Adama Niane: "Je ne perds jamais la confiance"
Même s’il n’a pas débuté les deux derniers matchs, Adama Niane n’est pas du genre à douter et vise la barre des dix buts.
- Publié le 09-11-2018 à 10h01
- Mis à jour le 09-11-2018 à 10h02
Même s’il n’a pas débuté les deux derniers matchs, Adama Niane n’est pas du genre à douter et vise la barre des dix buts Stade du pays de Charleroi. Salle de presse. Le repas de midi vient de se terminer et Dorian Dessoleil est le premier arrivé pour répondre aux sollicitations de la presse. "J’ai rendez-vous avec Télésambre. Et toi, tu attends qui ?" On lui répond : "Adama Niane." Le défenseur se marre. "Tu peux encore attendre à mon avis, il est toujours le dernier."
Pourtant, quelques secondes plus tard, le joueur de 25 ans débarque, avec un large sourire aux lèvres. "Je suis bien à l’heure, cette fois. Ça va tranquille ?", nous demande-t-il.
Bien merci. Et vous, ça a l’air d’aller malgré la défaite à Ostende, vendredi dernier ?
"Personne ne peut m’enlever ma joie de vivre, hein. C’est important de garder le sourire. Le principal, c’est la santé. Après, oui, on vit une période compliquée sportivement. Mais c’est notre métier. Même les grandes équipes peuvent traverser de moins bonnes périodes. Le championnat est long, on n’est même pas à la moitié. Il ne faut pas se mettre de pression pour rien. On a bien parlé avec le coach après la défaite de vendredi. Et maintenant, on est déjà focalisé sur Bruges."
Battre le Club ferait un bien fou à toute l’équipe.
"C’est vrai. Cela nous ferait super plaisir. Les Brugeois, on va les attendre de pied ferme et on va tout faire pour les battre. On travaille pour jouer et gagner ce genre de matchs. OK, ils ont une belle équipe, ils jouent la Ligue des Champions. Mais chez nous, on reste sur une série de victoires."
Il va maintenant falloir apprendre à gagner à l’extérieur.
"Exactement. On travaille pour cela. La régularité nous manque un peu. Mais quand je vois la qualité de notre effectif, je me dis que ça va bien se passer. On sait qu’on doit être dans le Top 6 et on y sera. C’est notre objectif, on va l’atteindre. On ne doute pas."
À titre personnel non plus, vous ne doutez pas ? Vous venez de débuter deux matchs sur le banc.
"Je sais comment ça se passe. J’ai déjà de l’expérience. Il y a des moments faciles, des moments plus difficiles. Mais je suis quelqu’un qui ne perd jamais la confiance. Je n’ai jamais douté de moi. Le coach a fait ses choix lors des deux derniers matchs. C’est lui qui décide. Mais il me dit beaucoup de choses, on communique. Moi, je suis là, je travaille, je sais que je vais encore jouer, je ne me prends pas la tête."
Mais on a senti chez vous, lors de votre montée au jeu à Ostende, cette envie de retrouver votre place de titulaire. Comme à votre arrivée.
"Oui, j’ai envie de montrer que j’ai ma place. Sur le terrain, je n’arrive pas à tricher. Deux matchs sur le banc après six comme titulaires ? C’est rien. Je me donne à fond. Même si je ne dois jouer qu’une minute. Le plus important, c’est le groupe."
Un groupe où vous êtes bien intégré.
"Oui, tout le monde m’a bien accueilli ici. L’ambiance est top. On met la musique dans le vestiaire avec Nurio, Parfait (Mandanda) , Marco (Ilaimaharitra) . Et tout le monde danse. C’est important de prendre du plaisir quand on va s’entraîner. À Charleroi, j’ai un peu retrouvé le caractère familial de Troyes. Tout le monde est proche de tout le monde. Et il y a des vrais supporters. Ils ne nous lâchent pas et nous supportent jusqu’à la fin. Dès le premier match, ils ont scandé mon nom. Cela donne envie de se tuer pour eux."
En marquant des buts. Vous êtes-vous fixé un nombre comme objectif (il est actuellement à deux) ?
"La dizaine. C’est dans ma tête. Et ça va venir, je le sais. Même les grands attaquants vivent des périodes sans marquer. Et si je ne marque pas, j’essaie de donner des passes décisives."
"J’aurais pu partir en Liga ou en Italie"
Il y a deux ans, Adama Niane terminait meilleur buteur de Ligue 2 avec Troyes. "Avec 23 buts marqués", précise-t-il. Un chiffre impressionnant qui a forcément éveillé l’intérêt de certains clubs. Mais le Malien avait finalement choisi de rester dans l’Aube. "Je voulais jouer en Ligue 1 avec Troyes", précise-t-il. "J’avais un accord avec le club qui m’avait tout donné. J’étais reconnaissant et je voulais découvrir la Ligue 1 avec lui, même si j’avais déjà joué quelques matchs de L1 avec Nantes. J’ai pris du plaisir et j’ai engrangé de l’expérience."
Avant d’avoir, une nouvelle fois, l’occasion de partir. À la suite de l’intérêt de plusieurs clubs européens. "J’aurais pu partir en Espagne, en Russie ou en Italie mais mon agent s’entendait bien avec Charleroi. Il m’a expliqué qu’ici, je pourrais jouer, prendre du plaisir et grandir. Et il m’a parlé de Kalifa Coulibaly, qui est passé par le Sporting. Cela m’a convaincu."
A-t-il des envies de quitter rapidement Charleroi, comme l’a fait Coulibaly ? "Je veux faire de belles choses ici, puis on verra. J’ai signé pour trois ans et je ne pense pas à autre chose. Mais dans le football, tout peut arriver."
"Jouer la Can serait fabuleux"
Après huit mois d’absence, le joueur de 25 ans va retrouver la sélection malienne.
L’une des premières choses que l’on remarque quand on croise Adama Niane dans les travées du Mambourg, c’est le fait qu’il se balade toujours avec… deux smartphones. "Il y en a un pour téléphoner au Mali", sourit l’attaquant. Car le Mali, son pays, fait partie intégrante de sa vie. Né à Bamako, le Zèbre y a grandi dans un bonheur indescriptible.
"C’était les bons moments", se souvient-il. "Je suis entré au centre de formation de Yeelen Olympique à l’âge de 10 ans. Mon frère m’avait amené là-bas et j’y suis resté. C’était proche de chez moi. J’avais l’école le matin puis le foot l’après-midi."
À 18 ans, le jeune Adama rejoint Nantes, où il inscrit 40 buts en 91 matchs avec l’équipe B. Avant de faire ses débuts en L1 puis de rejoindre Troyes, avec la réussite que l’on connaît, et donc désormais Charleroi. "J’avais un rêve étant petit : être professionnel dans un club européen. Donc on peut dire que je l’ai réalisé."
Loin de sa famille, restée à Bamako mais à laquelle il rend visite dès que l’occasion se présente. "J’ai juste un frère qui vit à Paris et qui est déjà venu me voir jouer à Charleroi", indique le buteur, qui a connu les joies de la sélection U20 puis U23. Et qui compte quatre sélections avec les A.
Bientôt cinq , puisqu’il a été retenu par le sélectionneur malien, Mohamed Magassouba, pour affronter le Gabon dans le cadre des qualifications pour la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (qui aura lieu au Cameroun en juin 2019).
"J’attendais son appel, ne cache pas Adama Niane. C’est toujours un plaisir de retrouver l’équipe nationale. C’est une fierté de porter les couleurs de son pays. Je n’avais plus été repris depuis le mois de mars et un match amical contre le Japon. C’est la preuve qu’on me suit, Même à Charleroi."
Et l’objectif est clair : se qualifier pour la Can (c’est bien parti puisque le Mali est en tête de son groupe à deux journées de la fin des qualifications). "C’est important. Je l’ai jouée avec les jeunes et en Espoirs mais jamais avec les A. Pour ma génération, au sein de laquelle il y a une ambiance exceptionnelle car nous sommes tous amis, ce serait fabuleux d’y parvenir."
Et, pourquoi pas, d’y retrouver un certain Marco Ilaimaharitra, qualifié avec Madagascar. "Pour son pays, c’est une première historique. Je l’ai félicité car je suis trop content pour lui. J’espère qu’on pourra se croiser à la Can… même si ce sera chaud pour lui." (rires)