Ole Martin Aarst préface le duel de ses deux anciens clubs: "J’ai toujours le Standard dans la peau"
- Publié le 28-04-2018 à 11h53
Ancien Buffalo et Rouche, Ole Martin Aarst porte ses ex-clubs dans son cœur. "Il n’y a pas moyen que les deux équipes prennent trois points dimanche ?"
La question est posée par l’ancien Buffalo auteur de 30 buts en une saison (1999-2000) et ancien Rouche (46 buts de 2000 à 2003), Ole Martin Aarst. Assurément l’un des Norvégiens les plus connus à Gand et à Liège, Ole Martin Aarst, aujourd’hui consultant pour la télévision norvégienne, continue de suivre notre compétition. "Je regarderai le match de dimanche avec attention." Quinze ans après son départ, l’ancien buteur ouvre la boîte à souvenirs.
Ole Martin, vous suivez donc toujours notre compétition ?
"Quand je le peux, je le fais, oui. J’ai été admirablement surpris par la mutation de Gand ces dernières saisons. Le boulot qui y a été abattu est considérable. La réussite de ce club est avant tout celle de deux hommes : Ivan De Witte et Michel Louwagie. Ce qu’ils ont accompli est fabuleux. Quant au Standard, il y a également eu une évolution significative, même si les deux dernières saisons n’ont pas été d’un bon cru."
Le Standard en PO2 deux ans de suite, cela vous a dérangé ?
"Ce qui me dérange avant tout, c’est le format de votre compétition (rires) . Mais c’est mon côté old school qui parle. Tous les grands clubs peuvent connaître des périodes délicates. Mais le tout est qu’elles ne perdurent pas. Il n’y a pas club plus bouillant que le Standard en Belgique. Les supporters y sont fous, dans le bon sens du terme, et la pression est permanente. De mon temps, on terminait 3e ou 4e et la marmite était déjà prête à exploser. Je n’ose imaginer ce qu’il en était ces deux dernières saisons. Cette pression, elle est dans l’ADN du club. Je crois que c’est pour elle que les joueurs signent au Standard. Si tu ne sais pas la supporter, alors ne porte pas le maillot rouche . Je suis heureux de voir que le vent à désormais tourné avec, à la tête du club, un président qui aime le Standard. Le fait qu’il soit supporter est une excellente chose."
Le titre de Gand en 2015 vous a surpris ?
"Agréablement oui. C’est surtout leur parcours en Ligue des Champions qui a suivi qui était impressionnant. La saison suivante, ils ont remis le couvert en éliminant Tottenham en Europa League . J’ai toujours été fan des Spurs mais là, je soutenais les Gantois. Toute l’Europe a été séduite par Gand. De mon temps, c’était inimaginable de penser au titre pour ce petit club familial. Aujourd’hui, Gand est devenu une grosse écurie au même titre que le Standard."
Un Standard que vous portez toujours dans votre cœur ?
"Oh que oui. Comme on dit : ‘Rouche un jour, Rouche toujours ’. J’ai toujours le club dans la peau. J’y ai passé trois merveilleuses saisons et ce, malgré ma fracture de la jambe en décembre 2001 (contre Lommel). J’ai tissé des liens indéfectibles avec les supporters. Je me souviens que, lorsque j’étais à l’hôpital, j’ai reçu la visite d’un fan, Eric Lefrancq, il était venu avec un livre contenant plus de 700 messages de soutien. Quand je suis revenu donner le coup d’envoi d’un match en 2013, j’ai reçu une ovation énorme qui m’a donné la chair de poule et les larmes aux yeux. Ce public est fantastique et, encore aujourd’hui, j’en parle autour de moi. J’aimerais vraiment revenir un jour, boire une bonne bière avec eux et voir le Standard reprendre le titre."
À l’époque, vous aviez été impressionné par un petit jeune qui répondait au nom de Michy Batshuayi.
"Eh bien je ne m’étais pas trompé (rires) . Quelle trajectoire pour ce joueur. Cela fait plaisir de voir que des jeunes passés par le Standard atterrissent plus tard dans des grands clubs."
Ce dimanche, votre cœur sera Buffalo ou Rouche ?
"Impossible de me prononcer. J’aimerais qu’ils gagnent tous les deux et surtout, qu’ils terminent devant Anderlecht. Pour le titre, Bruges est trop loin. Mais j’espère que le Standard et Gand talonneront les Brugeois. Pour le moment, les Rouches semblent être dans une meilleure passe."
"MPH voulait tout savoir... de Sollied"
Ole Martin Aarst verrait bien Michel Preud’homme à la tête des Diables ou… au Standard
En débarquant en bord de Meuse en 2000, Ole Martin Aarst a d’abord évolué sous la direction de Tomislav Ivic avant de passer sous les ordres de Michel Preud’homme, jusqu’alors directeur technique.
"Je me souviens d’un jeune coach qui avait soif d’apprendre", commente le Norvégien. "Comme je venais de Gand, il voulait tout savoir sur les méthodes de Trond Sollied. Ce dernier avait des méthodes qui allaient à l’encontre de ce qui se faisait habituellement en Belgique. C’était plutôt novateur et Michel me posait souvent des questions sur la philosophie prônée par Trond, sur son 4-3-3, sa défense en zone, des concepts qui n’étaient que très peu, voire pas du tout, utilisés en Belgique."
Pour l’ancien buteur, c’est ce qui a fait la force de MPH, sa curiosité et son ouverture d’esprit.
"Il n’était pas borné et n’agissait pas comme un dictateur. Il voulait constamment apprendre. Michel était toujours ouvert au dialogue. C’est, à mes yeux, la qualité principale d’un bon coach, surtout pour un sélectionneur qui n’a pas son groupe longtemps sous la main. Il faut alors savoir prendre le pouls du vestiaire et Michel l’a toujours fait."
Sélectionneur des Diables, un poste qui, selon Aarst, irait comme un gant à l’ancien T1 du Standard et de Gand. "Je suis même étonné qu’on ne lui ai jamais proposé par le passé."
Mais lorsqu’on lui apprend que le nom de Preud’homme revient avec insistance à Sclessin…
"Alors ça change tout. Michel, c’est un Standardman . Il est fait pour le Standard. Ce serait, à nouveau, une combinaison parfaite s’il venait à effectuer son retour en terres liégeoises."
"Prosinecki fumait et buvait, mais quelle classe"
Ole Martin Aarst revient sur ses trois années en Rouche au travers d’un quizz concernant ses anciens équipiers.
Le meilleur ami : "Dragutinovic. On est arrivé en même temps de Gand et on passait tout notre temps ensemble."
Le plus fort techniquement : "Robert Prosinecki. Il fumait, buvait et jouait en marchant, mais il était impressionnant. Quelle classe. Il y avait aussi mon ami Almani Moreira. Lui, il dribblait partout. Je me souviens encore de nos célébrations de buts. Ça y est, j’ai de nouveau envie de jouer (rires)."
Le plus fort physiquement : "Daniel Van Buyten. Il était si massif. En second, je citerais aussi Ali Lukunku."
Le plus fou : "Ah ça, c’est Vedran Runje (rires), capable de peter un câble s’il perdait à l’entraînement. Il est à l’Antwerp ? C’est bien pour ce club."
Le plus pro : "Fredrick Söderström. Pro jusqu’au bout des ongles."
Le plus surprenant : "En raison de l’évolution qu’il a pu avoir, je vais dire Joseph Yobo."
Coupe du monde "La Belgique : un exemple pour d’autres pays"
Cet été, c’est depuis le studio de la chaîne TV2 pour laquelle il est consultant qu’Ole Martin Aarst suivra la Coupe du Monde. Un tournoi au cours duquel il s’attend à voir briller nos Diables Rouges. "Mes favoris ? J’ai toujours soutenu les outsiders, sauf la Grèce à l’ Euro 2004 dont j’ai détesté le football. La Belgique en fait partie. Il y a pas mal de doutes qui entourent votre équipe nationale mais je pense que vous pouvez résolument prétendre au dernier carré." En Norvège, la majorité de la population soutiendra pourtant un adversaire des Diables. "Beaucoup de gens espèrent que l’Angleterre ira au bout mais je n’y crois pas du tout."
En 2014, les Diables de Marc Wilmots ont mis fin à une attente de 12 ans sans participation à un grand tournoi. La Norvège d’Ole Martin Aarst patiente quant à elle depuis l’Euro 2000. "Si la Belgique s’est redressée, ce n’est pas un hasard. Il y avait un plan auquel vos clubs ont adhéré. Pour moi, les deux plus belles réussites viennent de chez vous et de Suisse. Beaucoup d’autres pays, comme la Norvège, devraient prendre exemple sur vous."
Un bar à son nom "J’irai y boire une bonne bière"
Comme il l’avait fait en 2013 à Sclessin, Ole Martin Aarst a donné le coup d’envoi d’un match à Gand, dans la toute nouvelle Ghelamco Arena, en 2014 face à Lokeren. "J’ai été impressionné par ce stade flambant neuf. Cela prouve encore que le club a pris une nouvelle dimension", commente le Norvégien. Mais ce jour-là, les dirigeants buffalos ont omis une chose lors de la visite de leur ancien buteur : lui faire découvrir le bar qui porte son nom. "C’est dingue car je n’étais même pas au courant; on ne m’avait rien dit jusqu’à ce qu’un fan, un jour, m’envoie une photo de lui devant le bar portant mon nom. C’est un honneur et j’espère m’y rendre un jour pour y déguster une bonne bière (rires)."
Cette saison, la direction du Standard a, de nouveau, invité son ancien joueur. "Les dirigeants voulaient que je donne le coup d’envoi d’un match de PO1 en mai. Malheureusement, mon agenda ne me le permet pas mais je reviendrai la saison prochaine."