Enquête sur les stades belges: Mouscron et Eupen, le cocktail de l’échec
Les mauvais élèves en matière d’assistance ont peu investi dans leur stade, n’arrivent plus à convaincre leurs fans de leur projet et ont des résultats difficiles.
- Publié le 18-01-2019 à 12h22
- Mis à jour le 18-01-2019 à 12h42
Les mauvais élèves en matière d’assistance ont peu investi dans leur stade, n’arrivent plus à convaincre leurs fans de leur projet et ont des résultats difficiles. Vous avez déjà mis les pieds au Freethiel, au Canonnier, à Daknam ou au Kehrweg ? Alors vous comprenez certainement pourquoi ces quatre stades sont rassemblés sous une même catégorie : celle des mauvais élèves de D1.
Les quatre ont un gros point commun en matière de chiffres : ils sont tous en dessous des 5 000 spectateurs de moyenne. Et ce sont les seuls de Pro League à afficher des statistiques aussi désastreuses.
Vieux stades, peu de supporters
Les chiffres ne cessent de chuter pour ces clubs. Lokeren a, par exemple, perdu 2 035 supporters (-28 %), en 10 ans.
Et ce, malgré de belles années dans ce laps de temps. Pour Beveren, c’est moins marqué mais la chute d’assistance à hauteur de 5,5 % (453 supporters) est à noter. Mouscron et Eupen sont plus stables concernant le nombre de supporters mais possèdent un taux de remplissage parmi les plus mauvais de l’élite (le Cercle est le pire vu qu’il occupe le stade du Club avec 6 079 personnes en moyenne).
Le Canonnier n’est rempli qu’à 29,53 % (3 198 spectateurs) et le Kehrweg (3 137 spectateurs) à 37,51 %.
La vétusté des installations est une première donnée qui permet de comprendre pourquoi. Les stades n’ont que peu évolué ces dernières années. On n’en est pas à des banquettes en bois comme dans certains stades d’une autre époque mais le confort laisse à désirer.
Mal situés
Moderniser le stade est une base mais n’explique pas tout. Les quatre clubs cités ont un énorme souci géographique. Mouscron est loin de tout pour beaucoup de Wallons. "Et on a la concurrence de Courtrai en Flandre mais surtout de Lille qui fait une bonne saison", explique Thierry Van Weehaeghe, supporter engagé de longue date des Hurlus. "Il y a du spectacle et du confort au Losc et ce n’est pas plus loin que Mouscron pour les Tournaisiens, par exemple."
Lokeren et Beveren se font de la concurrence et sont écrasés entre, à l’ouest, Gand et, à l’est, les clubs anversois. Eupen est, lui, situé dans une région où on préfère la Bundesliga à la Pro League.
Des résultats difficiles et un manque de spectacle
Eupen réussit actuellement une saison convaincante et ne peut se baser sur les résultats pour expliquer son manque d’attractivité.
Il n’est par contre pas étonnant de voir que les trois des quatre plus pauvres assistances du pays se retrouvent actuellement aux places du fond au classement.
"Il y a un manque d’ambition dans le club", poursuit Weehaeghe. "Nous avons débuté la saison sans équipe et sans ligne directrice claire." Une analyse qu’on peut transposer à Lokeren, qui ne parvient pas à dégoter des talents comme par le passé, et à Beveren, qui a débuté la compétition avec beaucoup d’illustres inconnus et de joueurs inexpérimentés dans son noyau.
Un manque d’identification
À ces éléments manque une donnée cruciale : ces clubs ont perdu en partie leur histoire et l’usure commence à peser sur les supporters d’antan qui ne parviennent plus à s’identifier à leur club.
Waasland-Beveren n’est pas le KSK Beveren d’il y a 20 ans et est en plus empêtré dans les affaires du Footgate. Eupen est aux mains d’Aspire et donc des pontes du Qatar. Lokeren est un vieux de la vieille en D1. À l’image du président Lambrechts qui n’a plus la même implication dans un club qu’il rêve juste de revendre. Cela ne donne pas spécialement envie de prendre son abonnement annuel.
Mouscron est dans un schéma similaire. Le club est présidé par un local mais les fans ne sont pas dupes. "Tout le monde sait qui tire les ficelles dans les hautes sphères", continue Weehaeghe. "Nous savons comment ça se passe et le côté mouscronnois n’est qu’une façade. Même chez les jeunes le sentiment d’identification tend à disparaître."
Trois Flamands ont osé investir
Des modèles existent en Flandre. Et pas que dans les grands clubs. Malines, actuellement en Proximus League, et Zulte Waregem ont progressivement modernisé leur stade. Les deux clubs ont choisi de modifier une tribune afin d’étaler les travaux sans devoir aller jouer hors de leurs bases (NdlR : c’était prévu pour Malines mais la descente a changé la donne).
Derrière les casernes, ce ne sont pas moins de 1 697 supporters de plus qui ont garni les tribunes entre 2009 et 2018, les chiffres étant arrêtés aux périodes passées au plus haut niveau du football belge.
Zulte Waregem fait encore mieux. Le projet waregemois n’est pas encore terminé mais il a déjà permis d’amener 1 880 supporters de plus au stade Arc-en-ciel. Malgré une saison actuelle désastreuse, ils sont 8 751 à venir au stade tous les 15 jours.
L’Anwerp fait encore plus fort. Le retour du matricule 1 en première division s’est fait à coups de gros sous qui ont offert la possibilité de reconstruire un stade flambant neuf sur la base de l’ancien. Résultat : déjà 1 451 supporters de plus en un an. Et un taux de remplissage qui frôle tout de même les 80 %.