Au téléphone, la mère de Percy Tau lui parle d’abord de l’école
Le Sud-Africain Percy Tau est une personnalité atypique dans le monde du foot.
- Publié le 22-11-2019 à 17h07
- Mis à jour le 22-11-2019 à 17h08
Le Sud-Africain Percy Tau est une personnalité atypique dans le monde du foot. Depuis un bon mois, Percy Tau s’est fait plus discret sur le flanc droit de la ligne offensive du Club Bruges. L’attaquant de soutien sud-africain ne s’est pas recroquevillé dans sa coquille. Le jugeant simplement un peu fatigué, Philippe Clement l’a davantage ménagé.
Percy Tau ne s’est toutefois pas reposé pendant la trêve internationale. Il est allé recharger ses accus en disputant deux rencontres avec sa sélection nationale, dont il incarne une valeur sûre : au Ghana le 14 novembre dernier et contre le Soudan trois jours plus tard.
Révélé par l’Union Saint Gilloise, le petit ailier de poche n’a pas manqué ses grands débuts en Pro League cet été avec son nouveau club : il a inscrit un but lors de ses deux premières apparitions, contre Saint-Trond puis à Ostende. Il n’a pas tardé à faire apprécier sa célérité, son sens du dribble, sa force de pénétration et même un sens du jeu collectif assez développé.
1 C’est une superstar des réseaux sociaux
Il s’est fondu en souplesse dans son nouvel environnement et a ainsi vite conquis le public du stade Breydel. "C’est un honneur pour moi de vivre en Belgique. J’ai reçu un accueil chaleureux de la part du Club et de ses supporters. Je leur en serai toujours reconnaissant. Sportivement, la différence est énorme entre l’Union et Bruges. Je m’attendais à cet écart. Bruges est un grand club mû par de grandes ambitions. Il m’offre la possibilité de progresser, moi qui n’ai pourtant jamais bâti le moindre plan de carrière."
Depuis son arrivée - pour une saison - au Club Bruges, Percy Tau crève l’écran dans son pays natal : "L’enthousiasme que je suscite sur Facebook et sur les autres médias sociaux est phénoménal, s ’étonne-t-il avec ravissement. Si j’apprécie vivement leur soutien, je ne m’explique pas bien le fanatisme de mes supporters si ce n’est que les Sud-Africains en général sont fous de leurs compatriotes qui réussissent à l’étranger. Dans mon chef, cela a toujours été le cas : les gens veulent tout savoir de moi. Ils me voient comme un modèle et une source d’inspiration, même s’ils ignorent quels combats j’ai parfois dû mener pour en arriver là où je suis aujourd’hui."
Percy Tau est presque gêné de cet engouement pour sa personne, qui heurte sa personnalité profonde. Le petit Sud-Africain n’est pas près de se brûler aux feux de la rampe, ni d’étaler ses états d’âme dans les médias, lui qui a toujours préféré côtoyer les gens paisibles que parader dans de somptueuses voitures. Aussi modeste et réservé dans la vie courante qu’il peut se comporter comme un roquet insaisissable sur les pelouses, Percy Tau ne se complaît vraiment que dans l’anonymat : "J’apprécie la vie en Belgique. À Bruges, j’ai trouvé le calme que j’ai toujours recherché. Il est important pour moi d’être entouré d’arbres et de verdure."
2 Il est diplômé depuis un an et poursuit ses études
Cet enfant de Witbrank, une cité proche du célèbre parc Kruger, vit pourtant deux vies, dans la plus grande discrétion. Il a grandi à Pretoria, une ville réputée pour ses universités. Tau a étudié dans l’une d’entre elles : "Ma mère a toujours tenu à ce que ses enfants s’attachent à se bâtir un avenir. Elle attache une énorme importance à l’enseignement. Mes sœurs travaillent. L’une est policière, l’autre s’active dans un salon de beauté. Mes frères et moi avons étudié."
L’an dernier, tout en se révélant en D1B belge, Percy Tau a obtenu son diplôme en marketing, pour le plus grand bonheur de sa maman, qu’il vénère. Il sourit : "Quand ma mère me téléphone, elle hiérarchise soigneusement ses questions. Elle m’interroge d’abord sur mes études : as-tu bien fait tes devoirs ? Quand dois-tu faire une présentation ? Ce n’est qu’ensuite qu’elle me demande contre qui j’ai joué. Enfin, elle veut savoir quelle vie je mène au quotidien et dans quel microcosme je baigne."
Studieux, Percy Tau ne se contente pas de son diplôme en marketing : "Je m’attelle à un post-graduat en management." Il s’y emploie alors qu’en sport, sa charge de travail a considérablement augmenté puisque le Club Bruges dispute également la Champions League. "Je n’ai pas beaucoup à faire", rassure le sud-Africain. "Je peux opérer mes recherches par téléphone, demander des explications par mail. Cela arrive rarement. Je préfère opérer mes recherches par moi-même. Toutefois, quand je dois me rendre dans une bibliothèque, je demande volontiers de l’aide aux personnes compétentes. Je veille aussi à me ménager un temps de repos suffisant pour ne pas nuire à mon rendement sportif."
3 Il a déjà gagné la Ligue des champions en Afrique
Percy Tau a toujours veillé à ce que ses deux vies soient bien distinctes l’une de l’autre : rares sont ses supporters, qui l’ont applaudi récemment au Real Madrid, qui savent qu’il est diplômé. De même, la plupart de ses professeurs d’université ignorent qu’il est aussi footballeur professionnel : "J’ai toujours voulu cela. Mes deux vies n’ont rien en commun. Il m’aurait manqué quelque chose si je n’avais été que footballeur professionnel. Pour s’épanouir, un être humain doit aussi être soi-même. Ma mère exigeait que j’étudie mais je le voulais également. Dans notre culture, on écoute toujours ses parents."
Percy Tau vit seul en Europe : "Cela ne me dérange pas. Quand leurs activités leur en ménageront l’occasion, ma mère et ma fratrie viendront me rendre visite."
Ce prochain mardi, Percy Tau se déplacera à Galatasaray pour un match crucial en Ligue des champions. Il n’y sera pas dépaysé. En 2016, il a remporté la Champions League africaine avec Mamelodi Sundowns, son premier grand club : "Les deux compétitions sont spéciales mais elles ne se ressemblent pas. Voyager en Afrique est toujours une aventure. On parcourt des distances énormes, on baigne dans des climats différents et on est en butte à diverses formes d’intimidation."
Percy Tau se prépare également à vivre une période un peu difficile : "En Afrique du Sud, l’hiver est bien plus doux qu’en Belgique. En dessous de 15 °, je trouve qu’il fait très froid. J’ai déjà disputé des matchs par - 5°: c’était l’horreur !"
Percy Tau se protège comme il peut : "En hiver comme en été, j’enveloppe toujours mes pieds dans des bas de laine. Je m’habille toujours chaudement car je veux absolument prévenir tout accès de grippe ou même tout refroidissement."