Sandler-Kompany, le duo anderlechtois qui rappelle une défense à la Guardiola
Le duo défensif d’Anderlecht impressionne par sa solidité mais surtout par sa qualité à la passe.
- Publié le 17-08-2019 à 07h37
- Mis à jour le 17-08-2019 à 08h17
Le duo défensif d’Anderlecht impressionne par sa solidité mais surtout par sa qualité à la passe.
Il n’y a vraiment qu’à Anderlecht qu’on voit ça. Cette saison au Sporting, on se penche plus sur les statistiques offensives des défenseurs que sur leurs qualités au duel ou dans l’arrachage de ballons. Cela risque d’être une des rengaines de la saison. Cet Anderlecht va attaquer et impliquera dans ce projet toutes ses lignes sur le terrain.
À commencer par son duo axial qui, après seulement deux rencontres passées côte à côte, semble déjà immuable. Des profils doués techniquement
La complémentarité est une clé et souvent les contraires s’attirent. Tomasz Radzinski et Jan Koller avaient tout d’un couple mal assorti mais leur relation sur le terrain était presque fusionnelle.
Vincent Kompany a également connu cela avec Hannu Tihinen. Le grand Finlandais n’avait pas la finesse ou la vitesse de Kompany mais l’aidait en compensant la fougue du jeune Belge par son expérience, son sens du placement et sa puissance.
“Ce n’est pas de cela qu’il s’agit ici, affirme Alex Teklak. Ils ne sont pas comme Vanhaezebrouck et Zeré à l’époque. Ces deux-là se complétaient l’un l’autre sur le terrain. Sandler et Kompany sont complémentaires grâce à la philosophie de jeu. Je ne pense pas que Kompany et Bornauw n’étaient pas complémentaires mais Sandler épouse mieux le style de jeu prôné par l’Anderlecht de cette saison. La philosophie a dicté certains choix. C’est un luxe mais c’est la direction prise par le projet.”
Bien qu’il n’ait jamais su percer à Manchester City, le Néerlandais a travaillé avec Pep Guardiola et avec l’équipe réserve que l’Espagnol avait également marquée de son empreinte.
Sandler possède aussi l’avantage de ses origines. Depuis très jeune, il a été biberonné au style de l’Ajax Amsterdam. Un jeu de possession en 4-3-3 défini par Johan Cruijff et prolongé par Pep Guardiola.
“Sandler a de très bons pieds et un profil pour ce jeu qui se construit depuis la défense. Kompany lui a donné un rôle qui lui convient parfaitement. Les deux défenseurs étaient les meilleurs hommes sur le terrain contre Malines dans un match offensif. C’est fort. Si Anderlecht arrive à atteindre le niveau souhaité, ces deux Anderlechtois défendront grâce à la maîtrise du jeu.”
Ils ont dominé le jeu depuis la défense face à Malines mais ont eu plus de difficultés face à Mouscron. “Il y avait un système pour bloquer la première relance mais je pense qu’il faut les laisser faire, dit Teklak. Kompany et Sandler sont au niveau mais il y a encore beaucoup de réglages à effectuer dans l’entrejeu. Zulj est trop lent, Nasri n’est pas encore à son niveau et Vlap n’est pas un joueur qui casse le rythme. Même si les passes de la défense sont bonnes, l’entrejeu ne parvient pas à faire la différence.”
Les statistiques des deux joueurs à la passe sont dignes de grands médians défensifs à la Toni Kroos ou Sergio Busquets. Leur moyenne de passes vers l’avant réussies est de 91 %. En deux matchs, ils en ont tenté 150.
Ils possèdent les clés du jeu dans leurs pieds. “Je les ai vus monter balle aux pieds. C’est très important dans un système dominant et cela leur a permis de passer leur entrejeu pour parfois directement aller chercher un relais un cran plus haut ou aller casser les lignes avec une passe.”
Vincent Kompany a d’ailleurs failli se montrer décisif avec trois passes (sur trois tentées) qui ont directement amené une occasion de but.
Bientôt les premiers vrais tests
Défensivement, Kompany et Sandler ont montré beaucoup de sérénité. Entre le match disputé contre Ostende et celui à Mouscron, la différence se marquait déjà. On ne peut pas uniquement l’imputer au remplacement de Bornauw par Sandler car la titularisation de Dewaele a également permis un meilleur équilibre.
Depuis qu’ils sont à deux sur le terrain, Anderlecht n’a plus encaissé le moindre but et a concédé un nombre d’occasions qu’on peut compter sur les doigts d’une main.
“C’est aussi dû aux circonstances, tempère Teklak. Face à Mouscron, ils ont bien fait le boulot mais contre Malines, ils n’ont dû défendre qu’une mi-temps. J’aurais aimé les voir gérer Igor De Camargo et analyser comment ils réagissent face à un adversaire costaud au duel et dans les airs.”
Les duels de la tête ne sont pas encore le point fort de la paire. Elle en a gagné 12 en deux matchs mais en a également perdu cinq. Au sol, c’est une autre histoire. Vincent Kompany n’a pas encore perdu le moindre duel. Sandler a dû le faire une seule fois contre Mouscron. C’est tout.
“Kompany inhibe les adversaires. On les sent timorés, comme s’ils craignaient de se frotter à un joueur de sa trempe. Je suis impatient de découvrir ce que Sandler est capable de faire défensivement lorsqu’il sera mis en difficulté sur des contres ouverts.”
Alex Teklak a déjà pointé deux éléments du jeu du Néerlandais : “Il a l’air rapide quand il est lancé et possède un bon jeu d’anticipation.”
Les chiffres confirment : contre les Malinwas, il a récupéré 14 deuxièmes ballons et en a intercepté six. Kompany possède des statistiques assez similaires. Sauf que le Belge intercepte plus qu’il ne récupère.
Une bonne entente et un sens tactique
Les deux joueurs s’entendent bien. Déjà car ils parlent la même langue, mais aussi car ils partagent un passé commun à Manchester City où Kompany avait fait office de mentor pour le jeune Sandler.
Ils se cherchent d’ailleurs sur le terrain et s’échangent plus de passes qu’avec n’importe quel autre équipier.
Cela leur permet de toujours être bien placés. Leur heatmap des deux matchs les montre sur une même ligne. “Savoir être toujours bien replacé en perte de balle est un précepte de base dans toute équipe et d’autant plus avec un système offensif, analyse Alex Teklak. Pour avoir la maîtrise du jeu, il faut être capable de ne donner aucune profondeur en ayant des joueurs positionnés en escalier dans la ligne arrière.”
L’intelligence tactique de Vincent Kompany n’est plus à prouver. Philippe Sandler devra bientôt faire face à des attaques plus coriaces mais il a déjà montré qu’il se plaçait naturellement dans la ligne de trois défenseurs.
De la confiance en soi
Si les deux Mauves ont autant impressionné, c’est aussi parce qu’ils dégagent une impression de facilité. Ils jouent la tête haute et exécutent des gestes qu’on ne voit jamais dans le chef de défenseurs centraux.
Ils se le permettent grâce à une confiance en eux débordante. “On connaît l’assurance de Vincent Kompany. C’est le genre de gars qui ne connaît pas de complexe d’infériorité. Cela a un impact positif sur le groupe. Son attitude trahit la confiance qu’il a.”
Pour Sandler, Teklak a une autre explication. “C’est l’école néerlandaise. Il a été formé à l’Ajax et a joué à Manchester City. Cela donne un boost à l’ego. Bornauw semblait impressionné par Kompany et était stressé car on lui demande des choses qu’il n’était pas capable de faire.”
Notre consultant pose juste un bémol : ne pas tomber dans la nonchalance. “Pour le moment, ils ont l’air tellement simples dans le jeu qu’ils me donnent l’impression d’être à 70 % quand ils vont au duel. Cela ne devra pas leur porter préjudice.”