L'ancien Zèbre Amara Baby n'a pas encore éclaté à l'Antwerp : "Je m’accroche"
Le joueur a été freiné par une blessure et s'attendait à plus de temps de jeu.
- Publié le 08-03-2019 à 08h00
- Mis à jour le 08-03-2019 à 10h03
Le joueur a été freiné par une blessure et s'attendait à plus de temps de jeu. C’est dans la magnifique et ultramoderne nouvelle tribune principale du Bosuil que le rendez-vous est pris. Pour pénétrer dans la salle d’interviews où trônent des maillots d’anciennes gloires du club il faut montrer patte blanche ou posséder un des bracelets magnétiques qui ouvrent les portes. C’est là qu’on retrouve l’ancien Zèbre, Amara Baby. Toujours aussi souriant et accueillant malgré une triste saison au niveau individuel avec le Great Old.
"Je ne m’attendais pas à avoir aussi peu de temps de jeu, explique calmement le Franco-Sénégalais. Je pensais jouer plus. Après, c’est comme cela. C’est vrai que c’est difficile de ne pas jouer à chaque match. C’est la première fois que cela m’arrive dans ma carrière. J’en ai profité pour apprendre d’autres aspects de mon métier. Quand j’étais à Charleroi, je jouais et d’autres jouaient moins. Maintenant c’est à mon tour de vivre cela. Ce n’est pas facile. Ce n’est pas un problème d’intégration car je connaissais déjà quelques joueurs et la barrière de la langue n’est pas présente. C’est très difficile mais j’en profite pour travailler encore plus mes points faibles. Pour améliorer des choses comme la technique, le passing et la puissance. Même si je ne joue pas je fais attention à ne pas perdre mon temps."
Pour expliquer son faible temps de jeu, Amara avance aussi l’argument de la malchance…
"Au moment où j’aurais pu rentrer dans l’équipe, j’ai été freiné par une blessure. Comme lors du match contre Malines, en Coupe en septembre, où une petite blessure au pied m’empêche de jouer. Une petite coupure entre deux orteils où il y a eu une grosse infection. Cela fait partie du football. Il y a des choses qui ne s’expliquent pas dans notre métier. Il faut continuer à avancer quand même. Si je ne m’étais pas blessé et que j’avais pu enchaîner deux-trois matchs, ma saison aurait peut-être été différente. Et puis, la concurrence est élevée et l’équipe gagnait beaucoup de matchs sans moi. C’est compliqué sur le flanc gauche. Il y a Bolingi, William ou Rodrigues qui joue aussi un peu moins. Depuis que je suis là, je n’ai pas encore beaucoup joué à gauche. Je me suis souvent retrouvé à droite. Cela ne me dérange pas, l’important c’est de jouer. Mais ce n’est pas facile."
Désireux de savoir pourquoi il joue si peu, l’ancien Zèbre a poussé à plusieurs reprises la porte du bureau de László Bölöni pour avoir des explications.
"J’ai discuté plusieurs fois avec l’entraîneur. Il m’a expliqué son point de vue. Parfois c’est compliqué car il a sa vision et moi j’ai la mienne. Mais je dois accepter ses remarques sur ce qui ne va pas, pour lui, dans mon jeu. Je respecte ses choix, c’est tout. Je ne suis pas content de ne pas jouer mais les choix du coach ne sont pas critiquables vu les résultats de l’équipe. On ne sait pas dire grand-chose de plus. Je me suis blessé et l’équipe a fait de bons résultats. Il n’y a donc pas de raisons de changer quelque chose qui fonctionne. C’est aussi simple que cela."
Et même si cela ne fait pas ses affaires, Amara Baby garde le sourire : "Ma situation est difficile mais je m’accroche. Je ne regrette pas mon choix d’avoir signé à l’Antwerp."
"Pas de fautes aux entraînements"
En passant de Charleroi à l’Antwerp, Amara Baby a également découvert une autre manière de s’entraîner.
"Ah ouais, les duels, cela n’a rien à voir. Ici, à l’entraînement, c’est physique. Cela ne siffle jamais, pas de fautes ! Tu peux faire tout ce que tu veux, il n’y a pas de fautes (rires). Mais c’est bien. On sait que l’entraînement, ce n’est pas trop mon truc. Je ne suis pas du tout la même personne en entraînements et en matchs. J’ai été comme cela durant toute ma carrière. Ici, je n’ai pas le choix, je suis obligé de m’améliorer en semaine. Mais ce n’est pas encore top, top, top. Je sais que cela peut me jouer des tours. Mais j’ai déjà pas mal progressé. Pour passer un palier, il faut faire les efforts en semaine aussi car la rigueur aux entraînements est très élevée."
Avec un László Bölöni qui ne badine pas avec la rigueur et le travail pour aligner une équipe performante…
"Mazzù est plus pédagogue..."
En changeant de club, Amara Baby a changé d’entraîneur. Et les relations sont différentes avec Bölöni qu’avec Mazzù. " Ce qui les dissocie ? Felice Mazzù va bien t’expliquer ses choix, il est plus dans une relation familiale, plus pédagogue. László Bölöni va faire ses choix et il va te les expliquer aussi, mais un peu moins. Mais c’est comme cela, cela ne me dérange pas. Monsieur Bölöni peut être protecteur avec ses joueurs ou rentre-dedans. Et quand il a une décision à prendre, il la prend et c’est comme cela."
En fin de saison, Amara Baby sera aussi peut-être appelé à prendre une décision pour son avenir vu son faible temps de jeu. "On va voir comment les playoffs vont se dérouler. Quand tu ne joues pas, tu te poses des questions. Mais je continue de bosser pour être à 100 % quand ma chance passera. Je ne me focalise pas encore sur l’avenir. On fera un bilan à la fin de la saison."
L'Antwerp progresse plus vite"
"Vu les circonstances, Charleroi n’a pas fait une mauvaise saison", ajoute l’ex-Carolo.
Amara Baby, qui vient de fêter ses 30 ans, est quelqu’un de naturellement gentil. Comme sur les terrains où il utilise des mouvements chaloupés pour passer ses adversaires, l’ancien joueur d’Auxerre s’est montré subtil au moment d’évoquer son départ de Charleroi et répondre aux questions où il devait comparer le Sporting avec l’Antwerp. Pas question pour le Franco-Sénégalais de cracher dans la soupe…
"J’avais dit à Mehdi que je voulais changer de club et il l’a accepté", explique celui qui possède un contrat jusqu’en juin 2020 avec le Matricule 1. "Mon agent avait des contacts avec l’Antwerp depuis plusieurs semaines avant ma signature. J’avais d’autres clubs qui me suivaient à l’étranger comme le PAOK. Mais le projet de l’Antwerp est vraiment très beau. Et cela m’a intéressé. Sans oublier que mon ami d’enfance Sambou Yatabaré évoluait aussi ici. Je n’ai pas hésité longtemps. Je n’avais rien contre Charleroi, je voulais juste changer d’air et progresser. Si je parviens à m’imposer à l’Antwerp, ce serait pas mal pour aller peut-être encore plus haut. Si je réussis ici, cela veut dire qu’une étape supplémentaire dans ma carrière aura été franchie. Il y a vraiment de très bons joueurs dans notre groupe : Refaelov, Mbokani, etc. Au niveau des possibilités financières, il y a une différence entre Charleroi et l’Antwerp. Ici, cela progresse beaucoup plus vite. Charleroi est un club en plein développement aussi. En très peu d’années, le Sporting a fait beaucoup de progrès."
Mais depuis cette saison, le Great Old est bien plus avancé que Charleroi dans sa mutation avec un nouveau stade et des résultats bien meilleurs.
"Oui, l’Antwerp est plus haut, confirme Amara Baby. Cela, c’est sûr. Beaucoup plus haut ? Je ne sais pas. À Charleroi, il y a de très, très bons joueurs mais par exemple, ici, on a des tonnes de garçons qui ont déjà participé à l’Europa League ou la Ligue des champions. Il y a donc plus d’expérience. À Charleroi, il y a une très bonne équipe. Le club a recruté de bons joueurs. Je pense à Morioka, Bruno et Osimhen. Ils auraient pu être dans les PO1 s’ils avaient fait de bons résultats dans les cinq derniers matchs. Ils n’ont pas eu de chance. Un match gagné en plus, cela aurait changé beaucoup de choses."
Car si de nombreux observateurs considèrent que la saison de Charleroi est ratée, ce n’est pas le cas de l’ancien Carolo qui est resté en contact avec plusieurs de ses ex-partenaires (Diandy, Nurio) via un groupe Whatsapp.
"Ils ont quand même fait une bonne saison. Le championnat est de plus en plus dur. Quand on voit Gand ou Anderlecht, ils ont aussi du mal. Charleroi a beaucoup changé au niveau de son effectif et le club a quand même réussi à être dans la bataille pour les PO1."
Et quand on lui demande de comparer les supporters anversois et carolos, Amara Baby trouve un dernier mouvement pour nous mettre dans le vent…
"À Charleroi, il n’y a qu’une seule tribune qui pousse. Ici, c’est vraiment tout le stade qui gronde. Quand tu marques un but, tu n’entends plus rien. Cela met une grosse pression sur l’adversaire. Mais le public est exceptionnel aussi à Charleroi."