Van Buyten se confie sur son poulain Bornauw: "Au même âge, il est plus performant que moi"
Daniel Van Buyten nous décrypte son poulain Sebastiaan Bornauw, l’une des rares satisfactions de la saison au RSCA.
- Publié le 16-05-2019 à 06h50
- Mis à jour le 16-05-2019 à 07h54
Daniel Van Buyten nous décrypte son poulain Sebastiaan Bornauw, l’une des rares satisfactions de la saison au RSCA. C’est la meilleure attaque du championnat qui débarque ce jeudi soir au Parc Astrid : 81 buts en 38 matchs (c’est… 26 de plus que le RSCA). Un beau test pour la défense mauve et pour le plus jeune de ses titulaires : Sebastiaan Bornauw (20 ans).
Encore deux duels cette semaine et il aura bouclé sa toute première saison chez les pros. Même si ce fut moins spectaculaire que pour Yari Verschaeren, il restera comme l’une des rares satisfactions 2018-2019 au Sporting. "On peut lui donner une très bonne note", approuve Daniel Van Buyten. On a tiré le bilan avec celui qui est aussi son conseiller tout en conservant l’œil avisé de celui qui a gagné une Ligue des champions avec le Bayern Munich.
La balance de sa saison
Toutes compétitions confondues en club, Bornauw disputera son 27e match ce jeudi contre Genk.
"C’est un beau chiffre en tenant compte du pépin physique de décembre. Ça a un peu coupé son élan en hiver. Avant ça, il était en train de devenir le patron de la défense. Il est quand même bien revenu après trois mois d’arrêt. Et pourtant ce n’était pas évident vu la saison globale d’Anderlecht. Quand tu es jeune et que tu dois sauver les meubles, c’est compliqué mais il s’en est très bien sorti."
Les progrès réalisés
Van Buyten estime que la progression de Bornauw va dans le bon sens. "N’oublions pas que c’était sa première saison face à des professionnels dans un championnat de qualité. Il a réussi à faire valoir ses grosses qualités, la vitesse et l’explosivité. Grâce à ses atouts, il rend service à toute l’équipe qui peut jouer plus haut sur le terrain. Sebastiaan a aussi été très bon dans l’attaque de l’adversaire, la saine agressivité et l’intensité que tu dois mettre pour ne pas laisser respirer l’attaquant."
Les points de travail
L’œil de Van Buyten est affûté pour déceler les qualités mais aussi pour pointer les défauts.
"J’appellerais plutôt ça des points de travail car ce sont des choses où l’on peut progresser en acceptant de bosser dur. C’est logique d’avoir encore pas mal de points de travail à son âge. Sebastiaan pourrait avoir un meilleur jeu de tête, il le sait. Vu sa taille (NdlR : 1,91 m), il peut être plus décisif, aussi bien défensivement qu’offensivement. Le jeu de tête était l’une de mes grandes qualités mais j’avais eu la chance de grandir sur le tard. J’avais donc dû énormément travailler ma détente chez les jeunes avant de finalement pousser jusqu’à 1 m 96. Ça m’a permis d’encore sauter très haut alors que je faisais déjà une tête de plus que les autres. Sebastiaan a toujours été grand mais il sait qu’il peut devenir plus fort en travaillant. Le club l’aide et je lui donne aussi deux-trois conseils de mon côté."
L’ancien Diable (85 caps) évoque aussi la relance de son poulain. "Sebastiaan a un bon pied et il ose relancer. Il s’adapte à ce que le coach demande à ce niveau. Il peut juste encore devenir meilleur en choisissant bien ses moments. Savoir quand prendre le risque dans la relance et quand assurer. Tout ça fait partie de l’expérience et du métier qui rentre en accumulant les matchs. Il lui arrivera encore de louper une relance mais ce n’est pas grave. Il faut accepter l’erreur pour devenir plus fort."
La nouvelle vie
En devenant titulaire à Anderlecht, même dans une saison compliquée, la vie change. Avec sa grande carcasse et sa crinière blonde, Bornauw ne passe en plus pas inaperçu. "Mais il est resté fidèle à la bonne éducation qu’il a reçue de ses parents. C’est une excellente chose. Sebastiaan a le respect des valeurs. Je suis content de pouvoir bosser avec un jeune à l’écoute. Pour moi, c’est l’une des qualités principales qu’un jeune talent doit avoir s’il veut faire carrière."
Le potentiel
À 20 ans, Van Buyten vivait aussi sa première saison chez les pros, à Charleroi sous les ordres de Robert Waseige.
"Ce n’est pas facile de comparer les époques. Déjà parce que ce n’est pas évident de remettre la main sur les VHS de l’époque où je débutais (rires). Mais il me semble clair que le niveau actuel est plus rapide qu’à la fin des années 90. Grâce à l’arrivée des terrains synthétiques, les joueurs peuvent s’entraîner dans de bonnes conditions toute l’année et ça a des répercussions sur la vitesse de jeu générale. Au même âge, Sebastiaan est plus performant que moi. Est-ce que cela signifie qu’il a le potentiel pour un jour jouer dans un club du calibre du Bayern Munich ? C’est lui qui décidera. Sa capacité à mettre les conseils en application fera la différence. Sans oublier la dose de réussite qu’il faut dans une carrière. C’est donc impossible de dire jusqu’où il peut aller mais l’avenir pourrait être beau. Sebastiaan aime se fixer des challenges, c’est une bonne manière d’avancer dans une carrière. L’Euro U21 cet été est déjà un beau challenge pour lui, d’autant que la Belgique est tombée dans un groupe relevé."
L’avenir
Quand on prononce les mots "plan de carrière", Van Buyten sourit. Son propre parcours est la preuve qu’il ne faut pas vouloir aller trop vite, ni se fixer de limite. "L’important, c’est de s’épanouir dans son club. Je ne suis pas là pour le pousser à partir au plus vite et chez le plus offrant. Anderlecht travaille bien avec lui et c’est essentiel à son âge. On ne se dit pas : telle année, il faut absolument être dans un grand championnat. On laisse venir et on s’adapte. Grâce à mon expérience de dirigeant au Standard, je sais que ce n’est toujours simple pour les clubs. Sebastiaan en est conscient : le prochain objectif, c’est de gagner des titres avec Anderlecht, pas de penser à son prochain club. Il arrive souvent qu’un joueur veuille partir dès que ça ne va pas mais ce n’est pas la bonne approche. J’ai pu l’apprendre dans ma carrière de joueur : c’est dans les périodes les plus compliquées que tu progresses le plus."