Pelé Mboyo revient au Mambourg: "J’aime bien Charleroi... mais je vais me faire siffler"
- Publié le 24-08-2018 à 06h38
Ilombe Pelé Mboyo qui revient, samedi, à Charleroi avec Courtrai, garde de bons souvenirs du club qui a lancé sa carrière… Dix ans après avoir déposé son sac de foot dans le vestiaire des Espoirs de Charleroi, Ilombe Pelé Mboyo va retrouver, samedi, les Zèbres avec sa nouvelle équipe de Courtrai. À 31 ans, paisiblement installé dans un fauteuil en cuir design, l’ancien attaquant de La Gantoise et Genk a ouvert sa boîte aux souvenirs pour évoquer ses deux saisons (2008-2010) et ses 41 matches sous la vareuse hennuyère.
Pelé Mboyo, vous souvenez-vous de vos débuts à Charleroi ?
"Je suis arrivé en espoirs et j’ai vite marqué quelques buts. Après deux-trois mois, j’ai commencé à m’entraîner avec l’équipe première. En décembre, Thierry Siquet m’a repris pour un match à Genk car il lui manquait des joueurs. On m’a dit que j’allais être sur le banc et qu’il y avait de fortes chances que je joue. Je suis monté au jeu et j’ai fait un match… catastrophique. Je me rappelle que mon opposant direct s’appelait Eric Matoukou. Il m’a mis des coups. Cela changeait des matches chez les jeunes. J’ai compris que je débarquai dans un monde différent. Ensuite, John Collins, l’entraîneur principal, a remplacé Thierry Siquet et il avait besoin d’un attaquant. Il m’a donné ma chance."
Comment avez-vous été accueilli dans le noyau A ?
"Bien. Il y avait déjà mon cousin Bia, je connaissais aussi Habibou. C’était un groupe très francophone avec Camus, Théréau, Oulmers, Christ. On y retrouvait une bonne ambiance donc mon intégration fut assez facile. Même si on jouait au même poste, Théréau m’a donné de nombreux conseils."
Vous avez connu quatre coaches à Charleroi, lequel vous a le plus marqué ?
"Thierry Siquet, je n’ai pas eu l’occasion de beaucoup travailler avec lui. John Collins, il m’a marqué. Il donnait de la confiance à ses joueurs. Il arrivait à nous motiver. Dans ses discours, il était très positif. Il n’avait pas peur de faire des choix, de prendre ses responsabilités. Il n’a pas hésité à titulariser des jeunes comme Habibou et moi en attaque. Tommy Craig, c’était son assistant qui est devenu plus tard le T1 . C’était le même style avec de la joie de vivre. Avec Stéphane Demol, j’ai connu une période un peu plus difficile. Cela n’a rien à voir avec la personne. Il a simplement fait des choix où je jouais moins."
Quel regard portez-vous sur votre parcours à Charleroi ?
"Sur la fin je jouais moins, c’est pour cela que j’ai demandé à Mogi de pouvoir partir pour relever un nouveau challenge. Je sentais qu’à Charleroi, je stagnais. J’avais commencé fort puis je n’arrivais plus à confirmer. À l’époque, Charleroi était un club très compliqué. On ne savait pas toujours qui réalisait les choix. Parfois, je jouais deux matches puis je me retrouvais sur le banc sans explication. Cela est aussi arrivé à d’autres joueurs. À l’époque, à 21-22 ans, je pense que ce n’était pas un bon environnement pour progresser. Un jour avec mon frère, nous sommes allés parler avec Mogi Bayat, le directeur sportif, pour voir s’il était possible que je parte, même en prêt. Un autre critère a joué. Charleroi était une grande famille au niveau des joueurs. Mehdi et Mogi s’occupaient, aussi, bien de nous, on pouvait toujours aller les voir en cas de problème. Je me suis demandé si c’était comme cela dans les autres clubs. J’étais chouchouté et je voulais voir si je pouvais me débrouiller dans un environnement moins accueillant. J’ai reçu une offre de Westerlo et Courtrai où je suis finalement parti."
Vous gardez de bons souvenirs de Charleroi ?
"Oui. C’est là que j’ai commencé ma carrière. Je suis encore en contact avec de nombreux joueurs de l’époque. Il y avait autour de nous de bonnes personnes : Mehdi, Mogi, Abbas. Je me souviens aussi du magasinier, Bello. Le contact avec les supporters était aussi positif. Après, j’ai fait le choix de partir pour ma carrière. J’étais jeune et je n’étais pas un titulaire indiscutable. Je n’étais pas un joueur phare, juste un jeune qui apprenait le métier. J’aime bien retourner jouer à Charleroi."
Comment jugez-vous l’évolution du club depuis votre départ ?
"Charleroi a bien évolué. Mais déjà quand j’étais là-bas, il y avait un gros potentiel. Tu sentais qu’on pouvait faire quelque chose de bien de ce club. Il fallait juste les bonnes personnes aux bons endroits. Ce que fait Charleroi aujourd’hui, cela ne m’étonne pas. La chute en D2 et le changement de direction ont, peut-être, été bénéfiques pour le club. Le Sporting est à la place qu’il mérite. Il doit appartenir au cercle des grands clubs de Belgique. C’est une grande ville avec un public qui vit le football."
Vous avez connu Mehdi Bayat à l’époque. Êtes-vous surpris de son parcours ?
"Non. Ni de celui de Mogi. Les Bayat sont ambitieux, compétents et travaillent pour atteindre leurs objectifs."
Quel accueil pensez-vous recevoir des supporters carolos , samedi ?
"Je vais être sifflé comme d’habitude. C’est vraiment dommage et je ne comprends pas pourquoi. Quand je vais voir un match à Charleroi, il n’y a personne qui me siffle ou me fait une remarque. Les gens ont même l’air contents de me revoir. Mais quand je viens y jouer, on me siffle. Ce n’est pas comme si j’étais parti au Standard. En plus, quand j’ai quitté le Sporting, j’étais un simple joueur du noyau. Je n’étais pas la star qui quitte son club comme un traître. Moi, je n’ai rien contre ce club et quand j’en parle, je le fais positivement."
Son premier but en pro: "Un souvenir inoubliable"
C’est lors de sa troisième apparition sous le maillot de Charleroi que Pelé Mboyo va faire trembler pour la première fois les filets adverses. "Je me souviens très bien de cette photo. C’est une illustration de mon premier but dans ma carrière professionnelle. C’était lors d’une rencontre au Cercle Bruges avec Charleroi. J’étais monté au jeu en cours de seconde mi-temps. Après une belle action, je tente une frappe de loin où je ne vois même pas si la balle entre dans le but. C’est un super souvenir que je ne vais jamais oublier. En plus, j’égalise (2-2) en fin de rencontre." Lors de cette saison (2008-2009), l’actuel attaquant de Courtrai marquera encore deux buts face à La Gantoise…
L'équipe nationale: "Je ne méritais pas plus"
En octobre et novembre 2012, Pélé Mboyo sera repris pour trois matches de l’équipe nationale. Il jouera trois minutes face à l’Écosse en match de qualification pour la Coupe du Monde et 29 face à la Roumanie en amical. "Quelle fierté pour moi d’avoir porté le maillot de l’équipe nationale belge. C’est le rêve de chaque joueur. En plus, vu la génération en place, ce n’était pas facile pour un joueur de la Pro League d’être sélectionné. À l’époque, c’était une belle récompense de mes efforts, de mes sacrifices. Ma famille était fière. Si je n’ai pas joué plus en équipe nationale, c’est que je ne le méritais pas. Je n’ai pas de regrets, surtout quand on voit où évoluent les joueurs belges du noyau. Est-ce que j’ai des regrets de ne pas avoir choisi le Congo ? J’ai refusé deux sélections puis je suis parti jouer un amical. Mais, à l’époque, les conditions n’étaient pas optimales. Et j’ai posé ce choix avant d’être repris chez les Diables…"
Son clan: "Un rêve commun"
"Cela, c’est la famille. Geoffrey Bia et moi, il y a un lien de sang et pour les autres, ce sont comme des frères. Hervé Kage, Anthony Vanden Borre et Michy Batshuayi, on a grandi ensemble, même si Michy est plus jeune. On a réalisé un rêve ensemble. C’est quelque chose qui n’est pas donné à tout le monde de devenir joueur de football professionnel. Là on y est tous arrivé. Ok, personne n’a joué à Manchester ou dans un grand club européen mais ce qu’on a réalisé est vraiment bien. Il n’est pas sur la photo, mais il y a aussi Andréa Mutombo. Que cela se passe bien ou pas dans nos vies, nous restons toujours en contact. Et c’est le cas depuis que nous avons 7-8 ans."