Ethan Horvath: "Solskjaer est le premier à avoir cru en moi"
Le repenti, peut-on l'appeler. De paria à gardien qui ne prend pas un but en Ligue des Champions, Ethan Horvath revient en force et sur sa carrière un peu folle.
- Publié le 24-02-2019 à 08h18
- Mis à jour le 24-02-2019 à 08h33
Le repenti, peut-on l'appeler. De paria à gardien qui ne prend pas un but en Ligue des Champions, Ethan Horvath revient en force et sur sa carrière un peu folle.
La galère : "J’aurais pu faire comme beaucoup, abandonner mon rêve européen"
La saison de la galère. Difficile de mieux qualifier le dernier exercice d’Ethan Horvath (23 ans) à Bruges. Le jeune espoir américain débauché à Molde a enchaîné les erreurs et n’a pas fait long feu dans les cages du Jan Breydel.
"Je n’aime pas trop repenser à ces moments. C’est passé et ça fait partie du foot", se contente-t-il de dire, un peu dégoûté.
Difficile de ne pas compatir. À 22 ans être subitement sorti de l’équipe par Ivan Leko lui a donné un gros coup au moral. Il reste philosophe a posteriori. Surtout depuis qu’il est de retour dans les cages.
"Le coach décide de qui il fait jouer et à un moment donné, il ne voulait plus m’utiliser. Les premiers jours et même les premières semaines étaient durs pour moi. J’ai été très soutenu par ma famille et ma compagne. Ils m’ont poussé à poursuivre et à y croire. Je devais être prêt au cas où l’équipe avait besoin de moi. C’est finalement arrivé à trois matches de la fin de la compétition."
Cinq concurrents se sont enchaînés et Letica, un grand espoir croate acheté à coup de millions, est arrivé pour s’installer dans les buts. Un énorme échec qui a remis Horvath sur le devant de la scène.
"J’étais jeune et je ne savais pas trop comment gérer cette situation avec beaucoup de gardiens. Mon entourage a tout fait pour me garder dans le droit chemin. Beaucoup de jeunes Américains qui viennent en Europe abandonnent leur rêve et retournent en MLS. Ma famille m’a dit que mon travail allait payer. J’ai continué de croire en mes qualités."
Sa force est de ne jamais avoir lâché prise. Les erreurs et la mise de côté ne l’ont pas traumatisé. Au contraire. Il a attendu son tour. Patiemment. "Je savais que tout pouvait arriver. Vermeer s’est blessé, Gabulov n’était pas au top. J’ai reçu ma chance à Charleroi. Puis face au Standard pour le titre. J’y suis arrivé grâce à mes proches et à mon mental."
Les débuts en Europe : "Mes parents ont vendu leur maison et leur voiture pour moi"
Ethan Horvath n’a que 16 ans quand il quitte son Colorado natal pour la Norvège. Dans ses bagages, il embarque ses parents.
"Ils ont vendu leur maison et leur voiture pour m’aider à réaliser mon rêve. Mon père était enseignant et a pris un congé sans solde. Ils se sont sacrifiés durant plus de deux ans alors que je m’entraînais et tentais de me développer à Molde. Jusqu’à ce que le premier gardien quitte le club et que je reçoive ma chance. Ça se passait bien, nous avons joué l’Europa League. J’ai réalisé de bons matches et Bruges m’a repéré."
L’amour de son père pour le soccer a bien aidé. "C’était un ancien attaquant. Mon oncle était défenseur. Même ma mère a joué au football. Mais je suis le premier gardien de but. J’ai décidé d’évoluer à ce poste quand j’avais 7 ans. Je n’ai pas changé d’avis depuis."
Quand il repense à sa période à Molde, il a une pensée affectueuse pour Ole Gunnar Solskjaer, son coach de l’époque.
"Je l’ai directement félicité pour son poste à Manchester United. C’est spécial de le voir sur le banc des Red Devils car il a été mon premier coach. Solskjaer est le premier entraîneur à avoir cru en moi et à m’avoir offert mon premier contrat en Europe."
La politique: "Donald Trump? Ça ne me concerne pas"
Difficile quand on discute avec un Américain de ne pas évoquer la politique de son pays et Donald Trump, le personnage haut en couleurs à la tête de celle-ci.
"Ça ne me concerne pas. Je dois être honnête : ce ne sont pas mes affaires et je n’aime pas trop en parler. Je sais qu’il s’agit de mon pays mais je vis en Europe depuis des années maintenant. Je remarque qu’en Belgique et même dans toute l’Europe, les gens ont tous la même vision de Trump. Que voulez-vous que je dise ? Il est président des États-Unis et moi je suis un footballeur qui tente de gagner sa croûte en Europe. (rires) Je n’y connais rien en politique. Je préfère être juste un bon gardien pour le Club Bruges."
Ses bons matches : "Mon plus beau souvenir ? Monaco et le Standard"
Ethan Horvath a une particularité : il n’a pas encaissé le moindre but en Ligue des champions. Il a participé à trois des six matches avec deux nuls face à Dortmund et l’Atletico Madrid et une victoire 0-4 à Monaco. "On me l’a dit mais je n’en savais rien… C’est cool hein ?"
La victoire face aux Français restera gravée dans sa mémoire. "C’était mon meilleur match sous la vareuse de Bruges. Mon premier match de Ligue des Champions aussi. Nous avons gagné 0-4, un résultat historique pour un club belge en C1. J'ai été important pour l’équipe en réalisant plusieurs arrêts cruciaux."
Son autre souvenir préféré date de mai dernier, lors du match pour le titre face au Standard. "Tu n’es pas champion tous les jours, hein. C’était un match plein d’émotions. Je m’en souviendrai. Tout comme de mes rencontres en Ligue des Champions."
Sa jeunesse : "Le basket et le baseball m’ont aidé"
Le football est en pleine croissance sur le nouveau continent mais reste bien loin des sports américains. Comme tout gamin actif, il a touché à d’autres sports avant de se fixer sur le football.
"C’est quand je suis arrivé en U11 que j’ai arrêté les autres sports à l’école. C’était un choix logique. Mon père était coach à l’école. Mais je peux affirmer que le basket et le baseball m’ont aidé à me développer comme gardien. Dans la coordination des yeux et des mains, par exemple."
Il faut dire que le paternel Horvath est un passionné. Il parle même d’un microbe foot dans la famille. "Nous regardions les matches du Bayern Munich sur une chaîne allemande que nous parvenions à capter. Mon oncle et lui sont fans. Nous ne regardions pas la Premier League mais bien la Bundesliga. J’étais super-heureux en janvier quand nous nous sommes entraînés à côté du Bayern au Qatar."
Le remplaçant d'Hazard : "Pulisic est mon meilleur ami dans le football"
Ethan Horvath connaît du beau monde. Et en particulier un joueur qui brille en Europe : Christian Pulisic. La star de Dortmund est un des grands potes du gardien de Bruges.
"Je le considère comme mon meilleur ami dans le monde du football. Nous nous sommes rencontrés en équipe nationale. Nous y avons débuté au même moment sous les ordres de Jürgen Klinsmann. Christian et moi partagions la même chambre à chaque rassemblement."
L’équipe compte surtout des cadres âgés comme Tim Howard, Client Dempsey ou Josy Altidore. Pas étonnant que les deux gamins se sont soutenus. "Nous avons le même âge, les mêmes centres d’intérêt. On aimait regarder les mêmes trucs à la télévision, écouter la même musique. C’était spécial de jouer face à lui contre Dortmund. Quatre jours avant, nous jouions ensemble face à l’Italie."
Le joueur de Dortmund n’a pas impressionné face à Bruges. La défense des Blauw en Zwart avait pour tâche de ne pas le laisser jouer. "Et je n’ai donc dû arrêter qu’une seule de ses frappes."
Il aura la lourde tâche de faire oublier Eden Hazard à Chelsea l’été prochain (si le Belge part vu l’interdiction de transférer des Blues). "J’espère que ça ira", confie Horvath. "Son but est de toute façon d’aller le plus haut possible. Il a mérité son transfert à Chelsea en travaillant dur et en prouvant son talent. Je suis curieux de le voir en Premier League. Je pense qu’il peut y réussir."