Deschacht se confie sur son défi à Lokeren: "Ma famille voulait que j’arrête. Moi, je n’étais pas prêt pour cela"
Présenté à Lokeren, Olivier Deschacht a parlé pour la première fois de son départ par la petite porte à Anderlecht.
- Publié le 28-08-2018 à 06h54
- Mis à jour le 03-09-2018 à 12h57
Présenté à Lokeren, Olivier Deschacht a parlé pour la première fois de son départ par la petite porte à Anderlecht.
"Elle est où, la salle de presse ?" 21 ans après son départ de Lokeren, Olivier Deschacht est de retour "à la maison", comme il le dit lui-même. Entre 1995 et 1997, il a joué à Lokeren en scolaires, avant d’être découvert par Anderlecht à l’âge de 16 ans. "21 ans plus tard, je retrouve les mêmes personnes", dit-il, pendant que les journalistes le guident vers le troisième étage du vieux Daknam. "Le délégué actuel était mon coach. Et le président Lambrecht est toujours là. Chapeau."
Assis à côté de son déambulateur, Lambrecht (87 ans depuis la semaine passée) a mauvaise mine. "Je ne dors plus à cause de ce 1 sur 15", nous lance-t-il, après avoir salué Deschacht. "On n’a jamais fait autant de transferts - Deschacht est le septième - mais on n’a pas de chance. Si on descend en 1B, c’est la fin de Sporting Lokeren. J’espère qu’Olivier pourra nous aider. Il n’est pas usé et il a de l’expérience. Et il habite tout près. Il va amener quelques nouveaux supporters. On en a besoin…"
Un peu plus tard, Deschacht prend la parole. La VRT a fait le déplacement, mais les autres caméras appartiennent à Sporting TV, à Voetbalkrant et à TV Oost, la chaîne régionale. "J’aime les défis difficiles", dit Deschacht. "Et j’ai envie. Le mot envie a toujours été ma devise. L’âge ne compte pas dans le football. C’est la faim qui compte. Ma famille voulait que j’arrête. Moi, je n’étais pas prêt pour cela."
Deschacht porte déjà son training noir de la marque Beltona. En effet, le soir, il joue son premier match, avec les réserves au Stade de la Neuville contre les U21 de Charleroi. Deschacht dirigera déjà la défense comme un patron et il se créera une occasion sur coup de coin. "Il me faudra deux à trois semaines pour retrouver mon meilleur niveau", dit-il. "Mais je n’ai pas chômé, ces derniers temps. Je me suis entraîné avec mes amis de P1 à Lochristi, mon tout premier club. Mes tests physiques étaient meilleurs que prévu. J’ai même perdu deux à trois kilos. Peut-être suite au stress de ne pas avoir de club (Rires)."
Pourtant, il y avait de l’intérêt, prétend-il. Lokeren, Zulte-Waregem, Gand, Courtrai : il a eu des coups de fil de partout. "Mais soit, c’était l’entraîneur qui m’appelait, soit le manager ou le président. Mais je sentais qu’il n’y avait pas d’unanimité. J’ai même eu des propositions de Turquie et d’Israël, mais cela ne m’intéressait pas. Lokeren, c’est ce qui me fallait."
De préférence, il serait évidemment resté à Anderlecht. Le sujet est sensible, mais il accepte quand même d’en parler. "Je n’ai pas eu l’adieu dont je rêvais", dit Deschacht. "Pourtant, Vanhaezebrouck m’a regardé droit dans les yeux, deux jours avant notre dernier match. ‘Je compte absolument sur toi la saison prochaine’, m’a-t-il dit. Je ne crois pas que Hein est un menteur… Dommage."
Deschacht ne cite pas son nom, mais c’est Marc Coucke qui a décidé de ne pas lui offrir de nouveau contrat. Deschacht : "Je comprends la décision d’Anderlecht de vouloir rajeunir. Le Sporting a eu raison, vu que les résultats suivent, et les jeunes sont fantastiques. Mais si on me l’avait dit à l’avance, j’aurais eu un adieu comme Totti, Iniesta ou Simons lors de mon dernier match. Maintenant, mon départ s’est un peu passé de façon… embêtante."
Les supporters mauves, eux, restent dans son cœur. "J’aime encore Anderlecht. Beaucoup de supporters m’ont contacté. Je les ai tous invités à Daknam. Pas tous les 25.000 en même temps, mais ils sont les bienvenus (Rires)."
Avant de monter dans le car en direction de Charleroi, Deschacht donne sa dernière interview. "C’est un rêve d’avoir pu signer ici. Combien de joueurs de 37 ans reçoivent encore un contrat ? Lokeren m’a même proposé deux ans. Mais je ne veux pas trahir ces gens et profiter de leur bonté. Si je n’avance plus, j’arrête à la fin de la saison. Mais pendant les playoffs, j’ai senti que je ne suis pas mort."
Un petit sourire apparaît sur le visage de son entraîneur, Peter Maes, quand il entend les paroles de Deschacht. "C’est un gars pareil dont j’avais besoin", dit le Limbourgeois. "Un guerrier, un survivant, un entraîneur sur le terrain, qui corrige les autres. Je compte sur lui."
Une chose est sûre : Deschacht n’a pas choisi le chemin le plus facile.