Boubacar Copa arrête définitivement sa carrière : “C’était difficile d’être joueur et entraîneur”
- Publié le 05-03-2019 à 06h58
- Mis à jour le 05-03-2019 à 08h42
Copa Barry a mis fin à sa carrière pour définitivement en embrasser une autre.
Des larmes viennent embrumer son regard noir jais. Mais, promis, juré, Copa Barry ne compte pas pleurer. Dans le studio du Grand Debrief, l’évocation de cette fameuse victoire à la CAN 2015, où il n’avait pas joué un match avant d’offrir à tout un peuple la victoire en finale en marquant son tir au but, fait ressurgir l’une des émotions les plus fortes de sa vie de joueur. Dans la foulée ou presque, le gardien avait annoncé la fin de sa carrière internationale le 2 mars 2015. Quatre ans plus tard, jour pour jour, Copa a mis un terme à sa carrière tout court.
L’un des personnages les plus attachants du football belge de ces dernières années nous a souvent répété le mot "merci". À tous ceux qui ont croisé sa route lors de ses 22 dernières années. À tous ceux qui la croiseront encore dans ses nouveaux habits d’entraîneur des gardiens d’OHL. Juste avant l’émission, le gardien a pris le temps de revenir sur les raisons qui l’ont poussé à raccrocher définitivement les gants. Dans son style.
Copa, comment avez-vous senti que le moment de dire stop était arrivé ?
"Un peu comme avec la sélection, en fait. Je me suis dit que le moment était arrivé où il fallait laisser la place. Quand je suis arrivé à OHL en septembre 2017, c’était pour aider le club à monter. Mais, malheureusement, dans la préparation, je me suis blessé. C’est parti un peu de là, je n’ai pas eu de temps de jeu. Je ne suis pas du genre à revendiquer quoi que ce soit, je suis une personne qui travaille, travaille. Le coach m’a sollicité l’an dernier, comme j’étais numéro 4 et que l’entraîneur des gardiens partait, il voulait me donner une chance pour faire l’intérim. J’avais déjà passé mes diplômes et je me voyais déjà arrêter l’année dernière. Dieu souvent planifie les choses, nous avons nos plans mais Il a souvent une meilleure stratégie. Je me suis dit pourquoi ne pas essayer de voir par rapport aux PO de l’année dernière. C’est parti de là. À la reprise cette saison, je me demandais si je voulais continuer cette aventure. J’ai fait les deux en même temps, joueur et entraîneur. Mais c’était devenu difficile. Dans ma tête, je gambergeais. Stop ou encore ? J’ai pris cette décision depuis un moment, il fallait l’officialiser. Cela a été tout un processus naturel. Voilà, je pars naturellement."
La retraite d’un sportif est souvent assimilée à une petite mort. Vous parlez d’une fin qui annonce un début…
"Beaucoup de joueurs ont pu connaître des difficultés durant leur carrière et cela m’a servi de leçon. Je me suis dit qu’il ne fallait pas que je connaisse un break à la fin de ma carrière. Le football m’a tout donné, m’a permis de faire de belles rencontres et c’est important pour moi de partager mon expérience. J’ai côtoyé des gens magnifiques, qui m’ont donné ma chance et m’ont permis de progresser chaque jour. C’est vrai qu’il y a eu des turbulences aussi, cela fait partie de ma vie. Quelqu’un qui veut réussir doit toujours être patient, persévérant. C’était mon optique. Aujourd'hui, je suis heureux. Après, je voulais qu’il y ait une continuité. L’homme propose, Dieu dispose. Je n’avais pas prévu de terminer comme cela et de rebondir en même temps. À moi de saisir ma chance. Je suis à OHL avec un contrat de joueur jusqu’en juin et je fais l’interim. J’attends un signal de la direction mais tout peut aller très vite."
Qu’est-ce qui vous attire dans le métier d’entraîneur ?
"Je suis issu d’une famille qui aime transmettre, qui aime le partage. Le football m’a tant donné, ce serait dommage de ne pas transmettre à cette nouvelle génération que j’ai la chance de côtoyer. Je sais un peu comment cela fonctionne. C’est important de transmettre, il faut partager ton expertise."
Les gardiens vous appellent déjà coach ?
"C’est difficile parce que j’ai joué avec eux. Je suis passé de l’autre côté de la barrière. Moi-même, cela me dérange qu’on m’appelle coach, je préférais qu’ils m’appellent Copa. Souvent, ‘coach’ sort. Mais peu importe l’appellation, il faut prendre du plaisir. Et c’est ce que je compte faire."
"J’ai eu 20 ans de retard dans l’apprentissage du poste de gardien"
Depuis l’annonce de sa retraite, Copa Barry a vu les messages affluer. De Didier Drogba à Hervé Renard en passant par Kolo Touré, rares sont ceux à l’avoir oublié. "Cela prouve qu’on a besoin des autres dans la vie", sourit l’Ivoirien qui, lorsqu’il est question de son incroyable longévité de 22 ans, souligne : "J’ai eu des périodes très difficiles, mais il faut passer par là pour savourer les victoires."
Celle à la CAN 2015 restera gravée. Comme l’échec en 2012 où il avait terminé le tournoi sans encaisser le moindre but, un exploit toujours inédit. Encore plus pour celui qui nous avait avoué un jour qu’il ne voulait pas jouer gardien parce qu’il était trop petit. "J’ai eu 20 ans de retard dans l’apprentissage du poste de gardien ; j’ai commencé à apprendre ce poste à Rennes avec Christophe Lollichon. J’ai appris la prise de balle, comment se coucher, se relever", rappelle-t-il avant de lancer : "L’enseignement, c’est qu’il faut y croire. Parce qu’y croire, c’est pouvoir."
Contacté par la fédération ivoirienne
Copa Barry n’a pas eu que des messages d’hommage à sa carrière. Le président de la fédération ivoirienne ainsi que le vice-président ont également proposé un poste au gardien qui a notamment trois phases finales de Coupe du monde. L’état-major fédéral entend désormais s’appuyer sur ses anciennes gloires à l’instar du portier qui a fréquenté la sélection durant 15 ans. Et cette approche pour éventuellement intégrer le staff dirigé par Ibrahim Kamara intéresse forcément le portier aux 100 sélections.