Interviews de rentrée (2/7) | László Bölöni: "Les gens voient l’Antwerp champion. Je veux l’être, mais..."
László Bölöni rêve du titre avec l’Antwerp mais calme les ardeurs des spécialistes : "Nous pouvons aussi connaître une moins bonne saison."
- Publié le 22-07-2019 à 07h39
- Mis à jour le 22-07-2019 à 08h10
László Bölöni rêve du titre avec l’Antwerp mais calme les ardeurs des spécialistes : "Nous pouvons aussi connaître une moins bonne saison." Son teint est halé. László Bölöni sourit à cette remarque. "J’ai passé un peu de temps dans le sud de la France." De quoi faire le plein de vitamine D avant de reprendre le boulot avec l’Antwerp. Une troisième saison de suite au Bosuil qui devra se terminer en beauté mais qui débute dans un marasme typiquement belge.
Au moment de notre entretien avec László Bölöni, il venait d’apprendre qu’il devrait se farcir un tour qualificatif d’Europa League en plus. "Et contre Viitorul en plus. Pfff, c’est un fameux adversaire."
Finalement, il ne devra pas modifier son planning et surtout se coller une pression supplémentaire. "Jouer en Roumanie d’entrée de jeu était un gros désavantage. Psychologiquement, ils seront chauds car ils affrontent un coach de chez eux. En Roumanie, on prépare à fond les matchs européens. Bien plus que de ce côté-ci du continent. Puis, Viitorul a évolué à une vitesse folle en travaillant sur la détection des jeunes talents. L’équipe est devenue la crème du football roumain."
Tous ces changements de décision ne plaisent pas des masses à Bölöni. "C’est dévalorisant pour le football belge. J’ai du mal à comprendre que ceux qui fixent les règles et les font respecter ne le font pas en écho avec celles de l’UEFA."
Vous aurez donc finalement trois jours supplémentaires pour préparer votre équipe. Sera-t-elle en place pour le début de la compétition ?
"En tenant compte de ce qu’on a pu travailler, je suis satisfait. Tout s’est bien déroulé lors des rencontres amicales mais nous n’avons pas encore ajouté la pression d’un vrai match officiel. Je crois que nous sommes à un niveau correct qui doit être le nôtre. Une préparation passe aussi par le recrutement et nous avons encore du travail."
Avez-vous dû vous adapter à la possibilité de jouer l’Europe un peu plus tôt que prévu ?
"Non, nous avons respecté notre rythme de travail, nos entraînements. Si l’on est un peu en retard, c’est surtout à cause du barrage européen. On a dû prolonger notre congé de trois jours par rapport à ce que j’avais prévu en cas de ticket direct pour l’Europe. Nous avons aussi eu quelques problèmes disciplinaires qui nous ont mis en difficulté. Mais, en tenant compte de tous les éléments, on suit le bon schéma."
Vous parlez de plusieurs problèmes disciplinaires mais ils sont liés à une seule personne : Didier Lamkel Zé (NdlR : le joueur a mis la pression sur la direction pour obtenir un nouveau contrat. Mécontent, il a séché le premier entraînement et se retrouve désormais sanctionné dans le noyau B).
"Je n’ai rien à dire là-dessus. Le club a pris la décision qu’il fallait prendre. Le joueur doit être adulte et se comporter en tant que tel. C’est à lui de faire le pas vers nous. Aucun d’entre nous ne peut prendre en otage un club, un dirigeant ou un staff technique."
En avez-vous discuté avec lui ?
"J’ai essayé de lui parler avant qu’il explose. Il a brûlé ses jokers. Mais arrêtons d’en discuter sinon je vais parler durant 45 minutes de lui. Il a fait 15 bons matchs et il a été expulsé deux fois. Voilà."
Avec Lamkel Zé écarté, vous avez encore moins de profils offensifs. Il vous faut du renfort devant…
"On est impatients d’avoir des renforts dans ce secteur. On veut faire des transferts mais je sais bien que c’est une période délicate. J’ai confiance en ma direction sportive, qui fera au mieux avec nos moyens. Si un attaquant vaut des millions, ce n’est pas pour nous."
Vous risquez de débuter le championnat avec trois attaquants pour… trois postes.
"Et ça me préoccupe (sourire). À moi de continuer mon travail comme depuis des années."
Un joueur est très important et toujours flou au niveau de son avenir, c’est Sinan Bolat…
"Il est revenu un peu fatigué de sa longue présence avec l’équipe nationale et n’a eu que peu de jours de congé. Il reprend doucement et sera le meilleur gardien de but de la compétition."
Il ne s’en va donc pas ?
"Il reste."
Il disait qu’il n’était pas encore fixé sur son avenir…
"Peut-être qu’il vous l’a dit, mais pas à moi. J’ai discuté avec tous mes joueurs. Et surtout avec Sinan, avec qui j’ai une relation plus étroite et avec qui on parle de bien d’autres choses que du terrain."
Avez-vous été clair avec certains en leur demandant de rester malgré la tentation d’aller voir ailleurs ?
"Quelques éléments de notre effectif doivent rester. Sinan en est un. Mbokani en est un autre. Je suis ravi qu’il ait prolongé. J’ai dit aux gars et à la direction que j’avais besoin d’eux. Après, tout le monde sait qui est important, hein. Les joueurs et la direction ne sont pas aveugles. On doit se renforcer avec la même qualité en se basant sur des joueurs de cette trempe."
Faris Haroun fait-il partie de cette liste ?
"Faris, c’est mon chameau (sic). C’est un très bon capitaine. Je suppose que cela répond à la question."
En fin de saison, beaucoup pensaient que vous alliez arrêter…
"Je n’ai pas pensé une seconde à partir. J’ai encore un an de contrat."
N’en avez-vous pas déjà fait assez ici ?
"Ma mission est déjà remplie mais ça ne veut pas dire que je ne veux pas faire mieux."
Le ras-le-bol ne s’est pas installé ?
"Je ne sais pas le temps qu’il me reste dans ce milieu que je côtoie depuis trente ans mais je n’ai pas envie de changer. Je suis encore assez fou et utile pour continuer. Quand je pense à arrêter, car ça arrive, je trouve des réponses à cette envie car je crois que j’ai encore des choses à donner."
Beaucoup voient l’Antwerp comme un possible candidat au podium. Est-ce votre ambition avouée ?
"Elle n’a pas changé depuis mon arrivée ici : faire chaque jour du bon travail avec les moyens mis à disposition par le club. Et si j’ai fait le boulot, je suis content en rentrant à la maison. Nous avons une philosophie de travail qui vise à ce que chaque joueur puisse s’améliorer. Prenez le cas de Dino Arslanagic. Il a fait de gros progrès depuis qu’il est ici. Ce que je crains davantage, c’est que, vu notre deuxième saison fantastique, on attende de toute façon mieux de notre part."
C’est logique, non ?
"Oui, sauf que passer de la 15e à la 7e place est plus simple que de passer d’outsider à favori. Nous pouvons certes toujours faire mieux mais il ne faudra pas empoisonner notre beau travail en pensant plus avec le cœur qu’avec la tête. Les gens voient l’Antwerp champion. Je veux l’être, mais on pourrait tout aussi bien faire une moins bonne saison. Et là, il ne faudra pas crier au secours et prendre de mauvaises décisions. Nous devrons rester stables. Ce qu’on a créé ne doit pas devenir un frein à l’évolution du club."
Comptez-vous maintenir votre style de jeu très organisé ou allez-vous davantage voir de l’avant cette saison ?
"Ce qu’on a réalisé n’est pas possible sans organisation. Sauf si tu as des talents qui organisent le jeu à ta place. Les experts ont critiqué notre jeu peu spectaculaire. Je ne suis pas d’accord avec eux. Il y a des footballs qui ne plaisent pas à tout le monde mais qui ont leur propre intérêt."
Beaucoup aimeraient vous voir lancer des jeunes du cru…
"Cela fait partie de mes idées. Nous n’avons pas pu le faire car l’académie n’était pas au point. En fait, il n’y avait aucune structure pour les jeunes. Je vois le niveau grimper dans les équipes de jeunes et je pense que, vu le renouveau du club, on va pouvoir attirer des talents. Nous sommes encore loin d’être au top à ce niveau-là mais nous allons dans la bonne direction. Je vous rappelle qu’à mon arrivée je ne connaissais pas le club. On a dû travailler dans de mauvaises conditions pour que tout soit en place. Nous avons connu des difficultés mais nous avons mis en place un projet qui en vaut la peine."