Van Himst analyse la situation du Sporting: "Le coach idéal ? Olsen, et je vais le lui dire !"
Paul Van Himst, l’éminence grise d’Anderlecht, analyse le Sporting actuel : "Contre Gand, ce n’était pas du foot de D1."
- Publié le 27-04-2019 à 07h19
- Mis à jour le 27-04-2019 à 07h45
Paul Van Himst, l’éminence grise d’Anderlecht, analyse le Sporting actuel : "Contre Gand, ce n’était pas du foot de D1." "Pendant la mi-temps des matchs à domicile, Eddy (Merckx) et moi nous mettons chaque fois dans le même coin de la salle de réception. Le week-end passé, contre Gand, on était en train de se dire combien le spectacle était affreux. Ce n’était pas du foot de D1. ‘On ne ferait pas mieux de rentrer chez nous ?’ , demandais-je à Eddy. Juste à ce moment-là, on tombe sur Marc Coucke. ‘Qu’est-ce que c’est mauvais !’ , confirmait-il. Il faut lui laisser une chose : il dit les choses comme elles sont et ne cherche pas d’excuses."
Finalement, Paul Van Himst (76 ans) est resté. Mais la seconde mi-temps était à peine meilleure. "Yari était une fois de plus le seul qui essayait quelque chose."
Deux jours avant le choc à Bruges, on a analysé la situation comateuse d’Anderlecht avec l’éminence grise du RSCA.
Le changement d’entraîneur n’a donc rien changé, Paul ?
"Je crois surtout que Rutten était content et soulagé de ne plus être entraîneur d’Anderlecht. La décision de la direction de le virer était correcte. Il n’y avait plus de jus dans l’équipe et Rutten donnait l’impression d’être abattu. Ce sera très important de choisir le bon entraîneur. Quelqu’un qui respecte l’ADN du club."
Citez-nous un nom, Paul.
"Je fais souvent la comparaison avec Zinedine Zidane au Real. Il a souvent été critiqué en Espagne, mais ils ont quand même dû le reprendre. Parce qu’il connaît l’ADN du club. Peut-être que je rêve, mais il faut donc quelqu’un qui veut jouer sur la moitié du terrain de l’adversaire, à l’espagnole. Et comme Verschaeren veut jouer."
Vous n’avez pas encore cité de nom…
"Un genre Morten Olsen. Dommage qu’il ne veuille pas le faire. Il connaît le club, a l’expérience, aurait le soutien des supporters. Que Frank (Arnesen) aille quand même parler avec lui. On ne sait jamais. Si je le rencontre, je vais quand même aussi l’encourager à le faire. Il n’est quand même pas si vieux que cela ? (Il a 69 ans) "
Et Franky Vercauteren ?
"Pourquoi pas ? Il est plus spécial et moins ouvert que Morten. Mais c’est aussi quelqu’un de la maison qui a de l’expérience et qui connaît le football."
Est-ce qu’Anderlecht a les joueurs pour développer le football que vous avez en tête ?
"On a trop peu de gars comme Verschaeren, donc trop peu de technique et d’intelligence de jeu. Il faut miser sur les jeunes - les supporters ont raison de dire que c’est le moment, et un jeune ne vous trahit pas - mais il faudrait acheter trois très bons joueurs qui les entourent. Le top absolu est impossible, mais il y a une différence entre des très bons et des moyens. Il faudrait très bien les payer, c’est vrai. C’est ce que Constant faisait quand il le fallait. Et le but ne doit pas d’être champion dans trois ans, mais direct."
Trois, cela suffit ?
"Vous avez écrit qu’il y a 64 joueurs avec un contrat pro. Ils ne vont quand même pas en acheter onze... Parfois, cette saison, j’avais l’impression qu’il y avait quelque chose dans cette équipe. Comme en seconde mi-temps contre Bruges. Mais c’était sporadique, je l’avoue. Trop souvent, c’était catastrophique."
Vous garderiez Trebel ?
"Pour moi, un entrejeu Trebel - Kums ne fonctionne pas. Ces deux ne sont pas complémentaires. Moi, je préfère un vrai médian défensif à la Rits et deux meneurs de jeu devant eux. Ou bien, en 4-4-2, deux armoires à glace comme en Angleterre. Cette saison, contre un bon entrejeu étoffé, on s’est fait balayer du terrain."
Zulj est une déception.
"Absolument. Certains joueurs sont lents, mais accélèrent le jeu avec une bonne circulation de balle. Lui, il joue à un rythme de D2."
Et en attaque, vous reprendriez Mbokani ?
"Point d’interrogation. Il a quel âge, bientôt 34 ? Et j’ai entendu que son genou n’est plus en trop bon état. Mais bon, il est meilleur que ce qu’on a pour le moment. Santini, c’est trop court. Et Dimata n’est pas mauvais, mais je n’ai pas vu grand-chose de sa part. Il avait toujours quelque chose."
Vous devez avoir souffert, cette saison.
"Ce n’était pas la gloire, non. Et avec tous ces problèmes extra-sportifs… Allez, mardi, il y a à nouveau eu une descente de la police à Neerpede. La vente du club s’est faite dans la précipitation."
Et c’est la guerre entre la nouvelle et l’ancienne direction.
"Herman Van Holsbeeck était un chouette gars. Je m’entends bien avec lui. Un jour, il m’a expliqué qu’il devait garder l’équilibre financier en vendant son meilleur joueur. Mais quand on le remplace par deux demi-joueurs, le niveau baisse."
Et la faute qu’il a commise, c’est de n’avoir travaillé qu’avec Mogi.
"Correct. Attention, Mogi et d’Onofrio ont le plus grand carnet d’adresses. Mais il faut travailler avec eux de façon indépendante. Vous savez que j’ignorais que Mogi avait un bureau à Neerpede ? Un jour, via une connaissance, l’ex-international français Franck Sylvestre m’a demandé de le mettre en contact avec Van Holsbeeck pour Ngolo Kante et un autre joueur dont j’ai oublié le nom, mais qui évolue aussi en Premier League. Kante (Chelsea) jouait à Caen. Herman dit - et je le crois - qu’il a été visionné et que c’était insuffisant. Mais est-ce qu’il l’aurait pris, si ce n’était pas avec Mogi ?"
“Je ne peux rien dire de mal sur Coucke”
Paul Van Himst est le seul ancien joueur qui, tout comme Eddy Merckx, a gardé sa place dans la tribune d’honneur, après la reprise d’Anderlecht par Marc Coucke. Les autres – sauf les invités du jour – doivent payer quand ils veulent assister à un match. “J’ai connu des moments merveilleux sous la famille Vanden Stock”, dit Van Himst. “Mais pour moi, pas grand-chose n’a changé. Je ne peux rien dire de mal sur Coucke.”
Beaucoup de décisions prises par l’homme fort du Sporting sont pourtant contestées. Comme le futur changement de nom du stade. “Je comprends que cela fera mal aux anciens de ne plus voir le nom de Constant sur le stade. Je sais que Constant a fait beaucoup pour le club. C’est lui qui a financé mon match de gala pour mes dix ans au RSCA, en 1970. Les caisses étaient vides et il a sauvé Anderlecht. Mais il faut évoluer avec son temps. Combien de stades en Europe n’ont pas prêté leur nom à un sponsor ?”
“Yari ne se cache pas comme les autres”
Yari Verschaeren est le petit préféré de Van Himst. “Depuis cinq ans, je vois tous ses matchs, vu qu’il jouait dans l’équipe de Niels, mon petit-fils”, dit Van Himst. “C’est vraiment un gars qui joue pour gagner. Il n’est pas sur le terrain pour donner une petite passe et pour ensuite se cacher, comme les autres de l’équipe A. Non. Il crée le danger, court dans le rectangle et fait des espaces pour les autres. Contre Gand, par exemple, c’était le seul que j’ai vu devant le but.” Verschaeren a déjà été comparé à beaucoup de joueurs, comme Degryse et Hazard. Van Himst le compare à… Wilfried Van Moer. “Wilfried était aussi petit et intelligent. Défensivement, il était plus fort que Yari, mais Yari est plus fort offensivement. Mais Yari doit encore évoluer. Parfois, il touche le ballon une fois en trop. Messi est le meilleur exemple. Quand il sent qu’il y a trop d’adversaires autour de lui, il lâche son ballon. Il ne se complique pas la vie.”
“A Bruges? Pas la moindre chance…sur papier”
Van Himst ne va pas à Bruges. “Je ne vais plus en déplacement”, dit-il. “Quand je vois ce qui s’est passé à Sclessin… C’est indigne d’un club comme Anderlecht. Ces images font le tour du monde. La saison passée, je suis allé une dernière fois à Gand. Mais sinon… Si c’est pour se faire traiter de ‘Sale Anderlechtois’ – et je reste encore poli – par des fans adverses… Tout le monde sait que j’ai joué à Anderlecht depuis mes huit ans.”
Pourtant, Van Himst souligne qu’il n’a rien contre les Brugeois. “Quand je vais voir des matchs de mes petits-fils à Bruges, les gens sont très sympas dans la buvette et autour du terrain. Je vends d’ailleurs beaucoup de café (de sa marque Brésor) en Flandre occidentale.”
Anderlecht risque de se faire ridiculiser à Bruges. “Sur papier, Anderlecht n’a pas l’ombre d’une chance. Le Sporting est dans le trou. Bruges est mieux structuré que nous. Mais dans le football, on ne sait jamais. Il suffit que le ballon tombe une fois bien pour Anderlecht.”