Sebastiaan Bornauw avant le Topper: "J’adore être sifflé à Bruges"
Sebastiaan Bornauw garde la confiance malgré la crise. "Si on a un bon jour, on peut mettre le Club en difficultés."
- Publié le 26-04-2019 à 07h43
- Mis à jour le 26-04-2019 à 08h38
Sebastiaan Bornauw garde la confiance malgré la crise. "Si on a un bon jour, on peut mettre le Club en difficultés." Cette semaine, Anderlecht a une fois de plus tremblé sur ses fondations. Mais la vie continue : voilà déjà le Club Bruges qui s’apprête à accueillir (et massacrer) le Sporting. "Honnêtement, cette perquisition de la police ne me fait rien", explique Sebastiaan Bornauw (20 ans), le meilleur Anderlechtois contre La Gantoise.
Parvenez-vous à vous concentrer sur le foot, quand il y a tellement de choses extrasportives qui se passent ?
"Oui ! Toutes ces affaires ne sont pas des excuses pour notre mauvaise saison. Mardi midi, je ne savais même pas ce qu’il s’était passé. Je voyais beaucoup de journalistes et d’équipes de télévision à la sortie de Neerpede, mais j’ignorais pourquoi. Je ne lis pas les journaux. Sauf quand il y a une grande interview sur moi-même, comme celle-ci."
Vous n’avez donc pas vu votre cote de 7/10 contre La Gantoise dans La DH .
"Non. J’étais assez content de mon match, après plus de trois mois sans avoir disputé 90 minutes. J’ai essayé de guider les autres et ne pas me cacher. Qu’on ait 20 ans ou 34 ans, tout le monde doit prendre ses responsabilités."
Vous aviez des crampes à la 90e, en raison de la chaleur. Geert De Vlieger a déclaré que les footballeurs se plaignent trop vite.
"Cela ne me touche pas. Je n’ai pas voulu chercher une excuse. Mais je ne me sentais déjà pas bien à la mi-temps. C’était juste un constat. Avant, j’avais pourtant l’habitude de jouer dans la chaleur. J’ai joué pendant deux ans par 35 degrés au Wydad de Casablanca, vu que mon papa travaillait au Maroc."
Est-ce que ce premier point en playoffs contre La Gantoise vous a remonté le moral, ou n’est-ce pas du tout le cas ?
"Ce n’était pas encore parfait, loin de là. Mais on a pris confiance et on doit poursuivre sur notre lancée. Personnellement, je n’ai jamais de crise de confiance."
Vous ne craignez donc pas le déplacement au Club Bruges ?
"Non. Jouer à Bruges, où le public adverse vous siffle, c’est formidable. Trebel aime être sifflé à Sclessin, et je le comprends. À Fenerbahçe, 3 000 personnes nous sifflaient avant l’échauffement. Je savais que cela chaufferait. Super. Si on a un bon jour, on peut mettre Bruges en difficultés. Mais ce ne sera pas évident. Bruges a une bonne équipe."
Vous serez confronté au meilleur attaquant du pays.
"Wesley est surtout énorme physiquement. À moi d’être plus malin. Mais ne pensez pas que je vais le provoquer. Ce n’est pas mon style. Si un adversaire m’insulte, je répondrai. Mais sinon, je reste correct. Tout en étant solide dans les duels. Je ne retirerai pas le pied."
Le changement d’entraîneur a-t-il changé beaucoup de choses pour vous ?
"J’ai toujours eu un bon contact avec Belhocine. C’est un maître dans la motivation. On avait besoin d’un profil pareil pour nous sortir du trou. On a ressenti une certaine agressivité dans son discours avant le match. On avait le sentiment que s’il avait joué, il aurait été prêt à mourir sur le terrain. Il veut qu’on fasse la même chose. En tant que T2, il aimait jouer avec nous aux entraînements. Il y va à fond. Il n’hésite pas à donner un coup ou deux."
Rutten n’arrivait plus à vous motiver ?
"Rutten avait d’autres qualités. On apprend de chaque entraîneur. J’ai connu des moments difficiles parce que j’étais blessé à son arrivée. À mon retour dans le groupe, je me sentais comme un nouveau. Mais à la fin, j’étais dans l’équipe. Son limogeage était une surprise. Mardi passé, quand il n’était pas au petit-déjeuner, je ne me suis même pas posé de questions."
Il n’avait pas beaucoup confiance dans les jeunes. Verschaeren était le seul titulaire.
"C’était peut-être le hasard. Ce n’est pas parce que quelqu’un aime onze joueurs qui sont noirs, qu’il est raciste…"
Avez-vous envoyé un message de remerciement à Fred Rutten ?
"Non."
Et à Vanhaezebrouck ?
"Oui. C’est lui qui m’a donné ma chance en Division 1. Je lui en serai toujours reconnaissant."
Vous risquez d’être la première équipe d’Anderlecht à ne pas vous qualifier pour la Coupe d’Europe en 56 ans.
"La durée m’importe peu. Je suis ambitieux et je veux me développer. Si on ne se qualifie pas, c’est donc grave, aussi pour le club. Mais que cela fasse 56 ans, 105 ans ou 10 000 ans, cela ne m’intéresse pas."
La Coupe d’Europe signifie beaucoup, à Anderlecht.
"Je sais ! Quand j’étais jeune, j’allais plutôt voir les matchs de Coupe d’Europe que les matchs de championnat. Il y a un match que je n’oublierai jamais : l’élimination après tirs au but contre le Partizan Belgrade. Nous avions des places derrière le but où Anderlecht a raté trois occasions."
“J’espère aller à l’Euro pour U21”
Bornauw n’a pas encore fixé ses vacances, parce que dans le meilleur des cas, le Sporting doit jouer des matchs de barrage pour décrocher un ticket européen. “Et de toute façon, je dois attendre la sélection de Johan Walem pour l’Euro U21.”
On l’aurait presque oublié, mais Bornauw est sélectionnable, avec ses 20 ans. Ses concurrents sont Zinho Vanheusden et Wout Faes. Dans la campagne de qualification, il n’a pas joué une minute. “J’ai fait partie du groupe à deux reprises. Et puis, j’ai dû déclarer forfait suite à une commotion cérébrale. Les autres fois, j’étais blessé.”
Bornauw espère jouer cinq bons matchs avec Anderlecht en cette fin de saison pour convaincre Walem. “Je respecterai évidemment ses choix, mais ce serait une belle expérience d’aller à l’Euro. Cela fait onze ans que la Belgique n’a plus participé à ce tournoi, hein ?”
Bornauw au sujet de…
Son ex-coéquipier Evenepoel: “Remco, je viendrai te voir quand tu seras en jaune aux Champs-Élysées”
Bornauw est né en 1999 et Remco Evenepoel en 2000. Ils n’ont donc pas joué dans la même équipe à Anderlecht. “Quand j’étais surclassé, il était aussi surclassé. Je crois qu’on a joué trois matchs ensemble. Mais on s’est souvent entraînés ensemble à l’Institut Saint-Nicolas. Je suis encore en contact avec lui. Je lui ai dit que je viendrais le voir quand il arrivera aux Champs-Élysées en maillot jaune. Et je l’inviterai le jour où moi, je jouerai dans un grand stade. Il a répondu que c’était une bonne idée. (Rires)”
Ses Clasicos; “Chez les jeunes, cela chauffait plus au Standard qu’à Bruges”
Bornauw n’a joué qu’une fois contre Bruges (2-1 au Club) et 30 minutes contre le Standard (2-0 à Sclessin) avec les grands. Mais il se souvient des nombreux clasicos chez les jeunes. “Au Standard, les matchs étaient plus chauds qu’à Bruges”, dit-il. “Les parents créaient souvent une ambiance hostile. Le Standard avait une meilleure génération, avec Vanheusden, Verlinden et Bongiovanni. Si je n’ai jamais reçu d’offre d’autres clubs ? Si. Même de l’étranger. Mais le projet foot-études d’Anderlecht était plus intéressant. J’ai fait le bon choix.”
Sa seconde passion: “Je fais du piano tous les jours”
Bornauw est un garçon intelligent et cultivé. Un exemple : sa passion pour le piano. “J’ai suivi des cours de musique quand j’étais jeune, et je les ai repris”, dit-il. “J’ai notamment fait de la gitare. Mais vu que j’avais sept entraînements par semaine, plus l’école, j’ai dû arrêter. Depuis un certain temps, je fais du piano. Je parviens déjà à jouer ‘River Flows in You’. Normalement, il faut quatre ans pour pouvoir jouer cette partition. Moi, je l’ai fait en sept mois, mais j’ai le temps de jouer chaque jour sur le piano de ma sœur, qui a aussi fait du saxophone.”