A la rencontre d'Edmilson Junior au Qatar: "Il n’est pas question que je parte"
L'ancien ailier a reçu la DH en exclusivité, chez lui, au Qatar : "Ici, tout le monde est amoureux de moi. Pourquoi voudrais-je partir ?"
- Publié le 25-05-2019 à 06h43
- Mis à jour le 25-05-2019 à 07h18
L'ancien ailier a reçu la DH en exclusivité, chez lui, au Qatar : "Ici, tout le monde est amoureux de moi. Pourquoi voudrais-je partir ?" Fraîchement élu homme du dernier match de poule de la Ligue des champions asiatique face aux Saoudiens d’Al Hilal (2-2) et ce malgré le doublé du Français Bafétimbi Gomis, Edmilson Junior est occupé à recevoir une autre distinction, celle de meilleur joueur de la saison d’Al Duhail, lorsqu’il nous aperçoit. "Oh, cela fait longtemps qu’on ne s’était pas vu après un match ! Comment allez-vous ? Il ne fait pas trop chaud aujourd’hui, vous avez de la chance", nous glisse-t-il alors que le mercure grimpe toujours à 30 degrés ce lundi soir sur le coup de 23 h 30.
Edmilson Junior nous accorde quelques minutes alors que son avion l’attend pour l’emmener vers sa destination de vacances préférée : "La Belgique ; je vais revoir la famille puis je pars en stage au Portugal avec Al Duhail", assure, tout souriant, l’ancien attaquant du Standard.
La raison pour laquelle il affiche un si large sourire, c’est qu’à 6 250 kilomètres de la Cité ardente où il était le chouchou des fans rouches, le Belgo-Brésilien s’épanouit. Au Qatar, Edmilson Junior est devenu une vraie star. Et sa prestation cinq étoiles, la semaine dernière, lors de la finale de la Coupe de l’Émir est venue renforcer ce statut.
Avec deux buts, un assist et un penalty provoqué, le médian offensif a été l’homme de cette finale qui marquait l’inauguration du deuxième des huit stades qui accueilleront la prochaine Coupe du monde au Qatar, le Al Wakrah Stadium.
L’ancien Standardman avait parfaitement bien choisi son jour pour briller sous les yeux de l’Émir du Qatar, le Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, mais aussi du président de la Fifa, Gianni Infantino, et de plusieurs anciennes gloires du football mondial.
"C’était un truc de dingue", se remémore-t-il. "Jouer devant l’Émir, tout Doha ou des grands noms comme Roberto Carlos, Eto’o, Cafu : cela donne des frissons."
De quoi transcender Edmilson Jr et ses équipiers à qui leur président, Abdallah ben Nasser ben Abdallah Al-Ahmed Al Thani, avait mis la pression. "Avant le coup d’envoi, il nous a dit qu’il était inconcevable que l’on termine une saison sans le moindre trophée. Il faut savoir que la Coupe de l’Émir, c’est plus important que le titre de champion (remporté par Al Sadd, adversaire d’Al Duhail lors de cette finale) ."
La rencontre, qui s’est jouée devant plus de 38 000 spectateurs, aura été épique à plus d’un titre. Tout d’abord par son nombre de buts : cinq (1-4 pour Al Duhail) mais aussi pour ses nombreuses exclusions, trois du côté du club du néoretraité Xavi, Al Sadd, et une pour Al Duhail. "Cela avait très mal commencé avec ce but concédé rapidement et l’exclusion d’Almoez Ali avant la demi-heure de jeu. On a su égaliser et faire le gros dos jusqu’à la pause. Après, suite à un changement payant du coach, on a fait la différence."
C’est surtout Edmilson Junior qui a changé la physionomie de cette rencontre. "J’ai fait ce que je sais faire : apporter un plus à mon équipe. Je pense que c’est le meilleur match que j’ai joué depuis mon arrivée."
Après avoir fait la fête sur le terrain, Edmilson Junior et ses équipiers ont été reçus chez l’Émir. "C’est quelque chose d’inouï. Le voir, c’est extrêmement impressionnant. L’après-match restera à jamais gravé dans ma mémoire."
Au Qatar, la prestation cinq étoiles d’Edmilson Junior a fait la Une de l’actualité, si bien que le Liégeois a tapé dans l’œil de l’Émir mais pas uniquement. "Même si je n’ai pas parlé avec eux, je sais que Cafu et Roberto Carlos ont été impressionnés par mon match ; tout le monde cherchait à me voir après la rencontre."
En un an, Edmilson Junior est devenu une idole au Qatar où il aime à rappeler qu’il s’y sent… extrêmement bien. "Je sais qu’on parle énormément d’un éventuel retour en Europe", précise celui pour lequel le Standard s’est, à nouveau, renseigné ces derniers jours. "Les gens disent que je vais revenir en Europe mais moi, je me plais énormément ici et je ne compte pas bouger. Je suis comme à la maison, tout le monde m’aime bien et je suis super heureux."
Lorsqu’on lui demande quelle serait la condition sine qua non pour qu’il revienne sur le Vieux Continent, Edmilson Jr répond sans détour : "Que je ne sois plus heureux et je le suis. Pour moi, il n’y a pas de discussion, mon agent sait bien ce que je veux et il sait que je suis aux anges ici. J’ai tout ce que je veux et rien ne me manque mais je ne me repose pas sur mes lauriers pour autant car je travaille pour garder mon niveau et mes statistiques le prouvent (10 buts et 19 assists cette saison) . Comme je l’ai toujours dit, je ne suis pas venu ici pour me reposer. Tout le monde est amoureux de moi ici et j’espère continuer sur cette lancée."
"Le Qatar se révèle aux yeux du monde entier"
Edmilson atteste des avancées footballistiques des Qataris à deux ans et demi du début de la Coupe du monde.
Lundi soir, Edmilson Junior n’a pas eu à forcer son talent face aux Saoudiens d’Al Hilal. "Ce n’était pas le match le plus intense de l’année", sourit-il. "Mais il s’agissait du dernier match de la saison et les deux équipes étaient déjà qualifiées", enchaîne-t-il.
À deux ans et demi des débuts de la Coupe du monde au Qatar, qui impliquera bien 32 pays et non 48 comme espéré et souhaité par la Fifa, Edmilson Junior mesure les progrès effectués par l’État du Qatar.
"Pour ce qui est des infrastructures, il ne fait aucun doute que cette compétition sera hors norme. On a joué, la semaine dernière, dans un stade entièrement climatisé (Al Wakrah) . C’est une sensation spéciale et unique. Cela nous permet d’être dans les meilleures conditions possible alors que la température extérieure frôle les 40 degrés."
Quant au niveau de la sélection qatarie, Edmilson Junior est bien placé pour en parler avec cinq internationaux issus de son club, Al Duhail. "Les Qataris aiment le ballon ; ce sont des techniciens. Ils viennent de remporter la Coupe d’Asie en surprenant bon nombre d’observateurs, dont moi. Je m’attendais davantage à ce que des pays comme le Japon ou la Corée du Sud l’emportent. Mais malgré la jeunesse de son noyau, le Qatar a voulu se révéler aux yeux du monde entier comme étant une nation de football en plein développement et en grande progression."
À en croire l’ancien Rouche, l’engouement ne cesse de croître au Qatar, à deux ans et demi du match d’ouverture.
"C’est un pays que tout le monde commence à avoir à l’œil. On sent qu’il se passe déjà quelque chose dans le pays. Il y a d’ailleurs de plus en plus de bons joueurs qui arrivent dans ce championnat, comme Mehdi Benatia par exemple. Je pense que d’autres grands joueurs débarqueront. Leur rôle, c’est d’aider les jeunes qataris à se développer. Au contact de joueurs aussi expérimentés, les jeunes pousses du pays ne pourront que grandir."
"Le départ d'Olivier Renard est une perte"
Depuis Doha, Edmilson Junior a suivi les playoffs 1 du Standard. "Vu le début des PO1, je pensais que le club allait jouer le titre ; c’est un peu une déception pour moi", précise-t-il avant de tempérer. "Le podium, c’est toujours bon pour le club. J’espère que des renforts arriveront cet été pour offrir aux supporters ce qu’ils méritent tant : le titre."
Des renforts qui n’arriveront plus par le biais d’Olivier Renard. "Vous m’apprenez son départ. C’est une grosse perte car il connaît très bien le football. Je l’aimais beaucoup car il m’a beaucoup aidé. Peut-être que le Standard amènera quelqu’un d’autre aussi compétent pour faire du bon travail."