Marco Ilaimaharitra est devenu un patron à Charleroi : "Si je dois faire la faute, je la ferai"

Pourtant, si la timidité est une caractéristique majeure du joueur de 23 ans, Ilaimaharitra se transforme complètement en montant sur la pelouse et devient un leader.

Arrivé en juillet 2017 à Charleroi, le milieu défensif a explosé cette saison à tel point qu’il est devenu une pièce centrale de l’équipe de Felice Mazzù.

Marco, comment analysez-vous votre saison d’un point de vue personnel ?

"Elle est plus aboutie que la saison dernière dans le sens où j’ai joué plus de matchs. Il y a toujours des points à améliorer : j’aurais pu être plus décisif, prendre moins de cartons (sourires) . Mais dans l’ensemble, ce n’est pas une saison qui s’est mal passée personnellement."

Cette saison, vous avez toujours été titularisé sauf quand vous étiez suspendu. Peut-on dire que vous êtes devenu un indéboulonnable ?

"Je joue quand on me demande de jouer. Si je suis là et que je suis à 100 %, je me donne à fond. C’est vrai que j’ai une plus grande responsabilité que la saison dernière au sein de l’équipe. Mais je ne parlerais pas d’indéboulonnable pour autant."

Avec 9 jaunes et 1 rouge, vous êtes aussi l’un des joueurs les plus avertis du championnat de Belgique. Comment caractériseriez-vous votre jeu ?

"Mis à part ma carte rouge où cela peut sembler méchant mais où j’avais l’intention de jouer le ballon (NdlR : contre Waasland-Beveren) , je prends la plupart des cartes jaunes en voulant couper des contre-attaques : je tire le maillot, je fais une petite faute mais il n’y a rien de méchant. Je suis peut-être le plus averti mais je ne suis pas le plus agressif. À certains moments, on réfléchit un peu plus quand on est sous la menace d’une suspension. Mais si je dois faire une faute, je la ferai."

Vous avez pris un rôle de leader avec le temps à Charleroi ?

"On me le demande et j’essaie d’avoir ce rôle de leader sur le terrain essentiellement. Il faudrait sûrement l’être aussi dans le vestiaire mais c’est sur la pelouse que je me sens le plus à l’aise. Match après match, j’essaye de m’imposer en tant que patron dans cette équipe."

Au fil des saisons, avez-vous reçu une certaine liberté dans le jeu ?

"C’est pareil depuis le début. Dès mon premier match, le coach m’a mis à l’aise en me disant que je devais jouer de manière libérée. Il me mettait très à l’aise, la liberté que j’ai dans le jeu est donc dans la continuité depuis mes débuts à Charleroi."

Au poste de milieu défensif, vous êtes associé parfois à Cristophe Diandy et parfois à Gaëtan Hendrickx. Comment arrivez-vous à vous adapter à chaque rencontre ?

"On s’entend tellement bien en dehors du terrain que cela se fait tout seul quand on se retrouve sur le terrain. Que cela soit Gaëtan ou Cristophe, je n’ai pas de problème. Ma façon de jouer n’est pas différente quand je suis aux côtés de Diandy ou d’Hendrickx."

Ressentez-vous une certaine concurrence malgré votre rôle d’indéboulonnable ?

"Je me mets de la pression moi-même. Dans mon état d’esprit, il n’y a pas de joueurs indiscutables. À tout moment, on peut sauter , comme on le dit entre nous dans le vestiaire. C’est pour cela que je me donne à 100 % chaque week-end. Si le coach venait à me sortir du onze un week-end, c’est que j’aurais fait une contre-performance."

Êtes-vous en train de réaliser votre meilleure saison de votre carrière ?

"C’est l’une des plus abouties en tout cas. Mais de là à dire la meilleure, je ne sais pas… C’est un double sentiment que j’ai vu la saison de Charleroi : je suis satisfait car j’ai du temps de jeu mais j’aurais préféré être plus haut dans le classement. Ce n’est pas fini pour autant, il faut rester professionnel."

Vos prestations attirent le regard… Où vous voyez-vous jouer la saison prochaine ?

(Il sourit) "Pour l’instant, je suis sous contrat avec Charleroi. Je ne me pose pas de question à ce sujet pour le moment. On discutera de tout cela quand je serai en vacances."

"Peut-être une saison de transition"

Ilaimaharitra reste motivé malgré l’échec d’une non-qualification en playoffs 1.

À deux journées de la fin, Charleroi est, sauf miracle, amené à jouer les playoffs 2 en cette fin de saison. Une déception pour les Zèbres qui ont manqué d’efficacité, d’après Marco Ilaimaharitra. "L’efficacité dans les deux rectangles a été le problème cette saison", explique le Malgache. "Certaines équipes ne sont pas supérieures à nous mais ont été plus efficaces. Nous vivons peut-être une saison de transition. Il ne faut pas voir que le mauvais, il y a aussi eu du positif. Les nouveaux joueurs ont eu besoin d’un temps d’adaptation et ont de la qualité. Et puis, nous avons aussi perdu plusieurs leaders comme Baby, N’Ganga ou encore Rezaei et Benavente."

Le Péruvien était l’homme fort de Charleroi durant la première partie de saison, avec 9 buts et 3 assists. Son départ a eu un impact sur le jeu carolo, malgré l’arrivée de Morioka. "J’étais très content pour lui mais, en même temps, cela m’a fait bizarre de le voir partir", commente Ilaimaharitra. "Dans le vestiaire, nous avions un espoir qu’il reste. C’était l’homme en forme de la saison, donc son départ a été difficile. Il aurait pu nous aider dans la course aux playoffs 1. Mais je lui souhaite le meilleur."

C’est donc sans Benavente et en playoffs 2 que les Carolos vont tenter d’enchaîner les victoires. Un mini-championnat moins sexy que les PO1 mais que l’équipe de Mazzù devra jouer à fond. "Je n’ai jamais joué cette compétition, donc la motivation sera naturelle pour moi", explique l’ancien joueur de Sochaux. "Il faudra aussi faire plaisir aux supporters et au club. On ne lâchera pas, surtout qu’il y a quelque chose à chercher au bout."

"Pourquoi pas créer la surprise à la CAN ?"

Cet été se déroulera en Égypte la Coupe d’Afrique des Nations. Une compétition que jouera pour la première fois la sélection de Marco Ilaimaharitra, international de Madagascar. "Le peuple malgache était très fier de nous", explique le joueur de 23 ans. "Mais ils sont aussi très exigeants : certains parlent de ramener la Coupe mais cela semble un peu surréaliste. Entre nous, on se dit que sortir des poules serait déjà pas mal. Pourquoi pas ensuite créer une surprise ?"

En déplacement pour leur dernier match chez le leader sénégalais, les Malgaches misent leur jeu sur la technique. "Nous avons beaucoup de joueurs de petit gabarit", avance Ilaimaharitra. "On pose donc le ballon et on joue au football au maximum. Nous avons une sélection vraiment très technique. J’espère aller le plus loin possible."