Guillaume François, ex-Zèbre: "Mehdi Bayat mérite une statue à Charleroi"
Guillaume François revient sur ses années passées au Sporting, lui qui évolue désormais à Virton.
- Publié le 11-05-2019 à 07h30
- Mis à jour le 11-05-2019 à 10h21
Guillaume François revient sur ses années passées au Sporting, lui qui évolue désormais à Virton. Ce samedi soir, Guillaume François sera un observateur attentif de la rencontre opposant deux de ses anciennes équipes : Charleroi et le Beerschot. "Je regarderai seulement la première mi-temps car après je joue avec Virton", explique le Belge qui évolue actuellement en D1 amateurs. "Le Beerschot est difficile à jouer à domicile ; je pronostique 3-2 pour les Anversois. Et je serai supporter… du beau football !"
Arrivé au Sporting zébré en janvier 2013, le joueur de 28 ans a passé 3 ans dans le Pays Noir. Assez de temps pour voir le club évoluer et faire le plein de souvenirs, certains cruels et d’autres beaucoup plus positifs…
Guillaume François, vous êtes arrivé à Charleroi en janvier 2013 en provenance du Beerschot. Pourquoi ce choix ?
"Au Beerschot, je sentais la faillite arriver. J’ai reçu un appel du pied de Charleroi qui venait de repasser entre les mains de Mehdi Bayat et Monsieur Debecq. Ils souhaitaient reconstruire un club serein et sain. Cela me semblait être un chouette challenge."
Quelle est la situation du club à votre arrivée ?
"Beaucoup de choses étaient à améliorer. Ferrera était l’entraîneur mais je ne l’ai connu que deux semaines avant qu’il ne quitte le club. C’est après cela qu’ils ont fait venir Felice Mazzù. À ce moment-là, on peut dire que la nouvelle ère du Sporting a vraiment débuté."
Quel genre de coach était Mazzù ?
"C’était un entraîneur très ouvert qui sentait que son groupe était réceptif et qu’on n’allait pas la lui faire à l’envers. C’était sa première expérience en D1 et il voulait qu’on l’aide à avancer. Il avait une certaine fragilité de se demander s’il était à sa place, si les joueurs allaient le respecter, vu qu’il n’avait pas de passé de grand joueur. Il avait un groupe très positif et tout le monde allait dans le même sens."
Entre votre arrivée et votre départ, Charleroi est passé d’une équipe qui se bat pour le maintien à un club qualifié pour les barrages de l’Europa League. Quelle a été la recette de cette réussite ?
"Durant mes trois années passées au club, Charleroi a gardé la même ossature alors que les autres clubs recommençaient de zéro avec une équipe chaque fois complètement différente. Même si on enlevait à Felice Mazzù ses deux ou trois meilleurs éléments, comme l’hiver où Milicevic, Kaya et Pollet sont partis, nous avons réussi à garder une ossature. Et puis, l’ambiance et l’état d’esprit ont permis à ce groupe de faire des bons résultats."
Comment étaient vécus les départs des meilleurs joueurs du noyau ?
"C’était à chaque fois une petite claque pour tout le monde. Mais quelqu’un d’intelligent qui comprend que le club est en train de se renconstruire se dit qu’il y a des obligations financières. Et quand il y avait une belle offre, on comprenait que Charleroi laisse partir des joueurs de très bon niveau."
Votre dernière saison à Charleroi se passe plutôt mal avec des blessures qui vous tiennent éloigné des terrains. Cela a été un moment clé dans votre carrière ?
"À 25 ans, je pouvais faire exploser ma carrière. Sans nécessairement rêver de l’étranger, je me sentais bien à Charleroi. Mais j’ai connu une saison complètement pourrie, avec une opération et plusieurs périodes de revalidation, et j’étais en fin de contrat. Mais Charleroi a été magnifique avec moi : Mehdi Bayat m’a dit que si je ne trouvais rien, le club n’allait pas me laisser sur le côté. Finalement, j’ai atterri au Beerschot, en D1 amateurs."
Quel est le meilleur noyau de Charleroi : l’actuel ou celui de votre époque ?
"Je ne sais pas si le noyau actuel est nécessairement meilleur. Pour moi, il n’est pas beaucoup plus fort qu’à notre époque. J’adorais la classe de Milicevic, Kebano était aussi incroyable. Puis un gars comme Dewaest, dans ses qualités à lui, est très fort. Si on garde les meilleurs joueurs passés à Charleroi ces trois dernières années, c’est une équipe qui joue clairement le titre."
Qu’est-ce que Charleroi devrait faire pour justement parvenir à se battre pour le titre ou arriver à remporter la Coupe de Belgique ?
"Je pense qu’il est temps de refuser des offres, et je parle en tant que supporter. Ils devraient aussi oser mettre 2 ou 3 millions d’euros dans un joueur. Après, Mehdi Bayat peut avoir une statue à Charleroi pour le travail qu’il a déjà réalisé. Relever le club comme il l’a fait avec Fabien Debecq, c’est déjà incroyable. Mais le supporter en veut toujours plus."
Avec le recul, vous considérez votre passage à Charleroi comme un passage réussi ?
"À l’image de mes trois années de contrat, je dirais qu’il y a eu deux ans réussis et un an raté. Deux tiers de réussite, donc. Finalement, on a le diplôme quand on fait les 66 % (sourire) ."
"Pointé du doigt comme celui qui avait tout fait foirer"
Guillaume François a un souvenir amer de sa dernière rencontre au Sporting.
Si Guillaume François a connu de bons moments avec Charleroi, comme la qualification en PO1 et les barrages de l’Europa League, une rencontre avec le maillot zébré lui a fait mal.
Durant la saison 2015-2016, les hommes de Mazzù parviennent à atteindre la finale des playoffs, qualificative pour l’Europe. Après une belle victoire au match aller (2-0), le technicien carolo doit se passer des services de Clinton Mata, un des hommes en forme mais suspendu, qu’il remplace par Guillaume François sorti d’une saison entachée par les blessures.
"Cela faisait trois semaines que j’étais de retour dans le groupe et Felice Mazzù m’a dit que je méritais de jouer vu le travail que j’avais réalisé", se souvient Guillaume François, qui recevait ce jour-là une sorte de cadeau empoisonné. "Je me sentais prêt et bouillant mais nous avons pris l’eau… J’avais Leon Bailey face à moi qui partira dans la foulée (NdlR : au Bayer Leverkusen). J’ai été pointé du doigt comme le joueur qui avait tout fait foirer. Il s’agit clairement de mon pire souvenir à Charleroi."
Placé au poste de back droit, le joueur a eu du mal à se remettre de cette sortie ratée. "Cela a été dur psychologiquement", avoue François. "J’ai eu besoin du soutien de madame, surtout que je comptais beaucoup sur cette rencontre pour sauver ma saison. Sur le moment, les supporters m’en ont voulu mais cela ne m’a pas empêché de dormir. Je ne voulais plus continuer à Charleroi après cet épisode-là. Ce match m’a fait tourner la page plus facilement. C’était juste dommage de finir à Charleroi comme cela mais cela fait partie du football…"
"Virton, l’équipe à battre"
Après avoir arpenté les terrains de D1 pendant plusieurs saisons, Guillaume François continue actuellement sa carrière du côté de Virton en D1 amateurs. Un pas en arrière assumé par ce joueur originaire de Libramont. "Le Beerschot ne voulait pas me faire prolonger pour deux ans", explique François. "Virton m’a parlé de son projet d’avoir un club phare de la province du Luxembourg au sein des 24 clubs pros de la Pro League. La D1 amateurs, je m’étais dit : ‘plus jamais !’ Mais j’ai finalement accepté de relever le défi."
Au sein de l’antichambre de la D1B, Virton se bat actuellement pour la montée. "Nous étions clairement l’équipe à battre cette saison", explique l’actuel coéquipier d’Alessandro Cordaro. "J’ai trois ans de contrat ici et j’espère ne pas devoir ronger mon frein la saison prochaine car il faut être costaud dans la tête pour jouer en D1 amateurs."