Mehdi Bayat se confie avant la reprise: "Notre équipe est plus forte que l’an dernier"
Alors que la reprise se profile, dimanche (18 h) face à l’Antwerp, Mehdi Bayat dresse un premier bilan du mercato carolo
- Publié le 27-07-2018 à 09h52
- Mis à jour le 27-07-2018 à 11h44
Alors que la reprise se profile, dimanche (18 h) face à l’Antwerp, Mehdi Bayat dresse un premier bilan du mercato carolo Qui dit nouvelle saison dit nouvelles ambitions. Mais à Charleroi, elles n’ont pas changé. "Gagner la Coupe et être un acteur des PO1", martèle Mehdi Bayat, en nous accueillant dans son bureau. Pour atteindre cet objectif et éviter que la fin de saison calamiteuse de l’année dernière ne se répète, l’administrateur-délégué du Sporting a recruté quatre joueurs (Gholizadeh, Noorafkan, Perbet, Dervite) et a intégré le jeune Maxime Busi au noyau pro. Le tout, sans avoir encore vendu un seul titulaire. "Et on est le seul club de D1A dans le cas", se félicite-t-il...
Mehdi, à quelques heures de la reprise, comment vous sentez-vous ?
"Serein. On a continué à appliquer une recette qui a fait ses preuves ces dernières années. On a travaillé de manière ciblée dans notre recrutement et sur ce qu’on a pu voir durant la préparation, les recrues sont de vrais renforts. Donc théoriquement, nous avons une équipe plus forte."
Où en est votre mercato ?
"Disons qu’aujourd’hui, nous sommes dans un schéma qui tend vers l’équilibre. Mais le mercato se termine le 31 août et d’ici là, en fonction de nos résultats, il se passera encore des choses. Je l’ai vu l’an dernier : de nombreuses sollicitations sont arrivées à la fin du mois d’août. Même si, à ce moment-là, les conditions sont évidemment différentes. Les montants ne sont plus les mêmes car on a moins le temps de se retourner. Et cela, tout le monde doit l’accepter."
Cet été, et c’est nouveau, des joueurs (Stevance, Saglik, Boulenger, N’Ganga) ont été mis à l’écart.
"À partir du moment où on était en surnombre, il fallait prendre cette décision. Personne n’aime avoir de joueurs inutiles dans son vestiaire. Il était donc plus judicieux que ses joueurs ne soient plus avec le groupe. Mais on leur assure un encadrement professionnel jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. Pour Stevance, c’est déjà fait (NdlR : il a été transféré à Tours) . Pour les autres, cela suit son cours."
En début de mercato, vous aviez annoncé pas mal de mouvement. Finalement, les changements sont assez minimes.
"On s’attendait à plus de mouvement, c’est vrai. Mais il y a quand même eu pas mal de sorties. Mais le mouvement doit être mis en lien avec l’état d’esprit du vestiaire. Et quand je parle avec nos cadres, ils me disent que l’état d’esprit de travail n’a jamais été aussi bon et que les nouveaux joueurs tirent le groupe vers le haut. On pourrait encore acheter deux, trois, quatre ou cinq joueurs. Mais si c’est pour se retrouver avec une demi-équipe en tribune, à quoi ça sert ?"
Et vendre, ce n’est plus une obligation comme par le passé ?
"On a eu la chance de vendre Clinton Mata, un joueur qui jouait à Genk et n’était donc pas dans notre effectif la saison passée, et d’atteindre nos objectifs financiers de la sorte. On a aussi eu des offres pour plusieurs joueurs, comme Benavente ou Rezaei évidemment. En début de mercato , tout le monde pensait que Benavente allait partir. Mais quand je discute avec lui, il se sent bien à Charleroi et on a refusé des offres ensemble. Mais si une offre correspond à ce que le club et le joueur attendent, on s’assoira peut-être à table. Mais là encore, un départ n’est pas certain. Nous avons par exemple reçu une offre de Chine pour Rezaei qui correspondait à ce que nous attendions. On en a parlé avec le joueur, qui nous a dit qu’il n’était pas venu en Europe pour ensuite aller en Chine. Alors qu’il aurait très bien gagné sa vie. Quand on a la chance d’avoir des joueurs intelligent et qui comprennent cela, tout est beaucoup plus sain et agréable. On est dans une logique de continuité intelligente."
Le nombre de Belges dans le noyau reste tout de même très limité.
"Cela ne m’inquiète pas. Le mercato n’est pas terminé. Il y aura peut-être encore l’un ou l’autre départ de non-Belge et l’arrivée de l’un ou l’autre Belge. Et nous avons également des jeunes qui pourraient monter, même si cela me gênerait qu’un joueur qui ne le mérite pas doive s’asseoir en tribune pour respecter le quota de Belges. On tient évidemment cela à l’œil."
"Le modèle des Diables est transposable"
Entre le Mondial et le mercato carolo, Mehdi Bayat n’a pas chômé. "Mes fonctions à la Pro League et auprès des Diables me pompent une énergie incroyable mais je ne veux pas qu’elles deviennent un frein à l’évolution du Sporting, même si elles repositionnent Charleroi dans les grandes instances." C’est en partie pourquoi un nouveau plan est en préparation. "Tout le monde au club en a besoin. Le 3-6-9 a eu son effet mais on s’y est habitué. On doit recréer une nouvelle dynamique avec une nouvelle ligne de conduite mais aussi une nouvelle structure. On va intégrer certains profils ciblés à notre équipe."
Un peu sur base de ce qui se fait… à l’Union belge. "Le modèle des Diables est transposable à Charleroi. Ces deux dernières années, à la fédération, nous avons choisi une ligne de conduite et avons placé les bonnes personnes au bon endroit, avant de les laisser travailler. Puis en les soutenant lorsque c’était nécessaire. C’est ce que j’essaie de faire au quotidien au Sporting."
"Rezaei m’a réconcilié avec les Iraniens"
Kaveh Rezaei, Ali Gholizadeh, Omid Noorafkan. Cette saison, il y a trois Iraniens dans le noyau carolo. Un choix que Mehdi Bayat assume.
"Rezaei m’a fait faire la paix avec les joueurs iraniens. À l’époque de mon oncle, les Iraniens qu’il avait été chercher (Emmamifar, Yazdani, Mahdavi…) ne s’étaient pas bien adaptés et je m’étais dit que je ne ferais pas la même erreur. Mais Kaveh a réussi à me prouver que le plus important n’était pas l’origine du joueur mais sa compétence. Si un joueur est bon et a un bon esprit, cela fonctionnera. Et lorsqu’on parle d’état d’esprit, Rezaei est le joueur parfait."
C’est pourquoi il devrait rapidement voir son contrat être prolongé. "On ne l’a pas encore fait car Kaveh est passé par une période un peu difficile suite à sa non-sélection pour le Mondial, qui lui a fait vraiment mal. Mais à une option sur lui, qu’on va évidemment lever, et on va bientôt se mettre tranquillement à table pour prolonger son contrat."
"Charleroi n’est pas à vendre mais…"
Aujourd’hui, le budget du Sporting est d’environ 16 millions €. "En fait, ça dépend notamment des primes", sourit Mehdi Bayat. "On sait que j’ai la faculté de motiver mes joueurs financièrement et la saison passée, je suis fier de dire que les joueurs de Charleroi ont très bien gagné leur vie."
La gagnerait-il encore mieux si un investisseur extérieur injectait de l’argent dans le club ? "Si demain, un investisseur en phase avec notre ligne de conduite met 20 ou 30 millions sur la table et nous permet de gagner du temps, on pourrait y réfléchir. Mais pas question de faire du commerce. Cela doit se faire dans le respect des actionnaires en place. On a déjà été sollicité à plusieurs reprises, pas plus tard que très récemment, mais on n’est pas vendeur. La priorité est de défendre l’autonomie et les intérêts du club. Je n’ai que 39 ans et je veux continuer à le faire grandir car je suis profondément attaché à ce club et à cette ville. Aujourd’hui, je me sens Belge et Carolo . Et ça, c’est bien plus qu’une question d’argent."
"Un bon jeune aura toujours sa chance"
Intégrer des jeunes au noyau pro. C’est l’un des défis de Mehdi Bayat depuis plusieurs années.
"On a investi plusieurs millions dans l’école des jeunes ces dernières années. Que ce soit en termes d’infrastructures ou de formation. Mais je ne suis pas Harry Potter et je sais que l’éclosion de ces gamins va prendre du temps. On doit parvenir non seulement à les faire rester chez nous mais à faire en sorte qu’ils aient la qualité requise pour rejoindre le noyau A. On va y arriver, je le vois. On a des joueurs de 17-18 ans qui commencent à montrer des choses. J’espère qu’ils seront prêts dans un an ou deux." En attendant, le noyau U21 a été renforcé grâce à des transferts. "On n’a pas le choix si on veut un noyau espoirs valable. Mais quel que soit le parcours du jeune joueur, s’il a des qualités, on lui laissera sa chance. Maxime Busi en est le meilleur exemple. Et il incarne le message que nous voulons faire passer à tous nos jeunes : soyez bons et vous aurez votre chance !"
"Je n’imagine pas Charleroi sans Mazzù"
Lorsqu’on demande à Mehdi Bayat quelle est sa plus grande fierté depuis qu’il est administrateur-délégué de Charleroi, sa réponse fuse : Felice Mazzù. "Depuis le début, j’ai toujours eu le même discours. Felice est mon meilleur transfert. Tout ce qui se passe autour de lui me rend fier et heureux et me renforce dans ma faculté de dirigeant à prendre les bonnes décisions. Je vais tout faire pour continuer à le mettre dans les meilleures conditions possibles, pour en faire mon Ferguson ."
Impensable, la vie de Charleroi sans Mazzù ? "Je n’y pense pas car je ne vais pas consacrer de l’énergie à quelque chose qui n’est pas concret. Si un jour, on n’est plus sur la même longueur d’ondes ou qu’il ne maîtrise plus son vestiaire, je prendrai la décision qui s’impose. Mais pour le moment, nous sommes toujours en phase et je crois plus que jamais en ses qualités à faire en sorte que l’équipe puisse atteindre les objectifs fixés."
L’erreur: "Je n’aurais pas dû lâcher Lukebakio"
Même s’il a été fort occupé ces derniers temps, Mehdi Bayat a eu le temps d’analyser pourquoi la deuxième partie de saison dernière n’a pas été à la hauteur de la première. "C’est peut-être difficile à dire mais avec le recul, peut-être qu’il ne fallait pas lâcher Lukebakio en janvier. Je me le répète souvent dans ma tête : peut-être qu’il aurait pu nous apporter le grain de folie qui nous a manqué en deuxième partie de saison. Le fait que Grange ait eu besoin de six mois d’adaptation n’était pas prévu non plus. Avec le recul, quand on n’arrive pas à trouver de raison rationnelle pour se dire pourquoi ça a foiré, il faut rester sur des éléments concrets. Et le concret, c’est que Lukebakio est parti." En assumant cet échec, Mehdi Bayat en tire également des leçons. "Dorénavant, je serai plus méfiant au moment de vendre en janvier. Je me nourris de l’expérience que j’acquiert chaque jour. Je reste un jeune dirigeant. J’ai encore beaucoup à apprendre."
"Un nouveau stade en projet"
Ces dernières années, Charleroi grandit à vitesse grand V. Mais n’atteint pas encore le standing de clubs comme Gand ou Genk. "La différence entre eux et nous, c’est l’affluence au stade. Eux partent avec une base de 20.000 abonnés par an. Budgétairement, le décalage se situe là."
Comment faire pour fidéliser les gens à Charleroi ? "On a créé la T3 populaire, à prix attractif, et la demande est là. Mais on sent bien qu’il faut faire quelque chose en termes d’infrastructures et d’accueil. Il faut donner du plaisir aux gens quand ils viennent voir le Sporting. Cela passe peut-être par un nouveau stade. C’est un projet dans ma tête. Chaque année, notre stade s’améliore mais on part peut-être sur une base obsolète. Quand je parle de nouveau stade, c’est soit rénover complètement le Mambourg, comme cela a été discuté et présenté avec le politique, soit carrément envisager un nouveau stade ailleurs. Ce sont des pistes de réflexion qu’il faut avoir pour grandir."