Emmanuel Dennis, buteur plutôt que… prêtre !
Emmanuel Dennis a crevé l’écran à Bernabeu mais il en veut davantage.
- Publié le 06-10-2019 à 08h22
Emmanuel Dennis a crevé l’écran à Bernabeu mais il en veut davantage. Il avait promis de se faire tatouer s’il marquait à Bernabeu. "C’était pour rire", s’est-il défilé. Emmanuel Dennis a crevé l’écran, au Real. La toile a répercuté la célébration de ses deux buts, à la manière de Ronaldo, une de ses idoles, avec Ibrahimovic : "Zlatan parle comme un chef. Il a besoin de défis et n’est pas le plus facile à gérer. C’est un travailleur. J’en suis un également."
Emmanuel Dennis n’a que 21 ans. La vie a déjà marqué cet enfant de Bauchi State, petite cité du nord du Nigéria. Il a perdu son père à huit ans. Il en avait dix quand sa mère, que le chagrin avait rendue malade, est décédée à son tour, presque dans ses bras. Un de ses frères l’a alors accueilli à Lagos. "Le football ne m’intéressait pas. J’étais le dernier à qui on faisait appel pour compléter l’équipe. À l’époque, je voulais devenir… prêtre."
Il a troqué ses aspirations sacerdotales contre des souliers de foot. "Mon frère voulait que je me concentre sur mes études. Alors, je jouais pendant les services religieux."
Dennis intégra l’académie de foot de Clemens Westerhof, l’ancien sélectionneur néerlandais du Nigéria, qui avait découvert Daniel Amokachi. Il rallia ensuite l’Abuja Foot Collège, d’où émane Okereke. L’école était corrompue. Les passeports furent confisqués. Quand Dennis récupéra ses documents, la Croatie avait repris le collège. Le Brugeois refusa d’aller s’établir à Rijeka. À 16 ans, il était sans école et sans club. Un ancien ami de son père l’attira en Ukraine. Dennis évolua quelques mois à Kharkov, en D2, avant d’être repéré par le Dinamo Kiev. Rebuté par les exigences financières de son manager, le Dinamo ne l’enrôla pas. Le bureau d’agents où travaille Sergyi Serebrennikov, l’ancien Brugeois, le proposa à Luhansk. Une saison et six buts plus tard, Bruges l’attira.
Dennis inscrivit 5 buts lors de ses 5 premiers matchs. En octobre 2017, il refusa de serrer la main d’Ivan Leko, lors d’un remplacement. Il joua moins souvent par la suite. Il envisagea un départ. Monaco et Sheffield United l’ont sollicité. Ils offraient 10 millions €. Le Club en exigeait 15. La qualification contre Linz incita Dennis à rester à Bruges.
Le contact passe bien entre Philippe Clement et l’ailier nigérian : "Dennis n’a pas encore exprimé le meilleur de lui-même. C’est normal, à son âge. Mais son potentiel est énorme. Il progresse aussi sur le plan tactique."
"Je veux atteindre le niveau de Ronaldo et de Messi", claironne Dennis. "Je n’aime pas me reposer sur mes lauriers."