Peu utilisé par Belhocine, Jeremy Perbet y croit encore: "Je peux encore apporter quelque chose à Charleroi"
Jérémy Perbet veut prouver à son coach qu’il mérite plus qu’une place de remplaçant au Sporting.
- Publié le 10-08-2019 à 10h06
- Mis à jour le 10-08-2019 à 11h36
Jérémy Perbet veut prouver à son coach qu’il mérite plus qu’une place de remplaçant au Sporting. Jérémy Perbet n’est pas du genre à baisser les bras. Souvent confiné à un rôle de joker l’année passée sous les ordres de Felice Mazzù, le Français a débuté cette nouvelle saison en tant que troisième attaquant, devancé par Niane et Bedia. Malgré tout, le joueur de 34 ans veut montrer qu’il peut encore apporter à Charleroi, ce club avec lequel il a une relation particulière depuis longtemps.
Jérémy, comment vous sentez-vous depuis la reprise ?
"Je me sens bien, j’ai passé la préparation sans blessure ni problème particulier. Concernant les matchs amicaux, cela n’a pas été top au niveau des buts. Mais j’étais assez content de ce que j’ai pu produire dans le jeu."
Avec le recul, comment analysez-vous votre saison passée ?
"J’étais très attendu par les supporters et la direction quand j’ai signé à Charleroi. Finalement, cela ne s’est pas trop mal terminé avec huit buts et trois passes décisives. Ce sont des statistiques honorables vu mon faible temps de jeu."
Vous aviez un rôle de joker de luxe la saison dernière. Comment vit-on cela ?
"Je suis quelqu’un de positif. Même si je ne rentre que deux minutes, je me donnerai à fond en me disant que j’aurai au moins une occasion pendant ce court laps de temps. Je voyais ce rôle de manière positive mais ce n’est pas pour cela que j’acceptais d’être remplaçant. J’ai besoin de temps de jeu pour me sentir bien. Rester sur le banc et ne pas jouer est frustrant. J’arrive à un âge où les entraînements, les préparations ou les matchs amicaux commencent à être longs et rébarbatifs. Ce qui me transcende, c’est la compétition et les matchs le week-end."
L’indéboulonnable Osimhen est parti à Lille. Vous attendiez-vous à plus jouer en ce début de saison ?
"Je travaille toujours à l’entraînement avec l’idée que je jouerai le week-end. Un nouveau coach est arrivé et il a un certain profil d’attaquant avec lequel il veut jouer. Pour l’instant, cela ne se passe pas super bien au niveau offensif car aucun des attaquants n’a marqué et nous n’avons pas encore gagné. Il faut que cela change et j’espère que cela tournera en ma faveur les prochaines semaines."
Comment avez-vous vécu les titularisations de Niane en pointe contre Gand et Courtrai ?
"Vu la composition des équipes durant les matchs amicaux, je m’attendais à ce qu’Adama soit titularisé. Si je suis titulaire, tant mieux. Si je ne le suis pas, j’essaierai de faire mon boulot en quinze ou vingt minutes en me montrant décisif. À Courtrai (NdlR : En fin de match lors de la deuxième journée de championnat, alors que le score était de 1-1, Karim Belhocine a préféré faire monter Bedia et Henen) , je n’en ai pas eu l’occasion et c’est ce qui est assez dommage."
Il y a quelques mois, à Courtrai, c’était aussi 1-1 en fin de match. Vous étiez monté et vous aviez offert la victoire à Charleroi…
"Le week-end passé, il y avait beaucoup d’espaces et cela aurait été l’idéal de me faire monter à ce moment-là. Le coach a peut-être fait un choix un peu plus défensif, choix que je respecte. Mais c’est vrai que la physionomie du match faisait penser à la saison dernière quand j’avais tué le match…"
On a l’impression qu’avec Felice Mazzù, vous seriez monté au jeu à tous les coups…
"Ce n’est pas certain, il m’est arrivé de rester sur le banc avec Mazzù. De toute façon, ce n’est que le début de saison, il y a des choses qui vont encore se passer. C’est bateau de dire cela mais je m’efforce avant tout de démontrer mes qualités à l’entraînement car j’en ai moins l’occasion en match."
En tant que compétiteur, comment vit-on le fait d’être passé d’un rôle de joker de luxe à celui de troisième dans la hiérarchie des attaquants ?
"Je pars du principe qu’à partir du moment où tu donnes tout pour atteindre un objectif, que ce soit dans le football ou dans la vie en général, ce n’est pas possible d’avoir des regrets. Je fais tout pour être titulaire. Ne pas jouer ne m’enlèvera pas cette mentalité et je continuerai à tout donner. Je ne vis pas toujours bien le fait de ne pas jouer, c’est sûr. J’estime que j’ai encore le niveau pour pouvoir apporter quelque chose à Charleroi. Mais je n’en veux à personne et je donne le maximum. C’est avec cette mentalité-là que j’ai réussi à rebondir et à être décisif dans le passé. Cela se passera comme cela cette saison aussi, j’en suis persuadé."
L’arrivée d’un nouveau centre-avant ne vous fait pas peur ?
"Je n’ai peur de personne. Je n’avais pas peur de Giovanni Do Santos à Villareal, ce n’est donc pas maintenant que je vais avoir peur d’un joueur (sourire) . Je sais que je peux encore apporter quelque chose à cette équipe. Chacun a son profil et ses qualités et le coach décide du onze qu’il veut aligner. J’ai un profil différent des autres attaquants, il y a donc des possibilités pour me faire jouer mais c’est au coach de décider."
"Je ne pensais pas faire une aussi grosse carrière"
Le Français fait le bilan et a déjà des projets pour son après-carrière.
À 34 ans et même s’il est toujours très affûté et bien en jambes, Jérémy Perbet sait que la fin de carrière se rapproche. Une carrière qui l’aura fait voyager en Belgique, en Espagne mais aussi en Turquie et qui avait débuté un peu par hasard en France…
"Je suis venu de nulle part", explique l’attaquant français du Sporting. "À 18 ans, je suis arrivé un peu par hasard dans le milieu professionnel sans être passé par un centre de formation. Cela a été dur de faire son trou car je n’avais pas nécessairement des énormes qualités quand j’ai commencé. Mais je ne voulais pas trouver d’excuses et j’ai travaillé en me disant que j’allais être récompensé un jour ou l’autre. La mentalité d’un footballeur joue beaucoup dans une carrière."
Et en regardant dans le rétroviseur, le Français n’a pas de regrets. Il a vécu des expériences exceptionnelles et ne s’attendait pas à faire une telle carrière.
"À 16 ans, je me disais que je serais le plus heureux du monde en gagnant 1 500 euros par mois dans le milieu du foot et en combinant avec un petit boulot…", avance le buteur. "Je suis heureux par rapport à ce que j’ai fait. Je ne pensais pas faire une aussi grosse carrière mais je pense m’être battu pour cela."
Le fait de ne pas avoir évolué en Ligue 1 n’est pas non plus une frustration pour le natif du Puy-en-Velay.
"À un moment donné, quand je jouais à Villarreal, plusieurs journalistes français m’appelaient", se souvient le Zèbre. "Mais je n’ai jamais eu de réels contacts avec des clubs de Ligue 1 durant ma carrière. Il y a eu Valenciennes qui est venu aux nouvelles à un moment mais ce n’était rien de très concret."
À Charleroi, le meilleur buteur actuel du noyau carolo voit la nouvelle génération arriver. Une génération talentueuse mais qui se doit de garder les pieds sur terre.
"Si je devais donner un conseil aux jeunes, ce serait de ne pas s’enflammer quand tout roule", avance Jérémy Perbet. "Et quand cela va moins bien, il faut se remettre en question et continuer à se battre. La mentalité est le plus important : il y a des joueurs qui n’ont pas des qualités énormes mais qui vont réussir à faire 15 ans en tant que titulaire en D1 belge. Alors que d’autres ont de grosses qualités mais n’ont pas la bonne mentalité."
Si l’attaquant passé par Bruges souhaite encore jouer quelques années au football ("Dans ma tête, je suis frais comme si j’avais 18 ans et je me vois encore jouer quatre ou cinq ans, quitte à évoluer à un niveau plus bas"), Perbet pense déjà à son après-carrière.
"Je souhaiterais continuer à être consultant à la télévision", explique-t-il. "Je passe aussi mes diplômes pour devenir entraîneur. Je suis encore concentré à fond sur mon travail de footballeur mais je n’ai pas envie d’arriver à la fin de ma carrière et me demander ce que je veux faire. Quoi qu’il arrive, je resterai dans le football."
Et pourquoi pas à Charleroi, un club qui est toujours resté dans son cœur.
"C’était l’idée que nous avons eue avec Mehdi Bayat quand j’ai rejoint l’équipe l’été passé", avance le Français. "Les caractéristiques de ce club me correspondent : humilité, travail, ambition et bonne humeur. Il y a désormais une certaine sérénité autour du Sporting Charleroi qu’il n’y avait pas avant. Dans le passé, l’oncle (NdlR : Abbas Bayat) descendait à la mi-temps pour nous engueuler alors qu’il ne connaissait pas grand-chose au football. Cette époque est révolue et la gestion du club a bien changé."
Un club avec lequel il voudra encore se montrer décisif sur le terrain avant de se projeter dans une nouvelle vie…