Sébastien Dewaest: "Anderlecht joue mal ? En PO1, je signe pour dix vilains succès"
Sébastien Dewaest découvre les PO1 dans la peau du leader mais refuse d’affirmer que Genk est le favori de la course au titre.
- Publié le 30-03-2019 à 07h42
- Mis à jour le 30-03-2019 à 08h43
Sébastien Dewaest découvre les PO1 dans la peau du leader mais refuse d’affirmer que Genk est le favori de la course au titre.
On a l’impression que c’était encore hier que Sébastien Dewaest (27 ans) gérait la défense de Charleroi à coups de duels. Cela fait pourtant quatre ans que le Hennuyer a quitté le Pays noir et porte la vareuse de Genk. Plus que jamais, cette saison dans le Limbourg est celle du plaisir et d’un football de haut vol. Autant au niveau personnel que collectif. Au point de voir Genk en tête du classement et immense candidat au titre.
Un mot tabou dans les couloirs de la Luminus Arena. Malgré notre insistance, jamais Sébastien Dewaest ne lâchera un mot signifiant que Genk avait le titre comme principal objectif.
On a pourtant du mal à imaginer les hommes de Philippe Clément se contenter d’une place de dauphin.
Sébastien, vous n’avez plus loupé les playoffs depuis 2013. Quelle expérience en tirez-vous ?
"C’est une autre gestion de match. Chaque équipe, chaque joueur augmente son niveau de jeu. C’est un peu comme si on arrivait au jour J après des mois d’entraînement. J’en ai déjà parlé avec le coach et le groupe. La pression croît également. C’est la première fois que je suis en tête, ça, c’est nouveau. Mais dans l’ensemble, j’ai pu voir que bien débuter est la clé. Imaginez qu’on batte Anderlecht, on peut quasiment leur dire bye bye et les mettre hors de la course au titre. Ils ne seront pas morts pour autant, les playoffs sont synonymes de surprises, mais nous aurons franchi une grosse étape."
Le coach vous pousse-t-il à partager votre connaissance ?
"Le groupe est jeune donc mon expérience peut servir à ce niveau-là. Le coach m’a donné, à moi et à d’autres, la consigne de partager ce qu’on savait. Quand j’en ressens le besoin, je parle à mes équipiers."
Pour leur dire quoi ?
"De ne pas se mettre la pression. Bruges est le tenant du titre et ils sont logiquement les favoris. Genk n’est pas une équipe habituée à la tête du classement. Nous n’avons pas autant de pression que Bruges."
C’est un jeu d’influence ça…
"Pas du tout. OK, on est premiers mais on doit continuer ainsi, ne pas regarder les autres et on verra où on se situe à la fin. Tout le monde est conscient que c’est une chance unique qui va nous booster mais il ne faut pas se faire dépasser par les sentiments. Si tu te vois trop premier, tu peux perdre la tête et te faire avoir."
N’avez-vous pas peur de terminer en grands déçus ?
"Tout est envisageable mais on reste tranquille. Nous ne sommes pas favoris mais candidats au titre. J’imagine mal l’Antwerp, La Gantoise ou Anderlecht aller jusqu’au bout. Bruges et le Standard seront des clients."
Le duo Preud’homme-Clément avait fixé un objectif chiffré à Bruges à l’époque. Le coach va-t-il en refaire de même ?
"Il ne l’a pas encore fait. Mais on a déjà rempli deux objectifs : les playoffs et le ticket européen. Maintenant, c’est du bonus, on joue libéré."
Du bonus, oui, mais surtout une occasion en or d’être champion !
"Bien sûr. C’est le meilleur groupe que j’ai connu en quatre ans. Nous avons développé un superbe niveau de jeu en saison. Ce sera peut-être même encore mieux la saison prochaine si on garde le noyau."
Jouer la tête et non l’Europe, ça change quoi ?
"Pas grand-chose. Je sens juste plus de respect de la part des autres équipes. Elles nous craignent, s’adaptent à nous. Nous avons notre propre style mais nous sommes capables de jouer différemment."
Vous dites que vous imaginez mal Anderlecht champion. En cas de victoire sur votre terrain ce samedi, ils reviennent à trois points…
"S’ils gagnent chez nous, ils peuvent revenir dans la course. Mais s’ils sont à neuf points, on n’est plus qu’à trois pour jouer le haut du tableau. En gros hein, on ne sait jamais ce qui peut se passer ensuite."
Leur niveau de jeu ne convainc pas…
"Mais ils gagnent ! Moi je signe pour dix vilaines victoires ici !"
Quel élément pourrait empêcher Genk d’être champion ?
"Nous sommes notre plus gros adversaire. On doit tirer des leçons de nos défaites contre le Cercle et Mouscron. Des matchs qu’on a maîtrisés mais où on ne réussit pas à marquer. L’efficacité des deux côtés sera la clé. On doit retenir le positif mais aussi ces mauvais matchs-là."
Le départ de Pozuelo va-t-il créer un vide ?
"Je ne pense pas. Le coach va trouver la solution. J’ai entièrement confiance en son remplaçant."
Vous ne pouvez nier la perte de qualité…
"Son absence va changer un peu notre style car son remplaçant n’aura pas les mêmes qualités. Le groupe est assez intelligent pour s’adapter et tirer le meilleur du joueur qui sera aligné."
En tant qu’ami du joueur, êtes-vous attristé de son départ ?
"Ce n’est pas le bon mot. S’il est content de son choix, je suis heureux pour lui. Je regrette juste la manière. Il annonce rester puis, trois semaines après, il part. C’est un petit manque de respect pour nos fans. Il y a eu un souci de communication de son côté."
Le mannequin à son effigie pendu par les supporters vous a-t-il choqué ?
"Je ne l’ai pas vu durant le match mais après. Je peux comprendre la frustration des fans. Mais ça donne une mauvaise image, surtout auprès des jeunes. C’était au-delà de la limite."
Comprenez-vous qu’il ait choisi l’argent plutôt qu’une possibilité de titre ?
"Chacun a ses priorités. J’ai, par exemple, été courtisé cet hiver. J’ai directement refusé. Nous étions en Europe et en tête du classement. J’ai voulu finir la saison ici. Remplir les objectifs. Un titre, ça ne s’oublie pas. Je préfère qu’à la fin de ma carrière on dise ‘Dewaest a été champion de Belgique’ plutôt que ‘Dewaest a gagné plein d’argent’. "
Surtout que vous resterez bankable en juin…
"J’effectue ma meilleure saison mais je peux pousser plus loin. J’aimerais savoir où se situe ma limite. Si je refais la même saison que cette année on dira que j’ai stagné donc je veux élever mon niveau de jeu. Je peux progresser dans tous les aspects de mon jeu."
À bientôt 28 ans, ça passe par un défi à l’étranger…
"Je suis bien ici. J’ai encore un contrat de trois saisons. Je suis apprécié de tout le monde. Partir pour partir, ça ne m’intéresse pas. S’il y a un beau projet, pourquoi pas. Je ne serai toutefois pas déçu de rester."
La Ligue des champions pourrait vous convaincre ?
"C’est un rêve. Combien de joueurs ont vécu ça ? Mais si je reste, ce n’est pas que pour ça. Je suis bien ici. J’ai acheté une maison à Genk. Ma fille va rentrer à l’école. J’ai une belle vie stable ici."