Sofiane Hanni se confie avant le Clasico: "Si Rutten n’aime pas Trebel, c’est qu’il y a un truc personnel"
Sofiane Hanni analyse la crise qui touche Anderlecht alors qu’il a failli revenir l’été dernier.
- Publié le 12-04-2019 à 06h54
- Mis à jour le 12-04-2019 à 09h36
Sofiane Hanni analyse la crise qui touche Anderlecht alors qu’il a failli revenir l’été dernier. Sofiane Hanni aurait pu faire son retour à Bruxelles plus tôt que prévu. Hein Vanhaezebrouck aurait aimé rapatrier l’ancien capitaine du RSCA. Une option qui a trotté dans la tête de l’actuel joueur du Spartak Moscou.
"Je n’ai pas parlé avec Anderlecht directement mais il y a eu des discussions entre les clubs. Le Spartak n’était pas chaud à l’idée de me laisser filer, même en prêt, mais j’avoue y avoir pensé. Le cœur avait très envie de revenir. Anderlecht, c’est ma deuxième maison. Je suis toutefois trop compétiteur pour accepter de revenir de la sorte, par la petite porte. Ça aurait été un échec. Je voulais montrer ce dont j’étais capable."
Au final, vu la saison du Sporting, on peut dire que vous avez de la chance de ne pas être revenu…
"Il est vrai que la situation est délicate. J’essaie de regarder tous les matchs. Je me dis que j’aurais pu les aider à faire une meilleure saison. Même si je ne suis pas Messi."
Cela vous fait mal de voir le club jouer à ce niveau ?
"Je suis de tout cœur avec eux. Oui, je suis déçu de voir qu’ils galèrent en ce début de playoffs mais on ne sait jamais ce qui peut se passer. Je ne les vois pas être champions mais pourquoi ne pas aller chercher le top 3. S’ils gagnent au Standard, ils ne sont plus qu’à quatre points. Avec six matchs à jouer, ce n’est rien."
Les anciens ont tendance à tuer Anderlecht ces derniers temps. Vous préférez rêver d’un futur plus positif…
"Je crois en eux. Je suis réaliste mais je pense qu’ils peuvent rapidement changer les choses. Anderlecht ne sera pas cinquième. Ce serait fou."
Comment retourner la situation ?
"Le mental va davantage compter que la qualité."
Sauf qu’on n’a pas senti d’esprit de rébellion face à l’Antwerp !
"Je n’ai pas eu l’impression de voir un manque d’envie. Ils ne savent juste pas trop quoi faire. Certains joueurs sont dans une telle situation pour la première fois et ne savent pas trop quelle attitude adopter. Ils sont un peu perdus."
Qui peut leur dire comment faire ?
"Il faut que les cadres trouvent les mots et montrent le chemin aux autres. Les tripes doivent parler. Vu la situation, personne ne peut oser se cacher, être timoré ou ne pas gagner tous les duels. Ils ont une mission : redorer le blason du club."
Y a-t-il assez de patrons dans le vestiaire ?
"Anderlecht a perdu beaucoup de joueurs charismatiques et il est important d’en avoir. Quand j’étais au club, il y avait des caractères… Tielemans, Dendoncker, Teodorczyk, Spajic : ils avaient faim et jouissaient d’une certaine aura. On n’aurait pas accepté une telle situation. Après, certaines choses ne se contrôlent pas. Regardez le Real Madrid. Leur saison est assez difficile et prouve qu’un creux peut arriver à tout le monde. Le retour de Kara et Trebel va soulager mais cela suffira-t-il ? Anderlecht a voulu jouer la carte des jeunes avec un beau projet mais il n’est pas simple pour des gamins de même pas 20 ans de se montrer dans de telles conditions."
Un seul jeune est au-dessus du lot : Yari Verschaeren. Il est le premier vrai créatif depuis votre départ il y a un an…
"Il m’impressionne. Je n’aime pas trop lancer des fleurs aux jeunes. Ce n’est pas l’idéal pour leur développement. Laissons-le se concentrer sur ce qu’ils ont à faire. Ils doivent faire leur truc et progresser tranquillement."
N’a-t-il pas déjà trop de responsabilités ?
"J’ai l’impression qu’il est très fort et qu’on lui donne déjà les clés du jeu. Ce n’est pas évident à 17 ans d’être le maître à jouer du plus grand club du pays. J’ai l’impression qu’on attend qu’il fasse la différence à lui seul. On lui colle beaucoup de pression sur les épaules. Il se donne à fond et se bat mais n’attendons pas de miracles. Logiquement, un jeune se développe en étant entouré et pas en tirant le groupe vers le haut."
Comment analysez-vous la situation d’Adrien Trebel ? On dit de lui qu’il veut s’en aller et qu’il ne s’entend pas avec Fred Rutten…
"On parle souvent. Il en a besoin en ce moment. Mais il ne me dit pas qu’il en a marre d’Anderlecht. C’est plutôt la situation qui le dérange. Je ne connais pas sa relation avec le coach. Je ne comprendrais toutefois pas comment un entraîneur pourrait ne pas aimer Adrien. Tous les coachs qu’on a eus à Anderlecht et même à Nantes l’ont apprécié. Même quand je jouais contre lui quand il était au Standard, mes coachs disaient qu’il était bon le roux d’en face (rires) ! Si je peux signer pour avoir un mec comme lui dans mon équipe tout au long de ma carrière, je le fais directement. Si Rutten ne l’aime pas, c’est qu’il y a un truc personnel derrière. Sinon, ce serait vraiment bizarre. C’était le capitaine, un gars à qui on ne peut pas reprocher de ne pas se donner. Puis, c’est un leader qui ose prendre ses responsabilités. Le seul reproche qu’on peut lui faire, c’est d’avoir été blessé. Et encore, il se soigne comme un pro."
Comprenez-vous la réaction des supporters ? On sait que votre relation avec eux n’a pas toujours été idéale…
"Je comprends leur frustration. Les joueurs, bien qu’ils ne soient pas les seuls responsables de la situation, vont prendre sur eux, se regarder dans le miroir. C’est en tout cas ce que j’aurais fait. Les fans ont le droit d’être énervés. Ils paient, ils sont là à chaque match et ils ont été habitués à voir beaucoup mieux que ça. Au niveau du jeu proposé et des titres. Nous, en tant que joueurs, on a envie de leur demander de continuer à nous soutenir même si c’est difficile car on ne répond pas à leurs attentes. Il faut être soudés face à la crise."
Une victoire au Standard et tout est pardonné ?
"Non, mais ça ferait du bien. Comme remettre les choses dans l’ordre."
Vous êtes le dernier héros anderlechtois à Sclessin. Repensez-vous parfois à ce match ?
"Souvent, même. Parfois, je regarde une courte vidéo de la rencontre avant un match. Je suis directement boosté. C’est gravé en moi à vie. Mon premier triplé, sur le terrain du Standard et pour mon dernier match avec Anderlecht. Difficile de rêver d’un meilleur adieu."