Aucun Belge ne veut acheter Lokeren
- Publié le 02-12-2017 à 14h11
- Mis à jour le 02-12-2017 à 14h21
Roger Lambrecht demande 20 millions d’euros et ne veut pas céder son club à n’importe qui. Anderlecht est à vendre. Son adversaire du jour aussi. Depuis quelques années, Roger Lambrecht a annoncé qu’un repreneur était bienvenu. "Je deviens vieux, lance-t-il régulièrement du haut de ses 86 ans. J’ai tous les maux des personnes âgées."
La première annonce d’un prix a eu lieu il y a deux ans, début novembre 2015. Depuis, rien n’a bougé. Ni le prix ni la vente du club. Analyse.
1 - COMBIEN RÉCLAME LE PRÉSIDENT LAMBRECHT ?
Roger Lambrecht n’a pas changé son prix depuis deux ans maintenant. Le businessman, qui a fait fortune dans le pneu, ne lâchera son club qu’en échange d’un chèque de 20 millions.
Il explique ce montant en deux temps : "Dix millions pour les infrastructures, selon nos évaluations (NdlR : qui sont remises en doute au sein même du club), et autant pour le noyau."
Les infrastructures n’appartiennent toutefois pas au club. "Mais c’est comme si c’était le cas", précise-t-on à Daknam.
Le club a un bail de location de 99 ans auprès de la commune à qui appartiennent le terrain et le stade. Le coût de la location ? Un euro symbolique. "Le nouveau propriétaire peut donc s’en servir comme si c’était à lui."
Le président précise également que le club n’a aucune dette. Sauf envers lui. Chose qu’il oubliera une fois les 20 millions encaissés.
Les chiffres de Transfermarkt, qui semblent toutefois légèrement exagérés, tablent, eux, sur plus de 16 millions de valeur marchande de l’effectif. Lambrecht est toutefois réaliste et compte un peu moins pour ses joueurs sous contrat.
2 - QUI VEUT L’ACHETER ?
Le président avait, il y a quelques années, annoncé avoir assez de candidats acquéreurs pour revendre sans souci son club. Rien ne bouge toutefois.
Des offres ont été formulées. Début d’année 2017, un groupe chinois a fait une offre pour reprendre le club. On évoque 12 millions, corrigés à 15 par Roger Lambrecht himself.
Certains agents, à l’image de ce qu’a fait Pini Zahavi à Mouscron, ont également approché Lokeren ces dernières années sans succès. "Il y a des investisseurs étrangers qui frappent à ma porte chaque semaine", affirme le président.
3 - POURQUOI N’A-T-IL PAS ENCORE ÉTÉ VENDU ?
Mais aucun de ces investisseurs n’a franchi le pas et déposé les 20 millions. La première raison est une lubie du président. Ces dernières années, il n’autorisait pas un investisseur étranger à posséder plus de 49 % de la société.
Un point du contrat qui soulève quelques doutes, car même en payant le montant désiré, le nouvel investisseur ne sera pas aux commandes.
D’autres conditions viennent également s’intégrer au programme comme l’assurance, pour la commune, à qui appartiennent le terrain et les infrastructures, que le stade restera à Daknam "tant qu’il y aura du football pro à Lokeren", a martelé l’échevin des Sports Jerôme Van Doorslaer (Open-VLD). L’opposition (notamment le parti Groen !) espère aussi une consultation des supporters avant une décision finale.
De toute façon, Roger Lambrecht ne privilégie pas l’étranger. Il ne rêve que d’une chose : un repreneur belge et honnête qui traitera le club en bon père de famille, comme lui depuis des années. "Je ne souhaite pas vendre mon club à des gens qui ne pensent qu’à l’argent."
Cet investisseur n’est pas encore arrivé. Loin de là. "Il y a des candidats et des entreprises belges qui, de temps à autre , viennent prendre des informations."
Au plus les années avancent, au plus le club est susceptible de tomber dans l’escarcelle d’un grand patron venu d’ailleurs. Roger Lambrecht ne le cache pas. "Je ne préfère pas, mais les années filent. Il ne faut jamais dire jamais."
4 - LE CLUB PEUT-IL ÊTRE UN BON INVESTISSEMENT ?
"Je n’ai pas gagné d’argent, ça s’est certain. Quand je récupérerai les 20 millions, je serai revenu à l’équilibre en quelque sorte."
La phrase n’a pas de quoi attirer les investisseurs. Lokeren a des bilans équilibrés ces dernières années. Le club a fini le dernier exercice avec 2,3 millions de pertes contre 5,6 millions de gains un an avant. Une somme qui a été injectée dans le club. Le président sort également le portefeuille quand il le faut.
Lokeren s’est installé dans le ventre mou de la Pro League depuis des années et continue à attirer les foules malgré la concurrence, dans la région, de Waasland-Beveren, mais surtout de l’Antwerp et de La Gantoise.
La prise de pouvoir d’un grand nom de l’industrie locale serait idéale. Elle engendrerait une stabilité financière et une identification.
Quant à un investisseur étranger, il aurait, avec Lokeren, un club déjà bien organisé avec une cellule de scouting renommée. Une combinaison idéale pour y intégrer des joueurs venus du pays ou du portefeuille de l’investisseur. Il pourra ainsi les mettre en avant dans un championnat réputé comme le tremplin idéal vers le subtop européen.
Romain Van der Pluym