Eliaquim Mangala analyse le Standard actuel:"Faites vibrer Sclessin et ne regrettez rien"
Voici le conseil d’Eliaquim Mangala, qui avait également réalisé une fameuse remontée en 2011, aux Standardmen actuels.
- Publié le 12-05-2018 à 11h01
- Mis à jour le 12-05-2018 à 11h08
Voici le conseil d’Eliaquim Mangala, qui avait également réalisé une fameuse remontée en 2011, aux Standardmen actuels. "Quand le ballon touche les filets de Courtois, je me dis que j’offre le titre au Standard, mais…" Sept ans plus tard, Eliaquim Mangala se souvient encore avec exactitude du match pour le titre à Genk.
"C’était il y a sept ans, et vous m’appeler pour m’en parler. Cela mesure la grandeur de l’exploit accompli", lance l’international français, actuellement en revalidation à Barcelone.
Si tout le monde se remémore ce parcours presque parfait, c’est surtout parce que celui des Rouches actuels y ressemble à s’y méprendre. "C’est une remontée fabuleuse que les Liégeois opèrent en ce moment. Je suis très heureux d’autant que j’ai encore pas mal de potes dans cette équipe. Je pense forcément à Mehdi mais aussi Réginal, Poco ou même Mpoku et Edmilson que je connaissais. J’ai suivi le Clasico de jeudi soir, c’était incroyable. Maintenant, tout est encore possible."
Eliaquim Mangala prend ensuite quelques secondes de réflexion. "Attendez, donc Bruges vient à Sclessin avant de recevoir Gand ? Et pourquoi les Gantois ne pourraient-ils pas prendre un point aux Brugeois ? Je le répète, tout est faisable en football."
En 2011 comme en 2018, l’appétit des Standardmen était venu en mangeant. "C’était un truc de dingue. De ce premier match à Anderlecht avec une équipe de remplaçants, je ne parlerai jamais d’équipe B car tout le monde avait son importance dans ce groupe, jusqu’au match pour le titre et l’accident de Mehdi qui, j’en suis persuadé, a influé sur le résultat final, c’était incroyable." Il y a sept ans, Mangala a pleinement savouré ces moments de grâce et c’est également le conseil qu’il adresse aux hommes de Ricardo Sa Pinto.
"Ils ont d’ores et déjà remporté les playoffs 1, comme nous à l’époque. Avec la Coupe en poche, tout le reste, ce n’est que du bonus. Même s’il y a encore des chances pour le titre et que la Ligue des Champions est au bout du chemin, il faut que les Liégeois savourent ces moments. Raviver la flamme dans le cœur des supporters, les meilleurs du pays, voir leurs yeux briller à la faveur de l’enchaînement des bons résultats, cela n’a pas de prix. Les joueurs doivent profiter et surtout ne rien regretter. Dimanche contre Bruges, ils doivent tout donner et faire vibrer Sclessin."
À anderlecht, les Rouches ont poussé la comparaison avec leurs aînés de 2011 très loin en s’imposant sur le même score (1-3). "Quel souvenir mémorable. Ce jour-là, comme souvent d’ailleurs, le discours de Sergio Conceição avait été capital. Il avait trouvé les mots. Sergio, qui s’entraînait toujours avec nous, était toujours animé de la même rage de vaincre qui l’habitait en tant que joueur. Il nous poussait à nous dépasser et c’est ce que les gars avaient fait ce soir-là."
Quelques semaines plus tard, lors de la 7e journée, le Standard écartait… le Club de Bruges de la course au titre. "Ah ce but d’Axel Witsel (NdlR : une frappe des 20 mètres en pleine lucarne, élue, quelques semaines plus tard, but de l’année), quelle folie c’était. Le stade avait tremblé suite à ce but de fou ! Je souhaite la même chose ce dimanche au Standard et que Sclessin tremble comme il l’avait fait ce soir-là", lance Eliaquim Mangala.
L’international français revient ensuite sur cette ultime rencontre pour le sacre à Genk.
"On était vraiment injouable cette année-là. Huit victoires et deux partages avant ce match, c’était fabuleux. Mais honnêtement, la blessure de Mehdi nous a mis un KO émotionnel. On ne pensait plus qu’à lui. Encore aujourd’hui, je suis persuadé qu’avec Medhi, on prenait ce titre. D’un point de vue personnel, c’est vrai que je pensais avoir offert le titre au Standard avec mon but, mais l’égalisation de Kennedy a tout anéanti."
Ce soir-là, Mangala et les siens étaient tombés sur un Thibaut Courtois en état de grâce.
"Il a montré, face à nous, qu’il avait toutes les aptitudes requises pour devenir un des meilleurs au monde à son poste. Et je ne suis pas surpris qu’il ait réussi. Les grands joueurs répondent présent dans les grands rendez-vous, c’était le cas de Thibaut, malheureusement pour nous. La plus grosse désillusion de ma carrière reste assurément cette finale de l’ Euro 2016, mais ce titre perdu arrive juste après. Car on l’avait touché ce trophée, il nous tendait les bras, mais au final, on n’a pas été récompensé. Après quelques jours, on avait digéré la déception et la fierté du parcours accompli avait pris le pas sur le reste."
Son pote Réginal Goreux: "20 ans au club : on ne pourra jamais lui enlever ça"
Ce mardi, la direction du Standard a prolongé le contrat de Réginal Goreux jusqu’en 2020 malgré le faible temps de jeu de l’Haitien (91 minutes). Cette prolongation vient récompenser un engagement à toute épreuve du latéral droit qu’Eliaquim Mangala a fort bien connu. "Depuis le centre de formation, il jure fidélité au club (NdlR : il a quitté le Standard pour la Russie avant de revenir), je trouve ça beau. Il en est à sa 20e saison au Standard et ça, on ne pourra jamais le lui enlever. Malgré des moments difficiles, il est toujours là et Régi est très important pour la vie du vestiaire. Je suis content pour lui. Nous sommes d’ailleurs toujours en contact à ce jour."
Goreux et Mangala ont débuté en équipe première à quelques mois d’intervalle. L’international français se souvient d’un jeune latéral droit qui n’avait pas froid aux yeux. " Régi était déjà un leader à cette époque, il en avait l’âme. Il n’a jamais eu peur de dire ce qu’il avait sur le cœur. Aujourd’hui, le club lui rend la pareille avec ce nouveau contrat."
"Edmilson incarne le futur de la Belgique"
Depuis Barcelone où il est en rééducation, Eliaquim Mangala continue à être attentif aux résultats des Rouches. Le Français est impressionné par la trajectoire prise par le gamin qui partageait la même cour d’école que lui à l’IPES de Seraing.
"Edmilson Junior a bien digéré ses débuts en tant que pro", constate-t-il. "Il a un potentiel énorme. Cette qualité de dribble, il l’a toujours eue, déjà à l’école où il était quelques classes en dessous de moi. Depuis le début des playoffs 1, il répond présent à pratiquement chaque match en étant décisif. C’est à cela qu’on reconnaît les grands joueurs, ceux qui décident d’un match. Maintenant, il sera intéressant pour lui de franchir un palier."
Un palier que le Belgo-Brésilien pourrait bien franchir en Liga. "C’est un championnat qui lui irait bien, c’est certain", assure le Français. "Avec ses qualités techniques, il a besoin d’intégrer une équipe joueuse. Il peut se donner les moyens d’arriver en Liga."
Le rêve d’Edmilson Jr, c’est également les Diables. "Pour la Coupe du Monde, cela risque d’être un peu juste vu la concurrence à son poste. Mais Junior incarne le futur de cette équipe nationale. Une sélection ne serait que justice car il le mérite."
"Le Standard a lancé ma carrière"
En 2011, Mangala quittait Sclessin dont il n’a gardé que de bons souvenirs.
Le 3 décembre 2008, le public liégeois découvre, furtivement, un jeune médian défensif issu du centre de formation : Eliaquim Mangala. Ce soir-là, le Standard dispose facilement de la Sampdoria en Coupe Uefa (3-0) et le jeune Eliaquim Mangala remplace, en toute fin de match, un certain Milan Jovanovic.
Le Français s’imposera ensuite rapidement pour finalement disputer 100 matches sous le maillot liégeois. L’international revient sur son passage à Sclessin en plusieurs points.
Ce que le Standard représente : "Énormément de choses. C’est le club qui a lancé ma carrière professionnelle. Je lui dois énormément. Évidemment, sans travail, on peut vous mettre toutes les plus belles infrastructures du monde à disposition, vous n’arriverez nulle part. Mais le Standard a contribué à ce que je suis aujourd’hui. Si j’ai été champion à Porto et à Manchester City, c’est en partie grâce à ma formation au Standard. C’est aussi lorsque j’étais à Sclessin que je suis devenu international espoir français et aujourd’hui, j’ai vécu une Coupe du Monde et un Euro ."
Sa 1re titularisation : "C’était à Sclessin contre Dender, je pense (3-2). Je passais de la réserve, où je jouais devant mes parents et mes amis, à l’Enfer de Sclessin et ses 25.000 socios. C’était la folie. J’avais pris place sur le couloir gauche suite au départ de Dante en Allemagne. Après seulement trois minutes de jeu, je délivrais mon premier assist pour Milan (Jovanovic) . C’était comme dans un rêve !"
Lazslo Bölöni : "C’est lui qui m’a fait monter en pro car Marouane Fellaini venait de signer à Everton dans les dernières heures du mercato estival. Le club n’avait plus le loisir de se retourner et c’est dans l’Académie qu’il a puisé. Mais je n’ai que très peu joué à mon poste. Papa Laszlo , c’est comme ça que je l’appelle, m’a fait redescendre en défense centrale. J’y ai énormément appris aux côtés de Momo Sarr qui a été mon guide au même titre que Gucci Onyewu. Si je réalise cette carrière de défenseur central, c’est à Laszlo Bölöni que je le dois."
1er but en Ligue des Champions : "Là encore, c’était comme dans un rêve face à Arsenal. Je m’en souviendrai toute ma vie. Je resterai d’ailleurs à jamais le premier joueur de l’histoire du club à inscrire un but en phase de poules de la Ligue des Champions. Dans 20 ans, on retiendra encore mon nom (rires) . À l’arrivée, on avait perdu 2-3 car Arsenal s’était réveillé après le repos…"
L’Enfer de Sclessin : "J’aimerais revenir un jour. Que ce soit pour un coup d’envoi ou même un match, en Ligue des Champions peut-être. Retrouver l’ambiance de Sclessin, ce serait génial. J’ai joué dans de beaux stades, mais je serais incapable de vous en citer cinq dans lesquels l’ambiance était plus bouillante qu’à Sclessin. J’ai rarement autant vibré dans un stade."