Edmilson : "Je n’ai pas choisi le Qatar pour signer dans six mois à Anderlecht"
Edmilson Junior revient sur son départ du Standard et met les choses au point
- Publié le 07-08-2018 à 06h38
- Mis à jour le 07-08-2018 à 07h26
Edmilson Junior revient sur son départ du Standard et met les choses au point. Il aurait pu être l’arme fatale de Michel Preud’homme ce mardi soir contre l’Ajax, mais il en a décidé autrement. "Le Standard reste le club de mon cœur, c’est chez moi."
C’est par cette déclaration (d’amour) qu’Edmilson Junior a pris congé de Sclessin le 22 juillet dernier. Junior a dit au revoir au Standard de Bruno Venanzi pour rejoindre l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al Thani, et son club d’Al Duhail qui n’a d’autre ambition que de remporter la Ligue des Champions asiatique.
Pourquoi ce choix ? "Il a privilégié l’argent au sportif", regrettaient nombre d’observateurs et de supporters. "Il va signer à Anderlecht dans six mois", balançaient ses détracteurs. Ou encore : "Il a foutu sa carrière en l’air."
En quelques heures, la décision d’Edmilson Junior a suscité un torent de réactions. Depuis Doha, l’ancien Standardman a tenu à répondre à ses détracteurs.
Junior, racontez-nous d’abord comment se passent vos premiers pas au Qatar ?
"Chaudement (rires) . Ici, il fait entre 45 et 50 degrés. On s’entraîne toujours en soirée pour éviter les pics de chaleur mais il fait tout de même 38 degrés. C’est dur à supporter mais mes nouveaux coéquipiers m’ont dit qu’après un petit temps d’adaptation, je finirai par m’y faire."
Quel accueil vous a-t-il été réservé à votre arrivée ?
"Il était très chaleureux. Je suis tombé dans la meilleure équipe du pays. Tout le monde est aux petits soins pour moi et je me sens déjà comme un poisson dans l’eau. Il y a sept à huit joueurs qui parlent français plus deux Brésiliens. Les kinés sont également brésiliens sans parler du coach, ancien sélectionneur de la Tunisie au Mondial, donc je ne suis pas dépaysé."
Vous vivez toujours à l’hôtel ?
"Oui mais j’ai trouvé un penthouse dans le quartier le plus agréable à vivre de Doha, T he Pearl (NdlR : une île artificielle) . Ici, c’est le futur. Le Qatar, c’est un autre monde. Les stades sont déjà magnifiques aujourd’hui; je n’imagine pas ce que ce sera en 2022. Les pelouses sont d’une rare qualité. J’ai joué la Supercoupe (NdlR : la Coupe Sheikh Jassim perdue aux tirs au but) sur un véritable billard."
Jouer sous une chaleur accablante ne vous fait pas peur ?
"C’est vrai que, pour mon premier match, j’ai souffert. Mon style de jeu implique une débauche importante d’énergie vu que je défends beaucoup. En Belgique, je faisais partie de ceux qui courraient le plus. Pour mon premier match, j’étais cuit après 50 minutes mais ça va venir. Je suis tout de même satisfait de mon match avec un assist ."
Le stade était quasiment vide; il va falloir vous y habituer.
"C’est vrai que cela change des ambiances qui règnent à Sclessin. Mais j’ai signé en connaissance de cause. Je sais qu’il n’y a parfois que 20 à 30 personnes dans un stade ici. Mes coéquipiers m’ont dit que c’était déroutant au début mais qu’il fallait que j’aille puiser la motivation ailleurs. C’est donc ce que je ferai pour être toujours au top ."
Champion du Qatar, Al Duhail se veut ambitieux...
"Le titre est évidemment un objectif mais, cette saison plus que jamais, les propriétaires veulent remporter la Ligue des Champions asiatique. On jouera le quart de finale aller fin du mois contre une équipe iranienne (Persepolis) . Le retour s’annonce bouillant car ils jouent devant 100.000 fans. Je suis venu ici pour remporter cette compétition qui pourrait alors nous permettre de disputer la Coupe du Monde des clubs."
Ça, c’est l’aspect sportif mais on vous critique surtout pour avoir privilégié l’aspect financier. Comprenez-vous ce flot de commentaires négatifs suite à votre départ ?
"Oui. Mais je me dis ceci : tous les observateurs et supporters qui me critiquent n’auraient jamais refusé une telle offre s’ils avaient été assis à ma place lorsque j’étais à la table avec les dirigeants d’Al Duhail. C’est le genre d’opportunité qui ne se refuse pas. Oui, j’ai 23 ans, je suis jeune, mais je mets toute ma famille à l’abri. En tant que footballeur, on rêve tous des plus grands clubs d’Europe mais il faut également savoir rester réalistes et saisir la chance quand elle se présente. Vous savez, lorsque j’ai joué en Supercoupe contre Bruges, tout était réglé avec le Qatar. J’aurais ainsi pu lever le pied, faire le petit con et ne pas m’engager. J’ai prouvé, comme à chaque fois, que j’étais entier en me donnant à fond. On ne peut pas plaire à tout le monde et j’en profite également pour remercier les supporters qui m’ont offert leur soutien. Je n’oublie pas le Standard et c’est avec plaisir que je reviendrai un jour pour donner un coup d’envoi, par exemple."
Ce que certains redoutent, c’est que vous ne signiez à Anderlecht comme l’a fait Imoh Ezekiel avant vous.
"Déjà, j’ai signé dans le meilleur club qatari qui a des projets et des attentes sportives élevées. Je ne me suis pas engagé avec un fonds d’investissement qui va me prêter un peu partout. J’ai paraphé un contrat de quatre ans et je compte bien l’honorer jusqu’à son terme. Pour ce qui est d’Anderlecht, cela me fatigue d’entendre ça. Que les choses soient bien claires : je ne suis pas venu au Qatar pour signer à Anderlecht dans six mois ! Si j’avais dû aller à Anderlecht, je l’aurais fait directement."
Était-ce envisageable ?
"Pas du tout. Je sais qu’il y a eu toute cette polémique autour de la visite de mon père à Neerpede. Vous savez, je me suis fortement disputé avec lui à ce sujet, durant deux jours. Je lui en voulais de s’y être rendu sachant très bien que cela allait générer des rumeurs idiotes car il n’y a jamais rien eu entre Anderlecht et moi, rien du tout."
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous allez briser votre carrière au Qatar ?
"Que je ne suis pas venu ici pour glander ! Je m’entraîne dur et le niveau est, contrairement à ce que l’on peut croire, plutôt élevé. Le matin, je vais à la salle de musculation et je m’entretiens. Les staffs sont compétents ici aussi hein… Regardez Paulinho : il a signé en Chine et cela ne l’a pas empêché de s’engager ensuite avec Barcelone. Le dernier exemple en date est celui de Witsel (NdlR : dont le transfert n’est pas encore entériné) . Ces joueurs n’ont pas vu leur niveau baisser dans une compétition que certains qualifiaient pourtant de mouroir pour eux. C’est pareil pour moi; je ne suis pas ici pour tomber dans l’oubli."
"J'ai reçu des offres d'Arabie et des Emirats"
Edmilson Junior était très courtisé. Il a également discuté avec Porto, la Real Sociedad et la Fiorentina
Avec seulement un an de contrat restant et une fin de saison en boulet de canon (sept buts, trois assists et un penalty provoqué en PO1), Edmilson Junior était un homme convoité ces dernières semaines.
Le Belgo-Brésilien de 23 ans a d’ailleurs reçu des offres des quatre coins du globe. "C’était le cas en Arabie saoudite mais également aux Émirats. Ce n’était pas vraiment une option pour moi. Le Qatar reste tout de même un pays davantage ouvert", commente-t-il.
L’ancien Standardman a également eu des discussions avec trois clubs européens : le FC Porto de Sergio Conceição, la Real Sociedad et la Fiorentina. Compte tenu de sa situation contractuelle, Edmilson Junior a également été approché par plusieurs intermédiaires qui ont tenté de profiter de cette situation.
"C’était gratifiant pour moi de voir que de telles écuries me désiraient. Cela prouve que je n’ai pas perdu mon temps et que mon travail a fini par payer. C’est, en quelque sorte, une fierté pour moi."
Mais c’est finalement le Qatar et Al Duhail qui raflaient la mise. "Les premiers contacts remontaient au début de la semaine de la Supercoupe (vers le 16 juillet) . C’est vrai qu’à Porto, j’aurais pu disputer la Ligue des Champions. C’était un choix difficile mais ce que m’offrait Al Duhail, aucun autre club n’était en mesure de le faire. Comme je l’ai déjà dit, j’ai des ambitions avec ce club et je veux l’aider à remporter la Ligue des Champions asiatique."
En début de saison, dans une interview, Bruno Venanzi avait pourtant déclaré être prêt à ne pas lâcher Edmilson Junior cet été quitte à le voir partir pour rien dans un an. De quoi avoir peur de ne pas pouvoir partir ?
"Jamais. Bruno Venanzi et Olivier Renard ont été exemplaires et je les en remercie. Ils ont compris ma volonté. Je voulais partir; c’était le moment pour moi. Il ne rimait à rien pour le Standard de me garder. Aujourd’hui, je suis heureux et le club a reçu une indemnité donc tout le monde est content. Je n’oublierai pas ce que le président Venanzi a fait pour moi; c’est grâce à lui que j’ai pu évoluer dans le club de mon cœur, le Standard."
"Cela va vite à l'entrainement"
Au Qatar, Edmilson Junior découvre un autre style de jeu. "C’est bien moins physique qu’en Belgique et davantage axé sur la technique", assure-t-il.
Le Belgo-Brésilien balaye d’un revers de la main la croyance qui veut que le niveau du championnat est extrêmement faible. "J’ai constaté de la qualité au niveau technique. Cela joue en une ou deux touches de balle. À l’entraînement, ça va très vite. Il y a pas mal de petits gabarits très vivaces et doués techniquement. Dans ce championnat, je vais également affronter des joueurs comme Nigel De Jong ou encore Wesley Sneijder."
Edmilson Junior évoque également son coach, Nabil Maâloul, qui, comme lui, est nouveau au club. "C’est un excellent coach qui a tout de même réussi à amener la Tunisie au Mondial; ce n’est pas rien."
Ce qu'Edmilson Junior pense de
1. L'exclusion de Mehdi Carcela: "C’est vraiment abusé”
Edmilson Junior a donc assisté, impuissant, vendredi dernier à l’exclusion de son pote, Mehdi Carcela. “Franchement, c’est abusé. Tout le monde sait que Mehdi est un bon gars; jamais il n’y va pour faire mal à son adversaire.”
Comme lui quelques semaines plus tôt, Mehdi Carcela a été critiqué pour son retour tardif à l’entraînement. “Mais lorsqu’il est monté à Waasland, c’était déjà oublié si on en croit l’ovation qu’il a reçue. Ce n’est pas une semaine de congé supplémentaire qui va tout changer. Mehdi reste le meilleur joueur du championnat.”
2. Ricardo Sa Pinto “Parfois compliqué, mais je le remercie” On le sait, Edmilson Junior et Ricardo Sa Pinto ont parfois entretenu des rapports conflictuels mais le Belgo-Brésilien reste reconnaissant envers le Portugais. “C’est vrai que c’était parfois compliqué mais je ne vais jamais l’oublier. Au contraire, je le remercie car si j’ai réalisé de tels PO1 , c’est aussi grâce à lui. Avant les matches, par son discours, il nous transcendait et nous donnait envie de manger le ballon. Tu n’avais même pas besoin de t’échauffer tellement tu étais bouillant. J’avais besoin de ça. Il me parlait beaucoup et je ne l’oublierai pas.”
3. Orlando Sa: “Il m’a envoyé des messages pour que je reste”
La saison dernière, Edmilson Junior a adressé un bon nombre d’assists à son compère préféré, Orlando Sa. Les deux hommes se seront finalement croisés cette saison puisque le Portugais est revenu au moment du départ du Belgo-Brésilien. “Il m'a envoyé des messages pour que je reste. Je lui ai dit que c’était le foot. Après tout, lui aussi m’a laissé la saison dernière pour aller en Chine (rires). Plus sérieusement, avec Maxime Lestienne, Polo Mpoku et Mehdi Carcela, il va en recevoir des galettes (sic).”