Kevin Mirallas aurait pu signer ailleurs qu'à l'Antwerp: "J'ai parlé avec Kompany et Venanzi"
- Publié le 14-09-2019 à 08h06
- Mis à jour le 14-09-2019 à 08h44
Kevin Mirallas a été dragué par les grands de Pro League tout l’été avant d’opter pour l’Antwerp. "J’ai encore l’impression d’être en vacances, c’est bizarre."
Après Lille, Saint-Étienne, l’Olympiacos, Everton et la Fiorentina, Kevin Mirallas (32 ans le mois prochain) débute sa carrière dans le championnat belge, à l’Antwerp. Exilé depuis son 16e anniversaire, il ne revenait en Belgique que pendant ses congés ou pour l’équipe nationale. Maintenant, c’est à nouveau chez lui. Entre son appartement à Bruxelles et son club à Anvers, il doit encore (re)prendre ses marques. "Le matin, ça bouchonne quand même pas mal entre les deux villes."
Pourquoi revenir en Belgique maintenant ?
"J’avais des offres ailleurs, en Angleterre, en Italie ou dans des pays exotiques. Mais en mars dernier, on avait discuté en famille et on avait décidé de rentrer en Belgique. On avait ce manque. Mon petit Juan (7 ans) posait souvent des questions sur son pays. Il avait envie de voir ses cousins et cousines plus souvent. Je me suis dit que c’était sans doute le bon moment pour découvrir le championnat belge (sourire). J’en ai parlé à mon agent. Il était surpris. Je pouvais même rester à la Fiorentina où j’avais été prêté par Everton. Je lui ai demandé de sonder le marché belge pour voir ce qu’il était possible de faire."
La première offre arrive de l’Antwerp.
"C’est vrai. Quatre jours avant mon dernier match avec la Fiorentina. Mais à ce moment-là, Everton demandait huit millions. Alors qu’il ne me restait qu’un an de contrat. D’autres clubs belges avaient aussi pris leurs renseignements et c’était toujours le même tarif. Quand je suis rentré de vacances le 1er juillet, j’ai eu une réunion avec le coach, le directeur sportif et le président d’Everton. Je leur ai expliqué qu’à huit millions, aucun club belge ne pourrait me prendre. Ils m’ont dit que d’autres clubs, ailleurs, me voulaient mais j’ai été clair : je voulais rentrer en Belgique. Ils ont compris que mon choix était familial, pas financier. Au final, Everton m’a laissé partir gratuitement."
Pourquoi l’Antwerp alors que le Standard, le Club Bruges et Anderlecht étaient aussi sur le coup ?
"L’Antwerp téléphonait tous les jours. J’ai vraiment senti une grosse envie de m’avoir."
Pas chez les autres ?
"Si, mais mon sort dépendait d’autres dossiers. Le Standard a été très clair avec moi. J’étais en contact avec le président Venanzi. Il m’a dit : ‘ Si un des cadres avec un gros salaire (NdlR : Carcela ou Mpoku) part, on te prend directement.’ Mais on sait qu’ils sont restés. Entre-temps, le Standard avait aussi dû se renforcer en prenant des joueurs offensifs moins chers que moi. Malgré mes attaches fortes au Standard, je n’étais pas focalisé sur ce club. Je laissais toutes mes options ouvertes."
Anderlecht aussi, donc.
"Oui. J’ai beaucoup discuté avec Vincent (Kompany) au téléphone. Mais il n’est pas maître de tout. Ce n’est pas lui qui gère l’aspect économique. Au final, j’ai pris la décision de venir à l’Antwerp début août. Je me suis dit : ‘C’est quoi le mieux ? Attendre une équipe où j’ai toujours voulu jouer mais où on sait très bien que ça ne va pas se faire ou aller quelque part où on te veut vraiment ? ’ La réponse coulait de source."
Vous avez dû faire un gros effort financier pour signer à l’Antwerp ?
"Oui, c’est clair. Je n’ai pas un salaire de Premier League (sourire) . Mais l’Antwerp a aussi fait un effort de son côté. Je ne suis pas ici pour l’argent. J’ai déjà bien gagné ma vie dans ma carrière."
C’est facile de refuser les gros salaires du Moyen-Orient ?
"Je regardais les chiffres mais j’étais toujours convaincu par mon choix. Je ne dis pas que je n’irai pas là-bas un jour. Il n’est pas dit que je vais maintenant finir ma carrière en Belgique. Je me sens bien et je me vois sur les terrains jusqu’à 35-36 ans."
Vous n’avez marqué que quatre buts sur les deux dernières saisons. Vous ne craignez pas d’être déjà sur la pente descendante ?
"C’est normal qu’on se pose la question. Des clubs ont dû se dire que c’était risqué de me prendre vu mon salaire et mes statistiques. Je le dis honnêtement : mes chiffres ne sont pas bons sur ces deux dernières années. Je n’ai pas toujours joué à la bonne position, je n’ai pas toujours été en réussite mais il faut pouvoir être réaliste et se remettre en question."
Quelle est la conclusion de cette remise en question ?
"Je devais changer certaines choses dans ma préparation. Quand j’étais jeune, je n’avais pas besoin de faire certains exercices. Maintenant bien. Je n’ai jamais perdu ma confiance en moi parce que j’ai toujours beaucoup travaillé."
Avec Defour, Mbokani, vous et sans Europe pour fatiguer le groupe, l’Antwerp peut viser très haut cette saison, non ?
"Oui, on a une belle équipe. L’objectif, c’est de faire mieux que l’an passé et de se qualifier directement pour la Coupe d’Europe. Mais il faudra aussi un peu de patience. Il y a beaucoup de nouveaux joueurs et on va mettre une nouvelle façon de jouer en place. Ça prend du temps."
C’est pareil à Anderlecht.
"Oui. Le club a un projet comme à la Fiorentina, avec beaucoup de jeunes entourés par quelques anciens. Ce n’est pas facile. Malgré un beau budget, Anderlecht n’a pas réussi à prendre tous les joueurs qu’il voulait. Certains disent que le recrutement est raté mais c’est faux. À quoi ça sert de prendre des joueurs le dernier jour du mercato sans être totalement convaincu ? Surtout quand tu as déjà pas mal de joueurs en trop qui sont restés. Il vaut mieux faire le maximum avec le groupe actuel et ramener encore deux-trois bons joueurs en janvier."
Après avoir joué une mi-temps contre Zulte Waregem avant la trêve internationale, vous serez prêt à commencer dimanche ?
"Oui. Je ne sais pas si je pourrai le finir mais j’ai au moins 75 minutes dans les jambes."
Comptez-vous vous servir du championnat belge pour retrouver les Diables, un an et demi après votre dernière sélection ?
"Ce n’est pas l’objectif prioritaire mais je n’ai pas oublié les Diables non plus. Si je preste bien en club, je pense que je serai à nouveau repris. Il faudra juste voir ce que le sélectionneur veut faire : intégrer un joueur plus jeune ou prendre quelqu’un qu’il connaît déjà. J’ai suivi tous les matchs."
Sans avoir mal au cœur ?
"J’ai eu un passage à vide et c’est pour ça que je ne suis plus en équipe nationale pour le moment. Certains ont eu plus de crédit que moi mais je veux montrer à tout le monde que je suis encore là."
"Legear devrait encore être chez les Diables"
Kevin Mirallas revisite sa carrière à travers notre questionnaire.
La carrière de Kevin Mirallas n’est pas finie mais on lui a proposé un petit regard dans le rétro sur sa belle carrière. Un jeu qui l’a amusé et où il a pris le temps de bien réfléchir.
Votre équipier le plus fort ? "Je vais dire Ariel Ibagazza à l’Olympiacos. Un Argentin sur la fin de sa carrière mais qu’est-ce qu’il était fort ! Je vais aussi citer Romelu Lukaku à Everton. On se trouvait vraiment bien. Leighton Baines aussi. J’adorais jouer avec lui sur le côté. Et je pourrais aussi citer les trois quarts des Diables (rires). Eden Hazard, j’ai encore joué avec lui à Lille. J’ai aussi joué avec Dries Mertens en club. Oui, au futsal, dans un club à Landen. On a joué de 7 à 15 ans là-bas. Je savais que Dries allait percer s’il arrivait à faire les mêmes choses incroyables qu’au futsal sur un terrain de foot."
Votre adversaire le plus fort ? "Je vais choisir un adversaire direct sur le terrain : Patrice Evra. Je l’avais affronté quand il était à Monaco, juste avant qu’il signe à Manchester United. J’ai passé une sale soirée. Offensivement et défensivement, il était super fort. Et il ne faisait que des allers-retours sans arrêt. Une machine. En plus, je jouais à droite, un poste que je n’aime pas."
Le match où vous vous êtes senti le plus fort ? "Un Everton - Liverpool qui finit sur 3-3 (le 23 novembre 2013) . J’ai mis un but et donné un assist. Du début à la fin, j’étais super. On aurait dû gagner 5 ou 6-2 mais Sturridge égalise à la dernière seconde. Mon meilleur match. Heureusement qu’il n’y avait pas le VAR car j’aurais dû prendre une rouge pour une semelle après dix minutes (rires) ."
Votre plus beau but : "J’en ai mis des beaux mais je vais choisir mon premier but en équipe nationale, contre la Serbie. Ce n’était pas le plus joli mais le plus fort en émotions. Mon père était dans les tribunes. Il était triste que j’aie choisi la Belgique et pas l’Espagne. Je n’avais que 18 ans et il me disait d’attendre. C’était son grand rêve, de me voir avec le maillot de la Roja, mais j’avais fait toutes les catégories de jeunes en Belgique. Je ne pouvais pas refuser les A. Quand j’ai marqué face aux Serbes, il a pleuré dans un mélange de tristesse et de fierté. C’était fort."
Votre adversaire le plus méchant ? "Il y en a eu beaucoup en Angleterre (rires) . Certains m’ont carrément blessé. Je vais dire Shawcross de Stoke City. Quand tu décrochais, il te prenait les tendons… Mais je crois que c’était surtout de la lenteur et de la maladresse."
Votre équipier le plus fou ? "Je crois que si vous posez la question à la plupart de mes équipiers, ils vous diront que c’est moi le plus fou (rires) . J’ai eu plusieurs sacrés personnages, comme Dries (Mertens) et Marouane (Fellaini) ."
Votre meilleur entraîneur ? "Je vais en citer trois. Claude Puel, qui m’a lancé et qui a cru en moi. Il était dur mais c’était pour mon bien. Je l’ai compris plus tard. Ernesto Valverde, que j’ai eu à l’Olympiacos. On avait une superbe relation. Il a su tirer le meilleur de moi. Je ne suis pas surpris de le voir au Barça. Et enfin Roberto Martinez. Lui aussi me comprenait très bien. Notre relation s’est juste détériorée quand j’ai voulu partir à Tottenham. On n’était pas d’accord, mais j’aime travailler avec lui."
Votre équipier qui n’a pas eu la carrière qu’il méritait ? "Il y en a beaucoup mais je vais dire Jonathan Legear. On était de la même génération chez les jeunes du Standard. Il devrait encore être dans le groupe des Diables. Il n’a pas su exploiter ses capacités. Peut-être était-il mal entouré. Je peux aussi citer Logan Bailly. Des gars qui étaient mieux cotés que moi chez les jeunes. J’étais le plus petit et le plus fin. Cela m’a aussi servi de moteur pour continuer à progresser. Je voulais les rattraper."
"Henrotay, mon agent, a toujours refusé les trucs louches"
Kevin Mirallas a vécu une semaine difficile sur le plan privé. Christophe Henrotay, son agent, et Christophe Cheniaux, le bras droit de ce dernier, ont été interpellés puis inculpés dans une enquête de blanchiment, de corruption privée, d’association de malfaiteurs, de faux et d’usage de faux. "C’est difficile. Je pense surtout aux membres de leur famille. Je les ai eus au téléphone et ce n’est pas facile. On parle beaucoup de ça à la télé et dans les journaux. On a l’impression que ce sont de grands criminels."
L’attaquant est même convaincu de leur innocence. "Je ne connais pas précisément ce qu’on leur reproche mais je pense qu’ils vont sortir et que ça ira pour eux. Cela fait seize ans que je travaille avec eux. On a vu des trucs louches et on les a toujours refusés. Je ne vois pas pourquoi subitement ils tomberaient dans ces travers."