Kagé: "J’étais complètement à la cave" (VIDEO)
Karim Belhocine est parvenu à sublimer Hervé Kagé. Entretien.
- Publié le 29-04-2016 à 14h22
Karim Belhocine est parvenu à sublimer Hervé Kagé. Le rendez-vous est pris dans la nouvelle ville de Hervé Kagé : Ninove. Un endroit calme qui correspond bien à l’état d’esprit d’un joueur transformé depuis quelques matches.
Vous claquez des buts et donnez des assists à la pelle. Comment expliquez-vous ce rendement aussi soudain ?
"Il faut revenir au premier match de Karim Belhocine pour décortiquer ce retour. C’était à Charleroi et il m’a lancé dans le match après 20 minutes alors que je sortais de 6 mois sans jouer. Avant ça, j’étais complètement à la cave, au point de ne plus être concerné. Je n’étais parfois pas dans les 18 ."
Vous devez énormément à Karim Belhocine…
"Son premier acte à sa prise de fonction a été de venir me voir. Il m’a demandé si j’étais avec lui et je lui ai rétorqué que j’avais envie de bien finir la saison. Il m’a confié avoir confiance en mes qualités, mais que je devais prouver que je la méritais chaque jour à l’entraînement."
Et petit à petit…
"J’ai retrouvé une place de titulaire. Même quand j’ai eu plus de mal à Malines, il m’a remis la semaine d’après. Il me disait de faire mon truc car il me savait assez fort pour me relever. Nous n’avons même pas besoin de parler, je sais ce qu’il attend de moi."
Vous aviez besoin de son soutien ?
"J’étais revenu en forme en janvier alors que j’ai longtemps traîné 5 ou 6 kilos en trop à cause d’une blessure mais Johan Walem ne m’a pas fait confiance. Est-ce lié à cette affaire de viol (lire ci-dessous) ? Je n’en sais rien. J’avais besoin d’une lueur d’espoir pour me rebooster et je l’ai eue."
Vous jouez également d’une autre manière…
"Je suis un électron libre mais j’ai appris à travailler. Car défendre et bosser sont les mots d’ordre du coach. Face à Malines, je n’ai pas été bon devant mais je me suis arraché défensivement. Ma nature fait que je ne vais pas commencer à courser un gars sur 40 mètres et pourtant, je le fais désormais ! Toute l’équipe va au charbon. C’est l’âme du jeu de Courtrai et Karim l’a compris, il y correspond."
Johan Walem était plus dans le beau jeu…
"Il correspondait moins aux joueurs qu’il avait. Johan est un excellent coach et une bonne personne. Tactiquement, il avait des idées mais son message ne passait plus et tout le groupe n’était plus derrière lui. Nous n’arrivions pas à faire ce qu’il voulait."
Ne trouvez-vous pas cela étrange d’être meilleur sous Belhocine alors que Walem a tout fait pour vous amener ?
"Nous avons une bonne relation avec Johan, mais sur le terrain ça ne fonctionnait pas bien. Depuis, les choses ont un peu changé car il ne m’a pas trop soutenu lorsque tout le monde m’est tombé dessus. Je me suis retrouvé sur le côté. À sa place, j’aurais réintégré le joueur pour l’aider à montrer qu’il n’a rien fait. Mais je ne lui en veux pas."
"Jamais eu peur pour ma carrière"
"Ce qui s’est passé" , "L’histoire ", jamais Hervé Kagé n’utilise clairement le terme qui a déclenché un tohu-bohu médiatique : une plainte pour viol.
Une histoire dont il est sorti totalement blanchi mais qui a fait les choux gras de certains.
Nous vous avons eu au téléphone quand cette histoire a éclaté, vous étiez très stressé…
"J’étais plutôt surpris qu’on commence à écrire des choses là-dessus alors que j’avais été interrogé et qu’on était en passe de tout conclure. J’arrive au club et il y a des journalistes partout. La direction et le staff sont paniqués. Je leur explique ma version des faits en disant que tout serait terminé sous peu, mais ils m’écartent. J’étais énervé, mais je les comprends très bien. Ils devaient le faire pour l’image du club. Je suis alors parti un peu plus tôt que prévu en vacances pour quitter tout cela."
Tout s’est finalement clarifié peu de temps après, mais comment ont réagi vos proches ?
"Ma femme m’a énormément soutenu. Je l’ai mise au courant dès que j’ai été interrogé. Elle m’a même protégé. Ma mère et elle ont été très importantes pour moi à ce moment-là."
Vous êtes-vous remis en question ?
"Je n’avais rien fait de mal, mais j’ai compris certaines choses et la principale est qu’il y a des choses plus importantes que le football. Je suis arrivé à Courtrai en me collant une pression dingue, c’était trop. Elle est partie après cette histoire. Je suis, depuis, libéré et donc meilleur sur le terrain. C’était aussi un mal pour un bien. J’en suis sorti reboosté."
N’avez-vous pas eu peur de retourner en prison ou de mettre en péril votre carrière ?
"Le policier qui est venu me chercher m’a directement dit que c’était par pure procédure. Puis, tout s’oublie et à moi d’aider ce processus en jouant bien. Donc, non, je n’ai jamais eu peur."
Pensez-vous que ça a fait plus de bruit car il s’agit de vous et que vous avez une image qui vous colle à la peau ?
"Je tiens à dire que je ne me bats pas contre une image. Les gens qui me connaissent savent que je ne cause pas de problèmes…"
"Anthony ? La porte de sortie est peut-être au RSCA"
Hervé Kagé donne des nouvelles de ses vieux amis du monde du football.
Anthony Vanden Borre : "Il est positif et bosse bien avec les U21 . Ce n’est pas la première fois qu’il se retrouve dans une situation difficile. Il espère trouver une porte de sortie et elle peut être à Anderlecht. Les supportes scandent son nom, ça veut dire beaucoup."
Pelé Mboyo : "Il se soigne à Anvers et retrouve la forme et le terrain. Il va bientôt repartir à Sion. Mentalement, il est concerné et investi."
Geoffrey Mujangi Bia : "Tout le monde critiquait son choix, mais ça va depuis que ses blessures sont finies. Il marque et donne des assists avec Sion."
"Ferrera ne laissera pas ses joueurs balancer"
Hervé Kagé connaît l’importance du match de ce samedi contre le Standard. "Si nous gagnons, nous sommes en finale des playoffs II. C’était l’objectif et nous le méritons. Nous avons du potentiel et nous avons presté à un bon niveau malgré la saison un peu chahutée."
Il retrouvera son ancien coach, Yannick Ferrera, et un Standard qui n’a plus rien à gagner. "Mais connaissant Yannick, il ne laissera pas ses joueurs balancer le match. Il est correct et a fait du bon boulot avec un Standard qui allait mal. Il ne peut pas faire de miracles non plus, mais il a réalisé de bonnes choses."