Le nouveau Dieumerci Mbokani va arriver sur nos terrains
Mbokani (33 ans) n’est plus le même qu’à 26 ans : il est devenu discipliné et altruiste. Mais il est resté amoureux du RSCA.
- Publié le 10-04-2019 à 06h50
- Mis à jour le 10-04-2019 à 07h56
Mbokani (33 ans) n’est plus le même qu’à 26 ans : il est devenu discipliné et altruiste. Mais il est resté amoureux du RSCA. Dieumerci Mbokani est en route pour Anderlecht. Ce serait son deuxième retour au Parc Astrid, après ses passages en 2006-2007 et de 2011 à 2013. Malgré ses 33 ans et son genou assez usé, il est le meilleur centre-avant du pays, après le Brugeois Wesley. En quoi Mbokani a-t-il changé par rapport au Dieu qui, lors de sa deuxième période à Anderlecht, était difficilement gérable ?
Le 4 mai 2012, l’atmosphère est tendue à Neerpede. Anderlecht doit absolument obtenir un point à domicile contre Bruges pour fêter son 31e titre. Mbokani décide d’aller trouver Roger Vanden Stock. La discussion était à peu près la suivante :
- Mbokani : "Président, je suppose que vous voulez être champion, ce dimanche ?"
- Vanden Stock : "Bien sûr, Dieu."
- Mbokani : "Si vous voulez que je marque, je veux une prime supplémentaire."
- Vanden Stock, embêté : "Ce n’est pas comme ça que ça marche, Dieu. Tu as un beau contrat, il y a une belle prime pour le titre…"
- Mbokani, en quittant le bureau : "Alors, je crois que je serai blessé, dimanche."
- Après quelques secondes, Vanden Stock le rappelle : "Dieu. Allez, c’est bon."
Le 6 mai 2012, Anderlecht souffre contre Bruges. Après le 0-1 de Lestienne, le stade a compris que le Sporting devrait aller chercher le titre à Courtrai, lors du prochain match. Jusqu’à la 93e. Le Suédois Almebäck pousse Mbokani, Boucaut donne penalty. Mbokani veut le tirer, mais laisse finalement Gillet tromper Jorgacevic. Et la prime ? Mbokani doit l’avoir reçue…
Gillet doit avoir eu un sérieux argument et du culot pour convaincre Mbokani de frapper. À 26 ans, Dieu pensait surtout à lui et au nombre de buts qu’il pouvait inscrire. En 2011-2012, il en a mis 15, en 2012-2013, carrément 19. Mais il n’avait que, respectivement, 4 et 3 assists. Le Mbokani de l’Antwerp a 9 buts et 7 assists, avec encore 7 matchs à jouer.
Il est décisif tous les 1,5 match. À Anderlecht, qui était beaucoup plus offensif que l’Antwerp actuel, il était décisif tous les 1,3 match. Son rendement est presque le même, mais il est devenu un joueur d’équipe.
Mbokani est aussi plus calme et raisonné que dans le passé. Certes, il s’est pris 7 cartes jaunes, mais elles n’avaient rien à voir avec de la méchanceté ou de la frustration. "Il a trouvé une certaine structure dans sa vie" , dit Jean-François Lenvain, qui l’accompagne et le conseille depuis huit ans. "Il va avec les enfants à l’école et au RWDM où ils jouent, il n’a plus le temps de s’embêter et de faire des bêtises. Et il est devenu plus mature. En tant que jeune Africain qui découvre la richesse en Europe, ce n’est pas toujours évident de ne pas perdre les pédales."
Son amour pour Anderlecht, lui, est resté intact. Pour trois raisons. "C’est Anderlecht qui lui a donné sa première chance en Europe, en 2006" , dit Lenvain. "C’est Anderlecht qui l’a relancé, alors qu’il était sur une voie de garage à Monaco et Wolfsbourg. Et surtout, il n’a pas oublié comment Anderlecht s’est occupé de lui après le plus grand drame de sa vie, le décès de son bébé David."
Quitter l’Antwerp et surtout Lucien d’Onofrio lui fera un pincement au cœur. Il n’a pas oublié que plus personne d’autre (y compris Devroe et Vanhaezebrouck) ne voulait de lui. À l’Antwerp, il a retrouvé la chaleur (humaine et climatique) qui lui avait manqué en Ukraine et en Angleterre.
Mais à Anderlecht, il sera à coup sûr accueilli à bras ouverts. Et c’est ce qu’il lui faut. Dieu doit se sentir comme le sauveur, le Messie, l’homme que tout le monde aime. Il a peut-être perdu un peu de sa vitesse avec l’âge, mais il a d’autres atouts : il a plus d’expérience, conseille les jeunes, est devenu plus régulier et discipliné. "Je sens qu’il peut encore devenir meilleur" , dit Lenvain. "N’oublions pas qu’il a très peu joué pendant trois ans, avant de venir à l’Antwerp."
Marc Coucke rêve déjà de pouvoir lui donner une prime pour son but du titre, en mai 2020.