Gabriele Angella se livre: "On ne m’a rien promis"
Avec son expérience et ses qualités, le défenseur italien doit s’imposer dans la défense du Sporting et y apporter de la rigueur.
- Publié le 22-11-2018 à 07h35
- Mis à jour le 22-11-2018 à 09h36
Avec son expérience et ses qualités, le défenseur italien doit s’imposer dans la défense du Sporting et y apporter de la rigueur. Parmi les transferts réalisés par Mehdi Bayat dans la dernière ligne droite du mercato estival, celui du défenseur Gabriele Angella, prêté par l’Udinese, a surpris. Car sans être une star internationale, l’Italien possède quand même une belle carte de visite avec une cinquantaine de matchs en Serie A et une nonantaine de rencontres de Championship, en majorité disputées sous le maillot de Watford. Voir signer un joueur de 29 ans avec une telle expérience au Mambourg, on ne s’y attendait pas vraiment. Comme les fans carolos, nous étions impatients de voir le Toscan à l’œuvre.
Mais une distension des ligaments latéraux du genou a retardé la découverte de Gabriele Angella qui a disputé une seule minute au Standard et trois contre le Club Bruges. De retour de blessure depuis un peu plus de deux semaines, l’occasion était belle de rencontrer celui qui aura pour mission, dans les semaines qui viennent, de consolider l’arrière-garde hennuyère.
Gabriele Angela, pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez signé à Charleroi ?
"À l’Udinese, je sentais que cela devenait difficile pour moi de jouer régulièrement. J’étais un peu en fin de parcours. Je voulais relever un nouveau challenge et j’ai trouvé l’offre de Charleroi intéressante. Je suis venu ici pour me prouver et prouver à certains que je sais encore jouer à un bon niveau. J’ai évolué trois ans en Angleterre et de nombreuses années en Italie, je voulais trouver une culture différente dans mon nouveau port d’attache."
Votre prêt s’est fait assez tardivement dans la période de transferts. Pourquoi ?
"J’avais des contacts avec des clubs de Serie A, mais il n’y a pas eu d’accord définitif. Avant de signer à Charleroi, je me suis renseigné chez Cyril Théreau qui a joué au Sporting. Il m’a dit que vu mon profil, je pourrais faire de bonnes choses à Charleroi. Mon ancien équipier a mis en avant le côté familial du club. Et c’est vrai que j’ai découvert un groupe uni et soudé. Dans toute ma carrière je n’avais jamais vu cela."
Vous connaissiez le championnat de Belgique ?
"Je ne connaissais pas le championnat belge mais bien les clubs qui représentaient votre pays en Europa League et en Ligue des champions. Quand j’ai vu les premiers matchs en Belgique, dans l’intensité, cela ressemble à l’Angleterre. De toute façon, les matchs faciles, cela n’existe pas. Et comme défenseur central, je vais me frotter à des attaquants de bonne qualité. J’ai aussi joué avec Bram Nuytinck et Sven Kums : ils m’ont dit que la Pro League était un bon championnat et qu’avec mes caractéristiques, j’allais pouvoir m’y imposer."
Mais vous vous êtes rapidement blessé au genou. C’est toujours dérangeant quand on arrive dans un nouveau club ?
"C’est toujours ennuyant de se blesser, quel que soit le moment dans la saison. Comme je venais d’arriver au club, j’ai décidé de faire le traitement en Belgique pour rester avec l’équipe et m’intégrer au maximum. L’Udinese m’a téléphoné pour que je fasse les soins en Italie mais j’ai dit non car je voulais rester près de l’équipe. C’est aussi pour cela que j’ai commencé à suivre des cours pour apprendre le français. J’ai déjà bien évolué dans la compréhension. Lors des théories, je comprends déjà pas mal de choses. Pour m’exprimer, c’est en revanche encore un peu difficile car je manque encore de vocabulaire. Mon intégration a aussi été rendue plus facile par le fait que le staff est italien. Mais je veux qu’on me parle un maximum en français."
Et sur les terrains, quel style de joueur êtes-vous ?
"Vu ma position de défenseur central, je suis un joueur physique. Ma relance est précise. J’essaye de ne pas prendre des risques car c’est dangereux vu mon poste. J’attache aussi une grande importance à la communication avec mes partenaires et sur le fait de jouer avec un bloc bien compact."
Avant de signer, avez-vous eu une discussion avec Felice Mazzù ?
"Oui. L’entraîneur m’a laissé une bonne impression mais ma décision était déjà prise de venir à Charleroi. Cela m’a juste réconforté dans mon choix. Au niveau du temps de jeu, on ne m’a rien promis et il n’était pas question de me faire des cadeaux. Si je suis dans l’équipe, c’est que je le mérite. Je peux jouer dans tous les systèmes. À trois ou à quatre derrière, cela ne change rien pour moi. C’est au coach de choisir le bon dispositif selon les joueurs à sa disposition et selon l’équipe adverse."
Vu le récent succès face au Club Bruges, il sera difficile pour l’entraîneur carolo de faire débuter l’Italien ce dimanche à Lokeren. Mais il ne fait aucun doute que Gabriele Angella possède toutes les armes pour s’imposer à l’avenir comme un titulaire indiscutable…
Avec Balotelli et Okaka chez les U21 italiens…
Le Toscan, qui a quitté son pays pour l’Angleterre à 23 ans, a porté à trois reprises le maillot des espoirs de la Squadra…
Entre septembre 2009 et octobre 2010, Gabriele Angella a porté à trois reprises le maillot de l’équipe nationale espoirs italienne. Une fierté pour le joueur, qui n’est jamais parvenu à faire le pas vers la Squadra.
"Quand tu es en espoirs, si tu veux un jour faire le pas et porter le maillot de l’équipe nationale, tu dois avoir un parcours qui te permet de rêver à cela. Moi, à 23 ans, je suis parti jouer en division 2 à Watford en Angleterre pour aider le club à devenir champion. Quand tu joues là-bas, c’est plus difficile pour te faire remarquer. On m’a un peu oublié. Après, c’est difficile de revenir au premier plan. De cette équipe de U21, il y a de nombreux joueurs qui évoluent en Serie A. Il y avait aussi Mario Balotelli et Stefano Okaka. Si j’étais resté à l’Udinese, qui allait jouer l’Europa League, peut-être que je me serais fait remarquer. Mais mon président, qui était le propriétaire de l’Udinese et de Watford, a voulu me placer en Angleterre. Ce qui me plaisait aussi. Il voulait créer quelque chose de très ambitieux là-bas, cela me convenait. On ne m’a pas mis le couteau sous la gorge. Aujourd’hui, c’est plus accessible pour les jeunes footballeurs d’accéder à l’équipe nationale. La Squadra cherche à se renouveler."
Et c’est sans aucun regret que le nouveau joueur de Charleroi évoque ses années anglaises.
"Sportivement, je m’y suis éclaté. C’était moins tactique qu’en Italie et on trouvait un enthousiasme terrible lors des matches. Je retrouve un peu cette euphorie dans les fins de rencontres en Belgique. Les stades étaient toujours pleins. En plus, j’ai connu une belle première saison avec notamment huit buts inscrits. Et pour mon expérience personnelle, j’ai découvert une nouvelle culture et j’ai appris une nouvelle langue."
Déjà apprécié par tous…
Gabriele Angella n’a pour le moment disputé que quatre minutes avec Charleroi en championnat. Mais à tous les étages du club, on n’entend que des remarques positives sur l’Italien.
"On sent qu’il a beaucoup d’expérience. Je suis certain qu’il va nous apporter beaucoup", déclarait Dorian Dessoleil après le match amical de la semaine dernière contre Eupen. Dans le noyau carolo, le défenseur central n’est pas le seul à avoir remarqué les qualités du Transalpin. Et le son de cloche est le même du côté du staff hennuyer. En le reprenant dans le noyau pour le match contre Bruges alors qu’Angella n’avait qu’une semaine d’entraînement dans les jambes, Felice Mazzù a montré et avoué qu’il dérogeait un peu à ses habitudes vu le potentiel de son joueur.
"J’étais étonné qu’un joueur comme cela, avec ses qualités, arrive à Charleroi, déclara, pour sa part, Mario Notaro, le T2 carolo qui a gentiment fait office de traducteur lors de l’interview. Quand Gabriele a expliqué le pourquoi de son choix, j’ai parfaitement compris. C’est tout bénéfice pour nous. Il va apporter à ses équipiers mais aussi au staff toute son expérience."
Et dans les bureaux du Mambourg, on est certain que Mehdi Bayat va rapidement s’activer pour que l’histoire d’Angella à Charleroi ne se résume pas qu’à une saison en prêt…
"Plus facile de jouer la Juventus que Lokeren"
Un des leitmotivs de l’Italien est de retrouver du plaisir…
Quand un joueur comme Gabriele Angella a connu le professionnalisme de l’Angleterre et la rigueur de la Serie A, cela ne doit pas être facile d’envisager avec joie des futurs déplacements à Lokeren ou Saint-Trond. Pourtant, dans son discours, jamais l’Italien, qui a encore défié la Juventus en mars dernier avec l’Udinese, n’a montré du dédain par rapport au championnat belge.
"Bien sûr, jouer contre la Juventus , c’est bien, explique le défenseur de 1,90m. Mais pour moi, un match, cela reste un match. Il ne faut pas faire attention au nom de l’adversaire. Quand tu joues contre Lokeren ou Waasland-Beveren, il faut faire preuve de plus de concentration que contre la Vieille Dame. Quand tu évolues contre la Juventus et ses stars, tu es naturellement plus concentré. Et en plus, tu n’as rien à perdre."
Et quand on lui parle des conditions d’entraînement à Marcinelle sur un site qui n’a rien de très moderne et du trajet à réaliser en bus chaque jour entre le stade, où les joueurs s’habillent, et le centre d’entraînement, Gabriele Angella ne semble pas perturbé et parvient même à lancer une fleur à son nouveau club…
"Vous savez, les terrains d’entraînement de Marcinelle ne sont pas moins bons que ceux de l’Udinese, lance dans un grand sourire l’Italien. Ce qui change juste, ce sont les déplacements en car entre le stade et le centre d’entraînement. Avec l’Angleterre, il y a par contre une grande différence. Je ne peux pas vous mentir. Là-bas, les terrains étaient chauffés. Mais les différences qui existent entre l’Angleterre et Charleroi ont vite été gommées. Car pour moi, ce qui est le plus important, c’est le plaisir du football, celui que j’avais quand j’étais gamin et que je cherche à retrouver au quotidien. J’ai toujours eu le football dans le sang. Au départ, j’évoluais comme milieu de terrain. Mais quand je suis passé défenseur, j’ai apprécié les qualités de Marco Materazzi et Alessandro Nesta. Comme club, quand j’étais petit, j’aimais bien Torino car ma famille supportait ce club. J’étais obligé (rires) ."
Formé à Empoli dès l’âge de 10 ans, Gabriele Angella sait que lui, sa compagne (Chiara) et son chien (Duchesse, un golden retriever) ont déposé leurs valises cet été dans un pays où la communauté italienne est très grande.
"En Italie j’ai entendu parler de la catastrophe de Marcinelle. Mais je n’ai aucun membre de ma famille qui a vécu en Belgique."
"En Italie, on bosse la rigueur tactique très tôt dans la formation"
Quand on parle de l’Italie et de son championnat, les mots rigueur et tactique reviennent souvent dans les discussions. Les nombreux joueurs belges qui ont tenté l’aventure dans l a Botte ont souvent eu besoin d’un certain temps d’adaptation pour appréhender leur nouvel environnement. Mais finalement, quand on est formé en Italie, comme Gabriele Angella, comment est-ce que cette rigueur est inculquée ?
"C’est quelque chose qu’on nous apprend dès les équipes de jeune, explique le Carolo. Ce qui n’est peut-être pas le cas dans d’autres pays. On est préparé très tôt aux caractéristiques des tactiques collectives. On travaille aussi beaucoup les un contre un. Des actions sur lesquelles le défenseur ne peut pas se rater. Deux fois par semaine, on suivait des séances uniquement axées sur la tactique. Avec des exercices spécifiques : si celui-là va à gauche, celui-là doit coulisser, etc. Et quand tu deviens professionnel, tu es imprégné de ces choses-là. D’ailleurs, je préfère un 0-0 à un 3-3, surtout en tant que défenseur."