Jérémy Perbet revient sur son début de saison: "Cela pouvait passer ou casser"
Cette saison, Jérémy Perbet a endossé un nouveau rôle qu’il remplit sans rechigner.
- Publié le 22-12-2018 à 07h52
- Mis à jour le 22-12-2018 à 11h28
Cette saison, Jérémy Perbet a endossé un nouveau rôle qu’il remplit sans rechigner. Depuis le début de la saison, Jérémy Perbet voyage entre le banc des réservistes, duquel il sort souvent en fin de match, et des titularisations. Une situation que l’ancien meilleur buteur de notre championnat gère parfaitement bien en affichant une mentalité exemplaire.
"Massimo Bruno, la semaine avant La Gantoise, il ne s’est pas entraîné mais il entre en fin de match et il donne une passe décisive et marque un but, explique le n°10 du Sporting. C’est ce qu’on attend des joueurs qui sont sur le banc. Ils ne doivent pas tirer la tête. Tu sais qu’à un moment tu es amené à rentrer. Et à ce moment-là tu dois être décisif et compétitif. Quand tu joues au haut niveau, tu ne peux pas être titulaire à chaque match, mais tu sais que tu peux être appelé à chaque instant. Tu dois être présent et montrer un bon état d’esprit. C’est important pour toi-même et pour tirer le groupe vers le haut."
Un état d’esprit que le Français a développé lors de son passage à Villarreal.
"Avant cela à Mons, j’étais tout le temps titulaire. En Espagne, il m’est arrivé d’inscrire deux buts lors d’une rencontre et de me retrouver sur le banc la semaine suivante. Parce que le coach avait décidé cela pour une question de fraîcheur, car il avait vu des choses aux entraînements, etc. Il faut l’accepter, cela ne sert à rien d’aller contre ou de faire la tête. Quand tu es attaquant, parfois il n’y a pas d’espace lors des 60-75 premières minutes de jeu puis à la fin c’est débridé et c’est là que tu peux peut-être apporter plus pour ton équipe. C’est un état d’esprit à avoir. Et je trouve qu’à Charleroi on affiche cette mentalité et c’est pour cela qu’on réalise de bons résultats. Car si vous regardez, vous verrez que ce sont souvent des remplaçants qui ont fait la différence lors de nos matchs. C’est comme cela que cela doit se passer…"
Et un des atouts de Charleroi cette saison, c’est un banc des réservistes qui peut avoir de la gueule quand tout le monde est présent.
"Il y a beaucoup de fraîcheur pendant nos matchs, poursuit l’ancien joueur de Tubize. Quand des joueurs montent au jeu, c’est du qualitatif et du très haut niveau. Cela apporte toujours quelque chose. C’est un élément qui a changé à Charleroi par rapport aux dernières années. Quand il manque un ou deux joueurs, il y a sur le banc des joueurs du même niveau avec une mentalité exemplaire pour aider l’équipe. C’est dans ce sens-là que Charleroi a grandi. C’est bien, il faut continuer dans cette bonne spirale."
Qui n’était pas présente au Sporting en début de campagne.
"C’est vrai, on a connu un début de saison compliqué. On peut trouver beaucoup de circonstances atténuantes avec le mercato où on perd Rezaei, les nouveaux qui n’ont pas été directement à 100 %. Finalement, petit à petit on a trouvé nos marques. Le coach a aussi eu certains mots à certains moments, matchs, pour nous recadrer un petit peu et nous mettre devant nos responsabilités. Cela pouvait passer ou casser. Finalement le groupe a bien réagi. Et quand les résultats positifs arrivent, la confiance est là."
Une assurance qui habite l’attaquant hennuyer et cela même si son compteur ne compte que trois réalisations et un assist.
"Je ne m’étais pas fixé d’objectifs précis, cette saison, au niveau des buts. Je joue plus bas et je veux être présent pour l’équipe. J’aurais quand même aimé marquer plus de buts et être plus décisif. Trois buts et un assist, ce n’est pas énorme par rapport à ce que j’ai connu les années précédentes. Je m’accroche et je sais que je vais encore être décisif. En jouant plus bas et en étant plus présent défensivement, forcément les stats en pâtissent. Ma priorité, c’est de répondre aux consignes du coach. À partir du moment où il est content de mes performances, cela veut dire que je vais être appelé lors des matchs suivants à jouer ou à rentrer. C’est certain que marquer me procure quelque chose de spécial. C’est dans ma nature. Je ne prendrai jamais autant de plaisir à faire un gros match qu’à marquer. Mais cela fait plaisir d’être élu homme du match même quand tu ne marques pas. Cela prouve aussi que je ne suis pas qu’un buteur comme j’ai souvent été catalogué."
Mais s’il peut faire trembler les filets de Zulte Waregem, dimanche, Perbut ne s’en privera pas…
"À Charleroi pour 4 mois"
Jérémy ouvre sa boîte aux souvenirs pour chaque club où il est passé…
Jérémy Perbet a bien bourlingué dans sa carrière mais a trouvé facilement une histoire ou une anecdote pour chaque club où il a joué…
Clermont foot : "C’est facile, c’est mon premier contrat pro. C’est l’immense fierté que j’ai pu avoir car je venais du milieu amateur. Je ne pensais peut-être jamais signer pro et je l’ai fait à 18 ans ; c’était un rêve."
AS Moulins : "Une période très compliquée. On s’entraînait à 19 heures car les trois-quarts de l’équipe travaillaient. Moi j’étais prêté par Clermont et j’avais un contrat pro. Je ne faisais rien de ma journée sauf jouer à la Playstation jusqu’à 18 h 45. J’ai terminé meilleur buteur en National même si on est descendu."
RC Strasbourg : "Mon premier grand club qui venait de descendre en D2 avec l’objectif de remonter. Je n’étais pas du tout prêt. J’ai marqué au début puis je me suis enflammé et j’ai fait moins d’efforts. Je n’ai plus joué et je ne suis plus parvenu à m’imposer. Et c’est mon plus grand regret car quand je suis parti on m’a dit que j’avais les mêmes qualités que les autres attaquants mais que mentalement je n’étais pas encore prêt. Je ne me suis pas rendu compte de ma chance. Strasbourg, c’est un énorme stade, une belle ville et de superbes supporters."
Charleroi (1) : "Je suis prêté et cela se passe bien avec six buts en douze matchs. Je vivais à l’hôtel car je ne voulais pas déménager de Strasbourg. Dans ma tête j’étais juste ici pour quatre mois et je ne voulais pas rester. Mogi veut me garder, je dis non car je veux rentrer en France. Résultat : je suis sur le banc pour les quatre derniers matchs."
Angers : "Première blessure, au genou, le ligament latéral interne. Une saison blanche où je ne suis pas bien car je me pose des questions."
Tubize : "Un groupe exceptionnel, on se voyait toujours après les entraînements. Sans la réforme, on se maintenait. Et forcément, c’est là que je rencontre celle qui deviendra ma femme. C’est le début du nouveau Jérémy, plus stable et plus concentré sur les priorités."
Lokeren : "Trois coaches en six mois. Mathijssen qui me recrute et qui est viré après deux matchs, Emilio Ferrera qui compte moyennement sur moi et puis la saison d’après l’arrivée de mon ami (sic) Peter Maes. Je me blesse trois mois au genou. Lors de mon premier entraînement de reprise, je vais dans un duel mais en me retenant un peu. Là, il me gueule dessus. Je n’ai pas su me retenir et j’ai répondu. Après il a dit au président que je n’avais pas le niveau pour la D1. Quand on voit son parcours comparé à ma carrière… Je n’ai jamais rien dit car ce serait lui donner du crédit qu’il ne mérite pas."
Mons : "Le début d’une série impressionnante de buts. C’est là que je me suis rendu compte que je devais jouer en D1 et plus en D2. On est remonté en D1 et ce club était aussi merveilleux, super familial. Puis en D1, je termine meilleur buteur. C’est dommage que le club ait disparu."
Villarreal : "J’arrive et on me dit tu dois perdre 4 kilos et 2 % de masse graisseuse alors que je pensais être au top de ma forme. Au début, c’était difficile car ma femme était enceinte et il y a eu de petites complications. Je suis devenu un homme là-bas. Le jeu allait vite, je ne comprenais rien. En travaillant, je me suis mis à niveau et cette période a été très bénéfique. Avec une montée de D2 en D1. Et la vie en Espagne, c’est magnifique."
Basaksehir : "L’argent. Si je pars d’Espagne, c’est pour l’argent. À cause des mises au vert, ma femme était souvent seule. Impossible d’apprendre le turc. Quand ils ont voulu que je parte car je coûtais cher, ils m’ont mis beaucoup de pression, même physiquement."
Charleroi (2) : "Meilleur buteur à nouveau. Dégoûté de ne pas être dans les playoffs 1."
La Gantoise : "Découverte de la Coupe d’Europe avec deux buts contre Tottenham dont un à Wembley. La relation avec Vanhaezebrouck était difficile. Beau public et superbe stade."
Bruges : "Aucun regret même si cela ne s’est pas bien passé. Diaby et Wesley sont revenus plus vite que prévu de blessure donc je n’ai pas eu l’occasion d’avoir du temps de jeu. On était cinq attaquants pour un match par semaine car le Club était éliminé de la Coupe d’Europe. Bruges, en gentleman, a facilité mon prêt à Courtrai en payant mon salaire."
Courtrai : "Des regrets car on est éliminé par Genk en demi-finale de la Coupe et on loupe les PO1 lors de la dernière journée."
"Difficile de garder Osimhen…"
Avec le prêt de Victor Osimhen, Jérémy Perbet a découvert un jeune attaquant (NdlR : 20 ans le 29 décembre) performant qui est promis, pour le Français, à un bel avenir…
"Je ne vois pas de défauts chez ce joueur. Il a tout au niveau du physique, de la technique, de la vitesse, de la puissance. Il marque des buts, il est bon de la tête et garde bien la balle. C’est un bon gars qui est à l’écoute des conseils."
Auteur de huit buts en championnat, le Nigérian est devenu l’atout n° 1 des Carolos en attaque.
"Il est jeune et c’est important pour lui de garder de la régularité sur toute une saison, ajoute l’ancien Taureau d’or. Il a tout pour faire une très grosse carrière. Un club comme Charleroi, c’est parfait pour lui, pour son évolution. Ce serait bien qu’on soit en playoffs 1. Cela lui ferait des gros matchs pour se montrer et encore évoluer. Cela va être difficile pour Charleroi de le garder en fin de saison. Cela prouve la qualité du recrutement du Sporting, qui trouve souvent des joueurs inconnus mais talentueux. Qu’il est ensuite possible de revendre à un bon prix, comme Rezaei. Charleroi n’a pas les moyens d’un grand club mais fonctionne comme un grand club."
"Je ne me vois pas rester à la maison"
Le buteur carolo s’épanouit comme consultant et suit des cours d’entraîneur.
Sous contrat à Charleroi jusqu’en juin 2021, Jérémy Perbet pense déjà à son après-carrière avec une première option qui pourrait le mener vers un job de consultant : "C’est une opportunité qui a commencé il y a trois ans. J’allais un peu sur les plateaux et les gens étaient contents de ce que je faisais. Mes présences sont limitées en raison de mon calendrier avec Charleroi, qui est prioritaire. C’est un rôle dans lequel je m’épanouis. Pour le moment, je ne peux pas être 100 % moi-même car je joue encore contre les équipes que j’analyse. J’aime décrypter les phases de jeu, la façon de faire des joueurs."
Depuis cette saison, Jérémy suit aussi des cours d’entraîneur. "J’ai envie de me rendre compte si c’est quelque chose qui me plaît ou pas. Je n’ai pas envie d’arriver à la fin de ma carrière et de me dire : bon, maintenant que vais-je faire ? Je ne voudrais pas connaître de coupure. L’arrêt de ma carrière me fait un peu peur. Je ne me vois pas rester à la maison à ne rien faire. Ce que j’aimerais, c’est devenir entraîneur des attaquants dans un staff pro ou avec des jeunes de 15-16 ans. C’est quelque chose que je maîtrise. T1, cela ne m’attire pas pour le moment. Cela fait quinze ans que je vois la vie des coachs principaux. C’est beaucoup de travail, de la pression, tu es encore plus exposé que comme joueur. Je suis plus attiré par un rôle de T2 ou T3 dans un premier temps."
"Mazzù ? Humain, droit et compétent…"
Si Jérémy Perbet a choisi de revenir à Charleroi, c’est en grande partie pour retravailler avec Felice Mazzù…
"En plus de mon passage à Charleroi il y a deux ans, j’avais déjà connu Felice comme adjoint il y a une décennie à Tubize. Il est plus fort qu’il y a dix ans. Mais il a gardé ce côté humain qui a notamment fait que je suis revenu à Charleroi. Il n’y a pas de secrets avec lui ; il dit les choses et communique beaucoup. Quand tu joues, et surtout quand tu ne joues pas, c’est bien de recevoir des explications. Il est droit. Si tu mérites de jouer, tu vas jouer à un moment ou un autre."
Un côté humain qui a tendance à disparaître dans certains clubs, mais pas au Sporting.
"On peut réussir avec un coach qui reste proche de ses joueurs. Même si, quand il est fâché, on le sait aussi. Pendant notre début de saison difficile, il est resté naturel mais il a aussi mis le groupe devant ses responsabilités en nous rentrant dedans car il voyait la qualité présente. Pour Charleroi, c’est le coach parfait pour passer un palier. Depuis le début, on lui a souvent retiré ses deux ou trois meilleurs joueurs et il arrivait toujours à faire quelque chose d’énorme. Maintenant, on lui offre plus de joueurs. On a tout pour faire une grosse saison."