Soulier d'Or: Thorgan Hazard, un an après
Thorgan Hazard garde un souvenir quelque peu contrasté de son couronnement en tant que Soulier d’Or en plein feuilleton de son vrai-faux départ à Anderlecht. Rencontre.
- Publié le 12-01-2015 à 16h20
- Mis à jour le 13-01-2015 à 09h01
Thorgan Hazard garde un souvenir quelque peu contrasté de son couronnement en tant que Soulier d’Or en plein feuilleton de son vrai-faux départ à Anderlecht. Janvier 2014 restera comme un mois à part dans la carrière de Thorgan Hazard. Il y a bien évidemment eu ce Soulier d’Or remporté haut la main, mais il y a aussi eu le feuilleton de son vrai-faux départ pour Anderlecht.
Un an après, le Diable a pris le temps de revenir sur cette période agitée. Avec du recul et des sourires mais avec aussi un soupçon d’amertume.
Thorgan, l’enfant que vous étiez s’imaginait-il un jour remporter le Soulier d’Or ?
"Pour être honnête, je ne savais peut-être même pas que cela existait à cette époque-là. Quand j’étais tout petit, je ne pensais qu’à m’amuser, je ne savais même pas si j’allais devenir professionnel. C’est à partir de 14, 15 ans que j’ai commencé à vouloir devenir professionnel. Avant, je n’y pensais pas. Après, ça fait toujours plaisir d’avoir un trophée…"
Où est-il justement ?
"Dans le hall de ma maison. Il est en évidence mais pas non plus en plein milieu de la pièce. Je ne le regarde pas tous les jours en disant ‘Ah! il est beau quand même’ . je le regarde de temps en temps et je repense à l’année vécue, je me dis que j’ai quand même fait de bonnes choses pour gagner ce trophée, cela m’apporte de la confiance aussi. Comme Mbaye Leye me l’avait dit, une fois que tu as ce trophée, quand ça ne va pas, tu le regardes et cela te donne le moral. Je me souviens d’ailleurs que j’avais été choisir mon costume avec lui. Il me disait que c’était un jour qui allait rester et qu’il fallait quand même un beau costume. J’en étais content, je ne l’ai pas remis depuis".
Revenons un an en arrière. Ce jour-là, vous étiez souffrant.
"Oui. J’étais malade le matin surtout à cause de toute l’histoire du transfert. On parlait beaucoup trop de moi, j’en étais mal. C’était la journée la plus mouvementée de ma carrière. Après, avec du recul, cela reste une belle soirée, même si cela parlait tout le temps transfert."
Au point que cela ait presque éclipsé votre Soulier d’Or . Vous le regrettez un an après ?
"C’est vrai qu’on a parlé plus du transfert que du Soulier d’Or . Mais ce n’est pas moi qui l’ai décidé. Ce n’était pas une bonne période pour moi, on parlait beaucoup trop, cela traînait beaucoup trop et c’est pour ça qu’à la fin, ça m’énervait et que j’ai dit que je restais à Zulte Waregem. On parlait trop de ça."
En arrivant au gala, vous pensiez à quoi ?
"Déjà, j’espérais le gagner. Mais quand j’ai vu les votes du premier tour, je me suis dit que j’allais peut-être ne pas le gagner. Maxime Lestienne était loin devant, je ne pensais pas l’avoir… Quand j’ai vu que c’était moi, j’étais bien sûr content mais aussi surpris. C’était marrant parce qu’on se regardait tout le temps avec Max , on en rigolait. C’était une bonne soirée, il y avait plein de potes à moi : Michy, Mpoku, Mbaye, Max , beaucoup de gens que j’apprécie. Une fois que j’ai gagné, c’était quand même un peu impressionnant avec toutes les interviews, les journalistes, je ne m’attendais pas vraiment à ça et ça m’a fait énormément plaisir de gagner ce trophée. Mais je n’avais rien fait de spécial pour le fêter car c’était la première fois qu’on laissait notre fille à la maison toute seule, on voulait vite rentrer et quand on est rentré, elle dormait."
Vous étiez le grand favori à l’époque…
"Oui. Beaucoup de gens pensaient que cela allait être moi. Mais comme je l’ai déjà dit, d’autres le méritaient, je pense à Max qui avait fait une grosse saison, cela faisait 2 saisons qu’il était au top. Ce sont peut-être plus les performances collectives qui m’ont permis de gagner ce trophée avec la superbe saison qu’on avait signée, peut-être que Max n’a pas eu cette chance-là à ce moment-là."
Votre compagne Marie vous a décrit comme nerveux. : ‘Il n’en parlait pratiquement pas, mais je sais qu’il y pensait beaucoup’
"C’est vrai qu’on n’en parlait pas beaucoup ensemble. Mais comme c’était une période mouvementée et que j’étais tous les jours dans les journaux… Bien sûr que j’y pensais, c’est logique quand tous les journalistes te disent que tu es favori, tu y penses de plus en plus. C’est comme là, je pense que Praet et Vazquez doivent y penser…"
"C’est tellement dur de perdre un si bon ami"
Quand nous l’avons rencontré mercredi dernier, Junior Malanda s’était invité dans la conversation après l’interview. Normal puisqu’il s’agissait d’un des proches de Thorgan Hazard qui a été très choqué par l’annonce de la disparition tragique de son ancien coéquipier en club et en sélection. “C’est une nouvelle horrible, j’ai été très choqué quand j’ai été informé samedi à notre hôtel à Belek. C’est tellement dur de perdre un aussi bon ami.”
"Rester ici ne me déplairait pas"
Chelsea et Mönchengladbach ont entamé il y a plusieurs semaines déjà des discussions concernant Thorgan Hazard, prêté sans option d’achat. Dans un premier temps, le club allemand souhaitait prolonger le prêt du joueur d’une saison, il espère désormais acquérir le Diable. "Ils en parlent pour l’année prochaine et peut-être les suivantes. Mais c’est entre les dirigeants. Pour l’instant, je suis bien ici", précise Hazard.
"Rester ici ne me déplairait pas car cela me permettrait d’avoir un peu de stabilité et c’est ce que je recherche avant tout, de ne plus être prêté tout le temps car cela devient difficile, c’est un peu long à chaque fois avec toutes les démarches, je n’en ai plus trop envie. Mais pour l’instant, il n’y a pas d’accord, ni entre moi et le club, ni entre les clubs, juste des négociations. Après, si jamais je reste ici, on n’aura pas eu l’occasion de jouer ensemble avec Eden en club, mais c’est toujours possible en sélection. J’espère pouvoir jouer avec lui un jour et je pense qu’on va y arriver, si ce n’est pas maintenant, ce sera peut-être en fin de carrière quand on sera vieux et tous les deux dans le même club."
"Je suis en train de grandir"
Six mois après son arrivée à Mönchengladbach, Hazard tire un premier bilan positif.
Un froid glacial enveloppe le terrain d’entraînement du Borussia Mönchengladbach. Alors que ses coéquipiers sont déjà bien au chaud, Thorgan Hazard range le matériel avec les autres jeunes de l’effectif.
S’il est l’un des benjamins du groupe, le Diable a vu son statut évoluer au fil d’un premier tour qu’il a terminé en trombe avec 3 titularisations sur les 4 dernières journées.
"Ici, je suis en train de grandir, c’est un autre niveau", pose celui qui s’est fixé comme objectif de s’installer en tant que titulaire. "Jouer ici, cela me plaît pour l’instant. C’est mieux qu’en début de saison. Le bilan est bon. Au début, c’était difficile à cause de plusieurs paramètres, surtout le temps de jeu. Maintenant, je joue de plus en plus. J’aime vraiment bien jouer ici."
Les supporters aussi vous apprécient puisqu’ils vous ont élu meilleur attaquant de la phase aller…
"Au vu de mon temps de jeu, je ne m’y attendais pas trop. Peut-être est-ce parce que je suis nouveau. C’est difficile d’expliquer cette popularité. Je crois que les gens ont voté sur Internet, non ? C’est peut-être ma famille qui a voté pour moi aussi, j’ai une grande famille. (rires) Cela m’a fait plaisir."
Quand on rapporte votre temps de jeu à vos statistiques, on se rend compte que vous êtes décisif toutes les 92 minutes.
(Il coupe) "Oui, c’est ce que le coach me demandait. Parfois, il me faisait rentrer 10 minutes et me demandait 1 but ou 1 passe décisive. Au haut niveau, beaucoup de personnes regardent les statistiques et beaucoup y accordent énormément d’importance. C’est important, mais cela ne m’obnubile pas."
Vous qui êtes plutôt un diesel qui a besoin d’enchaîner les courses pour être efficace, comment avez-vous assimilé ce rôle de joker ?
"C’était un peu difficile car c’était nouveau, j’ai dû m’adapter à rentrer sur des bouts de matches alors que l’an passé, je jouais tout le temps. C’est surtout au niveau de la condition qu’il fallait bien gérer ça car une fois que le coach te demande de débuter le match, il faut se tenir prêt, être bon."
En début de saison, vous nous confiez vouloir devenir une machine . Où en êtes-vous ?
"Je ne suis pas encore devenu la machine que je veux être. Mais quand on regarde les statistiques en terme de kilomètres parcourus, je fais partie de ceux qui courent le plus. Sur ce point-là, je suis content car je me suis développé physiquement. Au niveau des entraînements aussi, tu prends le rythme vite. Au niveau des duels, je dois encore progresser."