Stefano Denswil se confie: "Je serais peut-être devenu cuisinier si je n'avais pas été footballeur"
Stefano Denswil évolue, heureux, au Club Bruges depuis quatre saisons et demie.
- Publié le 13-04-2019 à 08h26
- Mis à jour le 13-04-2019 à 20h16
Stefano Denswil évolue, heureux, au Club Bruges depuis quatre saisons et demie.
Michel Preud’homme l’avait repéré à l’Ajax Amsterdam. Il l’a attiré au Club Bruges en janvier 2015 pour le titulariser au poste d’arrière gauche. Quatre saisons et demie plus tard et sous l’égide d’un autre entraîneur, Stefano Denswil évolue toujours à cette place, avec le même bonheur. Il a même affermi son statut. "Stefano n’est peut-être jamais flamboyant mais il ne rate jamais non plus son match", le dépeint Rudi Cossey, l’adjoint d’Ivan Leko. "Cette saison, il a même gagné en régularité. C’est un critère important pour un coach. En outre, sur le plan humain, Stefano est un bon gars."
Né au Surinam, le Néerlandais s’est longuement épanché, à la veille du crucial déplacement du dauphin chez le leader genkois.
Stefano Denswil, pourquoi le Club Bruges s’impose-t-il vraiment comme le premier candidat au titre ?
"La consécration de la saison dernière n’a pas constitué un aboutissement. Le groupe n’a pas été bouleversé. Il a poursuivi sur sa lancée et signé, en particulier dans les gros matchs à domicile, de brillants résultats en développant, souvent , un excellent football. Nous avons encore accentué ce phénomène dans les premiers matchs de ces PO1. Quand nous évoluons de la sorte, en affichant l’engagement qui est le nôtre actuellement, bien peu de rivaux peuvent nous battre."
Qu’est-ce qui fait la vraie force du Club dans ces PO1 ?
"Un ensemble de facteurs. L’expérience acquise la saison dernière, le nombre de joueurs capables à tout moment de forger la différence au score, la solidité retrouvée de la ligne arrière, la force de percussion des joueurs de flanc. Les défenseurs se soucient de la relance et les attaquants viennent à leur secours quand les situations de jeu l’imposent. En outre, chacun évolue en même temps à 100 % de ses possibilités et se place sans condition au service du collectif."
Ivan Leko a souvent affirmé qu’il préparait l’équipe pour les PO1. En quoi a consisté cette préparation ?
"Il n’y a pas de véritable secret. On a continué à travailler de la même manière, à un rythme qui rappelait un vrai match. On a beaucoup couru sans ballon. Pendant les deux semaines d’interruption, je peux vous garantir qu’on a bossé très dur. Pas en vain puisque les résultats suivent."
Le Club est-il plus fort que la saison dernière ?
"L’ossature de l’équipe est restée la même. On a résolu le problème de gardien et constitué un groupe d’autant plus performant que les joueurs qui prennent place sur le banc sont tous aptes, quand ils montent au jeu, à insuffler encore un bonus à l’équipe. Depuis le début des PO1, Danjuma en constitue l’illustration la plus parfaite."
Quelle a été la rencontre la plus importante jusqu’à présent ?
"Elles le sont toutes. On n’en a snobé aucune. J’épinglerais deux hauts faits. Notre récent succès à Anderlecht tout d’abord, qui a boosté le Club tout entier au début de ces PO1. L’impact psychologique a été énorme. Je n’oublie pas non plus la manière dont, en février et à Bruges, nous avons maté le Racing Genk, notre véritable concurrent. Nous avons démontré là que notre ambition n’était pas… prétentieuse."
Est-ce le moment idéal d’aller défier le Racing Genk ?
"Je n’oserais l’affirmer même si, dans la phase classique, nous y avions forgé un excellent partage de l’enjeu. Genk n’est pas et depuis longtemps un leader par hasard. On ne le sous-estime nullement, même si le départ de Pozuelo peut lui porter préjudice. J’estime nos chances de l’emporter à… 50 %"
Le succès de Philippe Clement comme coach principal vous étonne-t-il ?
"Pas le moins du monde. L’entraîneur de Genk a prouvé, quand il était chez nous, qu’il avait l’étoffe d’un excellent entraîneur. Il l’a confirmé très vite à Waasland-Beveren où cela n’allait pas de soi. Il a une vision claire du football et une relation très saine avec ses joueurs. Nous n’avons pas oublié ce qu’il peut apporter à une équipe."
Un second titre de rang serait-il aussi beau ou plus grisant que le premier ?
"Pour moi, il n’y a aucune différence. Chaque titre en soi est beau. Je ne serais jamais blasé si j’étais champion chaque saison. Mais le match qui décide du titre peut en influencer la perception. Rien ne vaut à cet égard un titre remporté contre Anderlecht quand on sait que, sur le plan sportif, le Club et le Sporting bruxellois sont à couteaux tirés."
Ivan Leko a-t-il changé de comportement d’une saison à l’autre ?
"Non. Je le retrouve dans chaque interview que je lis de lui. Il dit toujours ce qu’il pense et s’efforce en permanence de tirer le meilleur de chacun de ses joueurs."
Avec qui est-il le plus difficile de travailler : avec Preud’homme ou avec Leko ?
"Votre question est un peu biaisée car j’ai toujours été reconnaissant à Michel Preud’homme de m’avoir attiré à Bruges et d’y avoir fait confiance. Mais je m’entends bien, aussi, avec Ivan Leko. Les deux coachs sont les mêmes perfectionnistes, avec des accents différents. Globalement, Preud’homme apparaît moins dur que Leko"…
Lequel des deux accepte le mieux la défaite ?
(Rires) "Aucun des deux ! Pour savoir quel résultat on a réalisé la veille, il suffit de regarder leur tête le lendemain d’une défaite…"
"Krépin, viens dormir chez moi"
Stefano Denswil aurait pu se retrouver derrière les fourneaux.
D’un tempérament discret, Stefano Denswil a entrouvert les portes de son jardin secret…
Quel équipier a-t-il accompli le plus de progrès ces derniers temps ?
"Chacun de nous a hissé son niveau. C’est un des mérites de l’entraîneur. Récemment, seul Vormer, grâce à son Soulier d’or, était international. Aujourd’hui, Mechele, Vanaken, Danjuma et Diatta le sont devenus également."
Qui vous étonne le plus ?
"Wesley. Quand je me rappelle comment il a défié Godin de l’Atletico Madrid, je suis admiratif. Notre Brésilien a progressé aussi dans la concrétisation, tout comme Vanaken."
Avec qui avez-vous noué les meilleurs contacts ?
"Avec Vormer, que je connais depuis longtemps. Ruud est devenu un ami. Mais à Bruges, il n’y a pas de clans : chacun parle avec tout le monde dans le vestiaire. Chacun est ouvert. Rits et Schrijvers, notamment, se sont très rarement intégrés. Personnellement, j’ai noué un contact particulier avec Diatta. Krépin est souvent seul. À diverses reprises, je l’ai invité à dormir chez moi pour qu’il dissipe son vague à l’âme."
Qui anime l’ambiance dans le vestiaire ?
"Dennis. C’est un boute-en-train indomptable. Celui qui joue tranquillement avec son lap-top se verra très vite gentiment chahuté par Emmanuel."
Quel joueur brugeois s’exprime le plus ?
"Ils sont deux : Dennis et Vormer. Dennis est surtout jouette. Ruud parle d’abondance en bon capitaine et en meneur d’hommes."
Vos passions en dehors du foot ?
"La Playstadion et le kick boxing. Ma famille aussi. Ma petite fille de quatre ans est mon trésor."
Aviez-vous une idole ?
"En football, j’admirais John Terry. Mais surtout, je vénère mes parents."
Si vous n’aviez pas été footballeur…
"Je serais peut-être devenu cuisinier. J’aime bien me retrouver derrière les fourneaux. Mais cela aurait constitué un choix par défaut : j’ai toujours joué au ballon et je n’ai poursuivi qu’un seul rêve : devenir footballeur professionnel !"
"Je suscite de l’intérêt chaque saison"
Le Néerlandais est "ambitieux" mais se plaît toujours à Bruges.
En janvier 2015, Stefano Denswil avait paraphé un premier contrat brugeois jusqu’en juin 2018. Il l’a ensuite prorogé jusqu’en 2020 alors qu’il fait régulièrement l’objet de sollicitations parfois flatteuses.
"Je suscite de l’intérêt chaque saison. Si on s’intéresse à moi, c’est que je suis bon", sourit-il, serein.
Jusqu’à présent, le Club n’a jamais dû beaucoup insister pour lui faire décliner toutes les propositions…
Quatre saisons et demie dans le même club, c’est stop ou encore ?
"Je ne veux surtout pas quitter Bruges trop tôt. Je jouis, ici, de la pleine confiance de la direction, du staff et de mes partenaires. Jusqu’à aujourd’hui, je me suis toujours rendu à l’entraînement avec grand plaisir et le sourire aux lèvres. Je remarque que c’est également le cas de la très grosse majorité de mes équipiers. Je me sens toujours heureux à Bruges. Mon palmarès s’y est étoffé : j’ai remporté deux titres de champion et gagné une Coupe nationale. Ce n’est pas donné à tout le monde."
Vous allez avoir 26 ans : ce n’est pas le bon moment de relever un nouveau défi ?
"Je nourris des ambitions, comme tout joueur qui se respecte. Les miennes sont liées au foot, pas à l’argent que je pourrais gagner. Chacun voudrait évoluer au Barça. Moi aussi. Ce n’est pas le cas. Quand je fais l’objet d’une proposition, je l’étudie sereinement. On discute posément entre les parties. Si le transfert ne s’opère pas, je ne rumine pas une déception éventuelle. Le lendemain de la décision, je m’entraîne de nouveau avec le sourire."
Vous auriez pu partir à Brighon…
"Oui. Je me suis même rendu là-bas pour voir l’environnement. L’opération ne s’est pas conclue. Je n’ai nourri aucune frustration : lors du match suivant, j’ai marqué contre Mouscron. Je tenais à montrer le meilleur de moi-même pour dissiper toute équivoque. J’ai également été sollicité par Monaco, par Hambourg et par le Borussia Moenchengladbach. Je suis toujours à Bruges et j’y suis toujours bien."
Préférez-vous la Bundesliga ou la Premier League ?
"Je préfère la compétition qui me rend le plus heureux. C’est le critère qui m’importe le plus. Quand je regarde un match de la Premier League, je suis scotché à mon écran. Je me dis souvent : c’est un championnat pour moi. Mais je formule la même réflexion quand, en Bundesliga, je vois évoluer le Bayern ou Dortmund."
En évoluant plus haut, vous auriez davantage de chances d’être international…
"Peut-être, mais cette promotion ne m’obsède pas. Je suis fier d’évoluer au côté d’équipiers qui ont eu ce privilège : Vormer, Mechele, Vanaken, Amrabat, Diatta pour ne citer qu’eux. Je suis heureux pour eux. J’espère pour lui que Wesley attirera bientôt l’attention du sélectionneur brésilien."
Une nouvelle participation à la Champions League influencera-t-elle votre décision ?
"Non. Pas davantage que le nom de l’entraîneur. Ce qui m’importe avant tout, c’est que je me sente bien dans le club qui m’accueille. Je le répète : c’est le cas à Bruges aujourd’hui."
"Je suis mon propre concurrent"
Stefano Denswil livre globalement une excellente saison. À la gauche de Mechele, il incarne le second pilier de la ligne arrière brugeoise. "Mitrovic et Decarli y ont évolué une fois ou l’autre, quand j’étais indisponible. Cette sécurité toute relative ne m’enfonce pas dans un faux confort : je suis mon propre concurrent. Je m’entraîne bien. Je montre, lors de chaque séance, que je veux jouer. Je pars du principe que, si l’entraîneur me relègue sur le banc, c’est parce que je me suis révélé insatisfaisant."
Le Néerlandais livre une de ses meilleures saisons brugeoises. À l’instar de ses partenaires, il a entamé les PO1 sur les chapeaux de roue : "Est-ce ma meilleure campagne ? Je ne sais pas. Je me souviens avoir disputé de bons PO1 sous Michel Preud’homme. Cette saison, j’ai acquis une nouvelle stabilité. C’est l’indice d’une légère progression."
Son adaptation au 3-5-2 s’est opérée sans problème : " Le 4-3-3 me convient également. Il m’autorise à monter davantage, ce que j’apprécie de faire."
S’il était invité à se vendre, Stefano Denswil dirait de lui : "La vitesse n’est pas ma qualité première. Je pense compenser cette petite lacune par une bonne vision du jeu. En revanche, je dribble bien, je perds peu de duels et j’aime bien construire de l’arrière."
Toutes qualités d’un bon arrière gauche.