"Adama, tu dois aller jouer ton match": les mots du frère de Niane avant son décès
Niane a connu une période difficile avec le décès de son frère.
- Publié le 13-04-2019 à 07h53
- Mis à jour le 13-04-2019 à 08h47
Niane a connu une période difficile avec le décès de son frère.
"J’ai vraiment connu une période très compliquée."
Le ton est donné. D’un naturel jovial, l’attaquant du Sporting, Adama Niane, a perdu pendant de nombreuses semaines son sourire. La raison ? Pas les résultats de Charleroi ou un problème de forme. Non, quelque chose de bien plus grave qui dépasse largement l’intérêt qu’on peut accorder au football. Pendant deux mois, le Malien a effectué de nombreux voyages jusqu’en Tunisie pour soutenir son frère, victime d’un cancer et qui allait finalement décéder le 1er février.
"Je suis vraiment tombé dans un club familial , explique Adama Niane. Mon compatriote, Kalifa Coulibaly, qui a joué au Sporting, me l’avait dit avant que je signe. Et j’ai pu m’en rendre compte. Dans les moments difficiles, tout le monde était là pour moi. On m’a beaucoup aidé au club. Les joueurs, le staff, le coach, Mehdi, le président. J’ai reçu un soutien psychologique et financier. Cela m’a fait plaisir. Mais cela ne m’a pas étonné. Depuis que je suis ici, je me suis rendu compte que la notion de famille n’était pas usurpée quand on parlait de Charleroi. Le club m’a fait de nombreuses faveurs. Pendant plus d’un mois, je devais partir régulièrement pour aller voir mon frère hospitalisé en Tunisie. Pendant plusieurs semaines, je n’ai fait que des allers-retours. C’est rare qu’un club accepte cela. La famille est le plus important dans la vie par rapport à une carrière. Mais je dois me montrer reconnaissant envers Charleroi. Il faut toujours remercier ceux qui t’aident dans les moments difficiles. J’ai essayé pendant un petit temps de garder tout cela pour moi, de ne pas évoquer les problèmes de santé de mon frère. Mais à un moment, j’ai eu besoin de m’exprimer. Et j’ai trouvé à Charleroi des oreilles prêtent à m’écouter et des gens prêts à m’aider."
Et si psychologiquement l’attaquant des Zèbres a tenu le coup c’est aussi grâce à la leçon de courage donnée par son grand frère.
"Avant son décès, j’étais en Tunisie avec lui et il m’a dit : ‘Tu dois aller jouer ton match, c’est le plus important pour toi, après tu viens me revoir.’ Je ne voulais pas le quitter. Mais il a ajouté que j’étais obligé de partir. Je suis rentré en Belgique et j’ai appris son décès dans le car qui nous conduisait à Mouscron. Et j’ai joué ce match-là malgré cela. Pourquoi ? Car il me l’avait demandé. Dans les derniers moments de sa vie, il pensait d’abord à moi. C’est une belle preuve d’amour, vous ne trouvez pas ? C’est une leçon de vie."
Et chaque jour , Adama pense à son frère. Et il lui suffit de regarder son avant-bras droit pour se souvenir des bons moments passés ensemble : "Après son décès, je me suis fait tatouer son prénom sur mon bras pour qu’il reste près de moi. Et à chaque fois que je vais marquer un but, je vais l’embrasser. Je veux gagner pour lui."
Et au fur et à mesure qu’il avancera dans son deuil, le Malien retrouvera son sourire.
"Je suis quelqu’un de jovial de naissance. On ne vit qu’une fois et il faut profiter de chaque instant. On ne doit pas se plaindre de tout et n’importe quoi, surtout quand on est en bonne santé. Il faut remercier Dieu de ce qu’il nous donne. Et pour jouer au football, il faut être heureux pour bien jouer. Il faut s’amuser pour faire des performances. Si tu es triste, tu ne peux pas jouer au football."
Et surtout, Adama ne voudrait pas décevoir son frère en n’exploitant pas au maximum ses qualités pour réaliser une belle carrière…
"Gagner les PO2 et la Coupe d’Afrique…"
Le Malien déborde d’ambitions en cette fin de saison…
Sportivement, Adama Niane s’est fixé deux objectifs en cette fin de saison : remporter les PO2 et participer à la Can avec son pays, le Mali.
"Je pense sincèrement qu’on peut terminer en tête de notre groupe dans ces playoffs 2. Ce qui s’est passé, avec les défaites contre Saint-Trond et Ostende, on ne peut plus le changer. Donc il faut regarder l’avenir et les matchs qui viennent. Ici on va jouer deux rencontres à domicile. Le raisonnement est assez simple, il faut prendre six points sur six. La victoire à Eupen, décrochée à quelques secondes de la fin des débats, a fait du bien au groupe. Je ne connais pas bien Westerlo mais jouons notre jeu."
s’il est titulaire et s’il se montre performant, le Malien espère rejoindre l’Égypte en fin de saison pour disputer la Can.
"J’ai déjà participé à une Can et une Coupe du Monde avec les jeunes et les espoirs du Mali mais jamais avec l’équipe première. J’espère que ce sera le cas cette année. Je me sens bien dans notre groupe qui est composé d’une jeune génération. Je pense que le sélectionneur apprécie mon travail. Mais une sélection dépend aussi de la manière dont tu joues dans ton club. On a une très bonne équipe donc il faut que je joue avec Charleroi. On a trois attaquants fixes en équipe nationale, Kalifa Coulibaly (Nantes) , Moussa Marega (Porto) et moi. Ce serait une fierté de représenter mon pays dans une telle compétition. On va aller en Égypte pour remporter la compétition. On possède un groupe solide et l’ambiance est bonne."
Et pour une fois la Can ne se déroule pas en janvier.
"C’est bien qu’elle se dispute en juin. On va pouvoir profiter d’une semaine de vacances. C’est aussi mieux pour les clubs. Certains ne verront pas leurs joueurs rater des matchs de championnat. Et cela ne devrait pas poser des problèmes pour la préparation à la prochaine saison."
PO 2A > Charleroi - Westerlo, Dimanche à 20 h 00