Cavanda, le mal aimé du public liégeois: "Il doit s’ouvrir aux supporters", lui conseille Mujangi Bia
Mujangi Bia, qui avait aussi entretenu des rapports conflictuels avec le public liégeois, donne des conseils au latéral droit.
- Publié le 02-04-2019 à 05h40
- Mis à jour le 02-04-2019 à 09h42
Mujangi Bia, qui avait aussi entretenu des rapports conflictuels avec le public liégeois, donne des conseils au latéral droit. "J’ai besoin qu’on m’aime. Mais personne ne comprend ce que j’espère et ce que j’attends. Qui pourrait me dire qui je suis ? Et j’ai bien peur, toute ma vie, d’être incompris car aujourd’hui : je me sens mal aimé." Les paroles signées Claude François en 1974 semblent, 45 ans plus tard, coller à la peau de Luis Pedro Cavanda, le mal aimé du public liégeois.
Depuis son arrivée en bord de Meuse, en 2017, le Verviétois ne cesse d’être pris à partie par ses supporters. Ces derniers lui reprochent notamment ses prises de risque, comme au Cercle Bruges où il offre le but aux Brugeois, mais également son attitude un peu désinvolte et nonchalante.
"Je ne peux pas plaire à tout le monde" , lançait le latéral droit après la rencontre.
Buteur vendredi dernier contre l’Antwerp et impliqué dans l’égalisation, Luis Pedro Cavanda a répondu aux sifflets de la meilleure des manières.
"Quand on te colle une image, c’est difficile de la changer mais c’est un challenge que j’entends relever" , ajoutait-il.
Avant lui, d’autres Standardmen ont entretenu une relation d’amour-haine avec les très exigeants fans liégeois. C’était notamment le cas de Geoffrey Mujangi Bia.
L’ancien joueur de Lokeren était souvent ciblé par les supporters pour les mêmes raisons que l’actuel latéral droit des Rouches. "C’était dur à vivre , se souvient le médian offensif. Cela n’a pas joué sur mes prestations mais à chaque fois que je montais sur le terrain, je me disais que je n’avais pas le droit à l’erreur. Je devais être fort car j’allais livrer une sorte de combat."
Pour Geoffrey Mujangi Bia, le point de non-retour est atteint en octobre 2014 lorsque certains supporters l’ont attendu à la sortie du parking des joueurs suite à la défaite face à Zulte-Waregem (1-2), qui avait provoqué bon nombre de débordements ainsi que le licenciement de Guy Luzon.
Après cet épisode malheureux, Geoffrey Mujangi Bia avait pris les devants en sollicitant une rencontre avec les Ultras liégeois. "Je devais faire le pas. On a discuté et tout le monde connaît la suite. J’ai alors su que, derrière ces sifflets, il y avait des fans qui supportaient l’équipe. Je ne réclame pas les encouragements mais je fais partie d’une équipe et il faut tous nous encourager" , nous confiait-il à l’époque.
Quelques années plus tard, Mujangi Bia se félicite encore d’avoir pris cette décision.
"Après cette réconciliation, j’étais encore plus fort et performant car avoir un tel public derrière toi, cela te donne des ailes", ajoute celui qui, en trois ans sous le maillot rouche, a disputé 117 matchs, inscrit 30 buts et délivré 29 assists.
Pour le dernier match de playoffs 1 de la saison 2014-2015, Mujangi Bia avait eu le plaisir d’entendre tout le stade scander son nom. "Un élément offensif, à condition d’être efficace, peut plus facilement changer la donne lorsqu’il est en difficulté avec son public" , précise Mujangi Bia en faisant référence au cas de Luis Pedro Cavanda.
L’ancien Standardman donne d’ailleurs un conseil à l’actuel latéral droit. "Sans connaître l’ampleur du problème, je ne peux que lui conseiller de ne pas se braquer et, au contraire, s’ouvrir aux supporters en faisant un pas vers eux. Luis Pedro a marqué la semaine dernière, il est offensif et dispose de toutes les qualités requises pour être aimé par ce fabuleux public. Le Standard est dans une bonne période ; c’est le moment idéal pour lui d’inverser la tendance !"
“Luis Pedro doit être moins nonchalant”
S’il ne se considère pas comme une cible, Luis Pedro Cavanda est pourtant régulièrement pris en grippe par ses supporters. Pour Mario Bronckaerts, ces critiques trouvent leur source dans l’attitude du back droit. “Il a connu beaucoup de hauts et de bas, tout en se montrant nonchalant et en commettant des erreurs”, observe le président de la Famille des Rouches.
Ce dernier regrette toutefois la manière dont les supporters ont pris à partie le Verviétois. “Je n’accepte pas qu’on siffle ses propres joueurs. Il ne faut pas oublier que ce sont des êtres humains et qu’il peut y avoir des détails extra-sportifs qui influencent leurs prestations.”
Pour le président de la FDR, la réaction de Cavanda après son but “est la preuve que les sifflets ont eu un impact psychologique”.
Voilà peut-être dans cette prestation le déclic qui lui manquait pour s’imposer dans le cœur des fans, qui comptent aussi sur davantage de constance. “On attend de Luis Pedro qu’il mouille le maillot avec fierté et qu’il se montre moins nonchalant.” Cavanda l’a en tout cas promis. “Je donnerai le meilleur de moi-même.”
Avant un départ à la Bia ? “Je lui souhaite de grands playoffs, et peut-être une standing ovation”, ponctue Mario Bronckaerts.
Eux aussi ont essuyé les sifflets du public
Avant Luis Pedro Cavanda, d’autres Standardmen ont été pris pour cible par leurs fans.
Lukunku : six ans sous le maillot rouche, 145 matchs, 53 buts et 11 assists. Pourtant, Ali Lukunku n’a pas toujours reçu les faveurs du public liégeois qui a souvent éprouvé du mal à lui pardonner certaines occasions manquées. Lukunku fut sifflé à plus d’une reprise par ses supporters. "Certains supporters m’ont sifflé et insulté quand ça ne tournait pas pour moi. D’autres m’ont encouragé quand ça rigolait. Je n’ai donc rien de spécial à leur dire" , précisait-il avant son départ en 2002 (il reviendra en 2006).
Goreux : véritable club-man avec 21 années de présence à Sclessin, Régi a également dû subir les foudres de Sclessin. Tout au long de son parcours, il a essuyé, à certains moments, des sifflets et des railleries. "En me sifflant, c’est le maillot qu’ils sifflent" , regrettait-il en décembre 2012.
Batshuayi : pour son dernier match sous le maillot rouche en PO1 contre Genk, alors que le Standard passe à côté d’un titre qui lui tendait les bras, Michy Batshuayi est conspué par tout le stade car le Diable rouge cherchait à tout prix à marquer afin de terminer meilleur buteur du championnat.