Ivan Leko se livre: "J’ai été bête de ne pas prolonger"
Ivan Leko a expliqué les raisons pour lesquelles il n’est plus l’entraîneur du Club.
- Publié le 25-05-2019 à 06h43
- Mis à jour le 25-05-2019 à 17h45
Ivan Leko a expliqué les raisons pour lesquelles il n’est plus l’entraîneur du Club. Ivan Leko pressentait, depuis quelque temps déjà, que le Club Bruges ne prolongerait pas son contrat. Il n’a donc pas tressailli quand, lundi dernier, le président Bart Verhaeghe le lui a signifié officiellement : "Le président ne m’a pas motivé sa décision. Je ne veux d’ailleurs pas en connaître les raisons. Rationnellement, il n’y en a pas. Quand, dans un top club, un entraîneur forge des résultats, fait développer du bon footall et fait progresser les joueurs, il a réussi sa mission. C’est ce à quoi nous sommes parvenus : notre football fut le meilleur de ces dix dernières saisons."
Comment Ivan Leko explique-t-il alors qu’il ne soit plus l’entraîneur du Club Bruges ?
"Je l’ignore totalement, je le jure sur la tête de mes jumelles. Qu’on ne se méprenne pas : je serai éternellement reconnaissant à Bart Verhaeghe et à Vincent Mannaert de m’avoir offert ce poste. Il y a deux ans, j’incarnais peut-être le 15e candidat et, comparé à Preud’homme, je ne jouissais d’aucune réputation. Pour le Club, c’était un fameux pari. La presse s’est même gaussée du choix du Club. Cependant, les dirigeants m’ont laissé travailler pendant deux saisons. C’est la raison pour laquelle je ne leur ai pas demandé d’explication. Mais il était clair, depuis un certain temps, qu’ils n’allaient pas me proposer de prolonger. Un second titre de rang n’aurait rien changé."
Un refus mal accepté
L’été dernier, le Club a soumis à Ivan Leko une proposition de prolongation. Ce dernier l’a déclinée. La rumeur a circulé qu’il souhaitait obtenir le même contrat financier que Preud’homme ou Vanhaezebrouck : "Ce n’est pas la vérité et cela me dérange beaucoup qu’on colporte cette rumeur. La vérité est celle que je vais vous détailler. Je pouvais améliorer mon contrat, qui s’achevait en mai 2019. Le Club m’a proposé un meilleur salaire, une saison supplémentaire - jusqu’en 2020 - avec une option pour un an de plus si nous terminions parmi les trois premiers. J’ai décliné. Je voulais un contrat qui s’apparente à un signal fort. On venait de remporter le titre : la proposition qu’on me soumettait ne diffusait-elle pas un mauvais message ? Si le Club m’avait dit, pendant l’été 2018 : ‘voici un nouveau contrat de deux ans’, j’aurais signé tout de suite."
Aujourd’hui, Ivan Leko nourrit des regrets : "J’ai été bête de ne pas accepter la proposition du Club. Sur le plan financier, tout au moins. J’aurais dû signer pour l’argent. Je touchais 30 % du salaire de mon prédécesseur. J’ai demandé d’en obtenir 60 %. Mon refus a stupéfié Bart Verhaeghe, qui avait donné sa chance à un nobody . Suis-je trop fier, trop bête ou trop romantique ? J’ai dit à Bart : ‘j’espère qu’un jour vous reviendrez vers moi. Si vous ne le faites pas, je continuerai à bosser dur’. Ce fut le début de la fin. Pendant notre stage d’hiver, au Qatar, j’ai deviné que notre aventure commune prendrait fin au terme de la saison..."
"Loïs Openda est l'avenir du club"
L’entraîneur croate se flatte d’avoir bonifié la valeur marchande de ses joueurs.
Sous l’égide d’Ivan Leko, la valeur marchande de plusieurs titulaires du Club Bruges a singulièrement crû.
L’entraîneur croate a lui-même complaisamment avancé quelques chiffres évocateurs : "La Ligue des champions a rapporté 30 millions d’euros au Club. Et comparativement à il y a deux ans, Wesley, pour ne citer que lui, est passé de 4 à 25 millions d’euros."
Un Wesley à qui on reproche pourtant de ne pas marquer suffisamment : "Son profil, très spécifique, peut faire le bonheur de n’importe quel club. Mais il n’est pas le seul dont la valeur marchande s’est accrue. Limbombe a été enrôlé pour deux millions d’euros et revendu pour 12. Danjuma a coûté deux millions d’euros. Il en vaut aujourd’hui 15. Dennis est passé de 1 à 10 millions, Diatta a bondi de 2,5 à 10 millions également. Mechele n’était personne : il est devenu international. Schrijvers était certes talentueux mais il est coté aujourd’hui à 15 millions d’euros."
et de continuer : "Prenez Openda : il n’est pas spectaculaire, le dribble et le tir ne sont pas ses points forts. Mais il provoque toujours la panique dans la défense adverse. Il représente l’avenir. Dans deux ans, il pourrait valoir 15 millions, lui aussi."
Ivan Leko explique enfin pourquoi il a préféré Mats Rits à Marvelous Nakamba, un des artisans du titre de 2018 : "Quand on joue en bloc, proche l’un de l’autre, Nakamba est supérieur. Quand on impose souvent la pression, Rits est meilleur. Il s’inscrivait mieux que Nakamba dans notre système. Il était au service de Vormer et Vanaken. Si nous avions opté pour deux médians défensifs, la paire Amrabat - Nakamba était imparable. Mais l’espace de manœuvre de Vormer et Vanaken aurait été trop restreint. Et quels joueurs ont gagné les matchs pour le Club ? Vanaken, Vormer, Schrijvers et Wesley."
"Je veux atteindre le sommet"
Ivan Leko n’entraînera qu’un club dans lequel il se sentira apprécié.
Fin mars, lors d’une de ses conférences de presse, Ivan Leko a créé la surprise en avouant : "J’ai pris ma décision concernant mon avenir."
Il le regrette aujourd’hui : "Ce n’était pas malin de ma part. Ce n’était pas mon intention non plus. Mais je lisais chaque jour que le Club doutait de moi. Je me suis donc lâché alors que tout le monde savait que je voulais rester."
Ivan Leko n’a jamais noué avec Vincent Mannaert les relations d’amitié qu’ont liées le CEO du Club à Michel Preud’homme : "Je fais beaucoup de sentiment mais je n’offrirai jamais un verre à quelqu’un pour que ce dernier me trouve bien. Si on m’aime, c’est bien, si on ne m’aime pas, c’est bien aussi. J’ai muselé mon ego et je suis toujours resté positif. Mais quelque chose s’est cassé ; c’est indéniable. Surtout quand on lit depuis trois mois qu’on cherche un nouveau coach. Heureusement, ma collaboration avec mes deux staffs, technique et médical, est restée optimale. Je m’en étais ouvert aussi auprès de mes joueurs importants. Ils ne m’ont jamais lâché. Je voudrais encore ajouter ceci : pour un entraîneur, c’est très facile de travailler pour le Club Bruges. Sur le plan des structures et de l’organisation, le Club est au top en Europe et le numéro un en Belgique."
Quel va être l’avenir d’Ivan Leko, qui a prouvé qu’il pouvait forger des résultats en développant un football attractif ? "J’attends. Comme entraîneur, je veux atteindre le sommet. Peut-être resterai-je en Belgique. Peut-être partirai-je à l’étranger. Peut-être aussi ne ferai-je l’objet d’aucune proposition intéressante. On verra bien. Une chose est sûre : je peux m’adapter partout. Mais je ne solliciterai rien. Je suis un coach empli de sentiments, qui doit sentir le même courant de la part de l’autre partie. Quand c’est le cas, je donne toujours le maximum de moi-même."
Explications : "Pourquoi nous avons perdu le titre"
Ivan Leko a évoqué quatre raisons qui pourraient expliquer la perte du titre. Il exclut fermement les prestations en demi-teinte de Karlo Letica en début de saison : "Il aurait pu se lier à la Fiorentina ou même au Real Madrid. C’est un bon gardien, croyez-moi. Il a surtout eu de la malchance."
L’entraîneur croate incrimine plutôt d’autres facteurs…
1. L’état du terrain
"Pendant trois mois, nous avons dû subir l’état exécrable de notre pelouse. Ce n’est pas un hasard si, pendant cette période, nous avons perdu dix points chez nous."
2. "Le VAR nous a lésés"
"Prenez le match à Genk. Au repos, le Ra cing pouvait s’être détaché à 3-0. C’était 1-1. Sans le penalty sifflé pour un hands imaginaire de Mechele, nous n’aurions jamais perdu ce match. Ajoutez à cela le penalty sur Openda non sifflé à l’Antwerp et le but curieusement refusé au Standard : cela fait beaucoup."
3. La Champions League
"Nous avons perdu à trois reprises des points à domicile après un match de Champions League."
4. Les règles non écrites
"En football, on doit parfois respecter des règles non écrites qu’on doit taire à la presse mais qui ont joué un rôle dans notre échec."