit", terminait-il avec un large sourire. Celui d’un homme qui peut, de nouveau, faire son boulot. Et sa passion.
Michel Preud'homme: "une arme supplémentaire"
Le coachdes Rouches était ravi de son attaquant: "Obbi Oulare est l’une des satisfactions de ce match, de notre côté. Je connaissais déjà ses qualités, d’autant qu’il les montrait à l’entraînement, mais, ce samedi soir, il a énormément travaillé tout en étant capable de tenir les nonante minutes. Je dois bien avouer que je ne m’y attendais pas vraiment mais cela démontre que le travail avec le staff médical et le préparateur physique a porté ses fruits. Pour nous, c’est bien entendu une arme supplémentaire et c’est bien pour cette raison que j’ai insisté pour l’acheter lors du dernier mercato estival.”
Maxime Lestienne: "sa prestation ne m'a pas surpris"L'ailier liégeois n'est pas étonné par le niveau de jeu affiché par Obbi Oularé: Il nous a bien aidés en gardant le ballon mais, très honnêtement, sa prestation ne m’a pas surpris. J’ai déjà joué avec lui à Bruges, ce qui m’a permis de connaître ses courses… même s’il en faisait moins en fin de match car il était fatigué (sourire) . Par rapport à cette période brugeoise, je trouve qu’il a progressé et, surtout, qu’il a gagné en maturité. Il a énormément travaillé pour décrocher cette première titularisation, j’espère maintenant que cette performance va le délivrer et lui permettre d’oublier tous les moments difficiles qu’il vient de traverser. En forme, ce sera un atout pour notre équipe.”
Alexis de Sart:" important pour n'importe quelle formation du royaume"Adversaire et ancien coéquipier d'Oularé, Alexis de Sart est heureux pour lui: "Je connais bien Obbi car nous avons joué ensemble chez les jeunes au Standard mais aussi en équipe nationale. Je sais donc de quoi il est capable sur la pelouse et face à nous, il a démontré pourquoi il allait être important pour cette équipe liégeoise, comme il le serait pour n’importe quelle formation du royaume d’ailleurs. Moi, il me fait penser à Wesley de Bruges car il est grand, costaud et sait garder un ballon. Quand le Standard était en difficulté, il pouvait mettre un long ballon vers Obbi pour permettre à tout le bloc de remonter. C’est important d’avoir un tel profil dans son noyau. Je suis content pour lui… mais un petit peu moins qu’il ait marqué contre nous (sourire) .”