Brandon Mechele y croit encore: "Genk champion ici ? C’est inconcevable !"
Brandon Mechele pense que Bruges peut encore être champion de Belgique.
- Publié le 10-05-2019 à 07h35
- Mis à jour le 10-05-2019 à 12h11
Brandon Mechele pense que Bruges peut encore être champion de Belgique. Son ton est à l’image de son style : posé. Brandon Mechele (26 ans) découpe chaque syllabe, analyse chaque mot avant de le faire sortir dans un néerlandais teinté d’un léger accent ouest-flandrien. Comme quand il est sur le terrain et qu’il passe son scanner pour comprendre comment fonctionne l’équipe adverse.
Longtemps jugé juste suffisant pour entrer dans la rotation brugeoise, le natif de la côte belge est devenu l’un des patrons du Club et le leader de sa défense. Une position qui lui permet de donner une opinion franche sur son équipe et sa propre évolution.
Brandon, ce match contre Genk va décider du titre. À quel point l’appréhendez-vous ?
"Nous avons perdu à l’aller et nous sommes derrière eux. Tous les matchs sont importants mais celui-ci est crucial. Si nous ne gagnons pas, c’est terminé. Nous n’avons donc pas le choix."
Pensez-vous encore pouvoir être champions ?
"Tout est possible. Si nous parvenons à leur mettre la pression, à les faire stresser, cela peut tout changer. Nous pouvons être champions. Six points, c’est beaucoup mais pas tant que ça au final. Genk est presque champion mais dans quelques jours, les Limbourgeois peuvent aussi être dans le doute. C’est notre avantage."
Quel pourcentage de chances vous donnez-vous d’être champions ?
"C’est encore du fifty-fifty."
Vraiment ?
"Allez, peut-être un peu moins mais j’y crois vraiment. Nous n’avons pas le choix, sinon autant arrêter maintenant. Puis, quand on voit encore comment les supporters mettent le feu aux matchs à domicile, ça donne envie de faire le job jusqu’au bout. Dans le vestiaire, on en parle un peu mais sans trop se prendre la tête."
Cela vous ferait mal de voir Genk devenir champion sur votre pelouse…
"Cela ne peut pas arriver. Absolument pas. C’est inconcevable. Nous allons tout faire pour que ça ne se produise pas. Anderlecht l’a déjà fait sur notre pelouse (NdlR : en 2010) . Je ne jouais pas encore mais je pense que ça doit faire mal qu’un adversaire prenne le titre sur ton terrain."
On pensait que Bruges allait marcher sur les PO et finalement vous avez le même rendement que Genk qu’on pensait fatigué…
"La situation est complètement folle. Jamais les équipes de tête n’ont pris autant de points. On a déjà plus de points que l’année passée quand nous avons été champions. Nous avons fait de super bons playoffs jusqu’ici. C’est contre Genk que ça a un peu coincé. Nous n’avons pas joué un bon match mais Genk ne devait pas nous battre. Ce penalty qu’on siffle contre nous (NdlR : sur une faute de main de sa part) n’en était pas un. Cela a changé le match. On aurait pu prendre un point même s’il n’était pas spécialement mérité."
L’arbitrage a aussi été en votre défaveur à l’Antwerp…
"Nous aurions dû bénéficier d’un penalty après trois minutes de jeu. À nouveau, trois points nous échappent. Les arbitres sont une explication à nos points perdus mais nous n’avons pas toujours été au top non plus. Nous avons laissé filer trop de points en compétition régulière. Si on avait démarré les playoffs à hauteur de Genk, ça aurait été une autre histoire."
Est-ce dû à la Ligue des champions ?
"On en a un peu payé le prix. Elle nous a demandé beaucoup de concentration et il y en avait un peu moins en championnat par la suite."
Le point positif des playoffs est à trouver en défense. Vous encaissez peu…
"On a tenu cinq fois le zéro en sept matchs. Cela facilite les choses. Nous n’y sommes pas parvenus en saison régulière."
Clinton Mata est-il l’explication à ce renouveau ?
"Il est plus à l’aise au ballon, oui, mais Poulain ou Mitrovic ont aussi bien fait le boulot. Mata apporte un bon mix. Il nous amène de la vitesse. J’ai moins d’automatismes avec lui qu’avec les autres mais tu sens que c’est un bon joueur."
Personnellement, vous avez passé un cap ?
"J’étais bien toute la saison. Je suis en confiance. Le fait de devenir Diable rouge m’a aussi donné un boost. Je sens qu’on en attend plus de moi, que je dois faire mieux. L’an passé, on me laissait davantage jouer, j’avais de l’espace. On me presse plus qu’avant. Je suis plus surveillé. C’est bon signe. On a souvent dit de moi que je n’étais pas assez bon balle au pied mais je pense prouver le contraire en grandissant. Je suis devenu un joueur plus complet."
Un leader, également !
"J’essaie de coacher au maximum. C’est lié à ma tâche dans l’axe. Je dois guider les gars autour de moi. Je joue beaucoup sur l’anticipation et la lecture du jeu. J’aime bien analyser les lignes de course de mon attaquant, comprendre à l’avance ce qu’il veut faire. Nous jouons super haut et avec peu d’éléments défensifs donc il faut couvrir notre dos et ça passe par l’analyse et la communication."
Avez-vous une grosse marge de progression ?
"Oui et à beaucoup de niveaux !"
Devez-vous partir pour encore grandir ?
"Tant qu’on encaisse encore, je peux mieux faire. Je n’ai pas fait le tour de la question à Bruges. Je suis bien ici. Si je joue chaque année en Coupe d’Europe et que j’évolue encore, pourquoi partir ? Il n’est pas obligatoire d’aller à l’étranger. Après, je ne dis pas non si l’offre est fabuleuse. Mais je ne pousserai pas pour m’en aller."
L’étranger reste un objectif ? Vous avez un format taillé pour l’Angleterre ou l’Allemagne…
"Je me demande parfois si je peux atteindre ce genre de compétition. Je pense en être capable mais je n’y aurai aucune sécurité. Je n’aimerais pas faire une saison sur le banc… Je suis conscient que je ne jouerai pas dans un club du top absolu. Si je vais en Angleterre, c’est pour jouer le milieu ou le bas de tableau. C’est plus sympa de jouer pour les trophées, non ? Avec tout le respect que j’ai pour les plus petites équipes de ces championnats, je préfère jouer le top et l’Europe avec Bruges que de me battre pour rester parmi l’élite. Beaucoup de joueurs n’ont plus cette mentalité. Les agents les rendent fous avec l’argent. J’en gagne assez ici et je suis bien dans ma peau. C’est le principal."
"En fait, les Diables sont des gars normaux"
Brandon Mechele profite de chaque sélection sans se prendre la tête.
Dans les tribunes du Jan Breydelstadion, il n’est guère étonnant d’apercevoir le crâne rasé de Roberto Martinez. Le sélectionneur national compte deux Brugeois parmi ses nouveaux joueurs sélectionnés pour la première fois ces derniers mois : Hans Vanaken et Brandon Mechele.
Il ne serait d’ailleurs pas étonnant de l’apercevoir lors du choc de ce week-end entre Bruges et Genk. "Il a un gros suivi de ses joueurs", explique Mechele.
Quelle est votre relation avec le sélectionneur ?
"Elle est bonne. Il me demande souvent comment je vais, comment je me sens. Il parle souvent à ses joueurs en expliquant, par exemple, ce qu’il attend de sa défense. Il met d’autres accents qu’Ivan Leko. Chez les Diables, les trois défenseurs jouent plus ouvert et il demande beaucoup de pressing. On travaille beaucoup la relance et la possession de balle. On doit jouer plus compact à Bruges."
Progressez-vous au contact de ce groupe ?
"C’est hyper enrichissant de travailler avec les Diables. Même à l’entraînement, je m’imprègne de ce que je vois. Je ne demande pas spécialement beaucoup de conseils. Enfin, si, parfois à l’entraînement mais souvent les joueurs viennent de leur plein gré pour me dire ce qu’ils attendent de moi. C’est sympa de recevoir des conseils de gars que tu prends dans ton équipe à Fifa."
Vous êtes-vous bien intégré dans ce groupe ?
"Oui, ils sont vraiment chouettes. La première fois, cela m’a fait bizarre car j’ai été choqué d’à quel point ils sont normaux. Je pensais qu’ils étaient plus arrogants mais ils sont super sympas et accueillants."
N’avez-vous pas de souci lorsque vous défendez contre des joueurs du top mondial ?
"J’essaie d’arrêter Hazard, mais c’est chaud. Il est tout calme puis, d’un coup, il est parti. L’affronter est une super école pour moi."
Rassurez-vous, il n’y a pas d’Hazard en Pro League…
"Si, il y a Kylian au Cercle, mais ce n’est pas pareil (rires) . Eden, c’est juste un défi d’essayer de le stopper."
Et Romelu, contre qui vous bossez à l’entraînement ?
"Il faut essayer de prendre le dessus sur lui car c’est un ours. Il est hyper-puissant. Parfois je réussis à le bloquer et parfois il passe."
Votre objectif est d’aller à l’Euro 2020 ?
"Oui, c’est un rêve. Je veux en être le plus souvent possible. J’espère encore être sélectionné en juin. Nous sommes beaucoup de défenseurs mais je réalise une bonne fin de saison. Ce serait aussi chouette de pouvoir recevoir quelques minutes aussi, car je n’ai pas encore pu monter au jeu."
Vous êtes l’un des plus jeunes défenseurs de la sélection et pouvez penser à plus long terme…
"Jason Denayer est plus jeune que moi mais c’est le seul. Beaucoup de défenseurs sont trentenaires mais peuvent encore faire un bout de chemin avec cette équipe. Après, pourquoi ne pas tenter d’être la défense du futur avec Jason et un gars comme Vanheusden qui est souvent cité comme futur Diable ?"