Pourquoi Sambi est revenu encore plus fort
Rétabli après neuf mois d’absence, le jeune Albert Sambi Lokonga va retrouver sa place de titulaire après sa montée au jeu éblouissante contre le Standard.
- Publié le 14-09-2019 à 07h41
- Mis à jour le 14-09-2019 à 08h43
Rétabli après neuf mois d’absence, le jeune Albert Sambi Lokonga va retrouver sa place de titulaire après sa montée au jeu éblouissante contre le Standard. Exactement neuf mois après s’être déchiré partiellement les ligaments croisés du genou lors du match au Cercle Bruges (2-1, le dernier match de Hein Vanhaezebrouck), Albert Sambi Lokonga (19 ans) va récupérer sa place de titulaire dans l’entrejeu d’Anderlecht, ce dimanche contre l’Antwerp. Son concurrent Peter Zulj a non seulement le nez cassé (il s’est fait opérer pendant la trêve internationale), mais Albert a surtout séduit le Parc Astrid lors de sa montée au jeu de 27 minutes contre le Standard, club de son frère Paul-José Mpoku.
Les footballeurs qui sont passés sur le billard pour une opération aux ligaments croisés le savent : le retour est compliqué et fait peur. Pendant le comeback, plusieurs images vous passent par l’esprit : le moment de la blessure, les heures de douleur à l’hôpital après l’opération, la longue rééducation. Et tout cela influence vos premières prestations.
Comment expliquer, alors, que Sambi a été si bon contre le Standard ? Et pourquoi peut-on s’attendre à des prestations semblables contre l’Antwerp et à Bruges ? Explications.
1 Il a loué un appartement chez Maesschalck
Pendant des mois, Sambi a travaillé chez le réputé physiothérapeute Lieven Maesschalck à Anvers. Pour rester concentré sur son travail et éviter les heures de bouchons entre Bruxelles et Anvers, il s’est loué un petit appartement modeste dans la ville de Bart De Wever.
Comment a-t-il pu tenir le coup, seul, pendant toute cette période ? En fait, il a pris l’habitude de vivre de façon autonome depuis ses 11 ans, quand Anderlecht l’a découvert à l’AS Verviers. Sambi a accepté de faire de gros sacrifices pour le football : il a quitté le cocon familial pour venir à l’internat de Bruxelles. Il ne voyait sa famille qu’un jour par semaine. Vu le très jeune âge et le gros potentiel de la nouvelle pépite du Sporting, Jean Kindermans a vite compris qu’il fallait que Jean-François Lenvain, de la cellule sociale, le prenne sous ses ailes. "C’était mon tout premier joueur", se souvient Lenvain, qui - à la demande de Paul-José - est resté son coach personnel, même après son départ d’Anderlecht. "Je le considère encore comme ‘m on petit’ . On est très proches."
2 "Tard mature", il a dû se battre dans le passé
Sambi a l’habitude de devoir surmonter des difficultés. Contrairement à ses frères, il est resté longtemps petit et frêle. Alors qu’il était le meilleur de son équipe quand il est arrivé à Anderlecht, il se retrouvait sur le banc à 16, 17 et même 18 ans, aux côtés d’Alexis Saelemaekers.
Sambi a songé à être prêté et Paul-José aurait aimé le voir au Standard, mais il n’en était pas question pour Anderlecht. Lenvain lui avait acheté un train pour enfants pour son 18e anniversaire. Son message symbolique : "Accroche-toi au dernier wagon et remonte les wagons pour redevenir le chef du train."
"Il l’a fait admirativement bien", dit Lenvain. "Il est redevenu le plus grand espoir de cette fameuse génération dorée des 99."
3 Son intelligence et son calme facilitent son jeu
Emilio Ferrera comparait son style de jeu à celui de Yaya Touré. Les plus anciens voient en lui Charly Musonda Senior. Les trois ont un point commun : ils ont une intelligence de jeu hors du commun. Ils anticipent, jouent en un temps, trouvent toujours la meilleure solution, leurs passes ne mettent jamais leurs coéquipiers dans une situation inconfortable. Soit : ils voient tout plus vite que les autres. Vu que le football de Vincent Kompany exige un QI footballistique élevé, Sambi est un cadeau du ciel pour lui. Et Sambi, lui, ne doit pas faire d’interventions musclées pour récupérer des ballons.
Son autre atout est son calme. Que ce soit à Sclessin la saison passée ou à domicile contre le Standard après sa montée au jeu dans un match nerveux, Sambi joue toujours de façon décomplexée. Dix jours avant de se blesser, il avait dit à La DH : "Si tu stresses en faisant la chose que tu maîtrises le mieux, c’est qu’il y a un problème."
Ses amis se demandent souvent comment il parvient à garder son sang-froid.
"On l’appelle souvent ‘la force tranquille’", nous disent-ils.
4 Sa foi chrétienne
Comme ses frères et ses parents (et la majorité des Congolais), Sambi est très croyant. Sa foi chrétienne l’a énormément aidé à retrouver le moral et à remonter la pente. Contrairement à d’autres joueurs gravement blessés (à 19 ans, des ruptures de ligaments croisés ne sont pas courantes), il s’est dit que sa blessure devait arriver. Que c’était le destin qui l’avait voulu ainsi, et qu’il reviendrait plus fort, avec l’aide de Dieu. Depuis qu’il est petit, il prie et lit la Bible tous les jours.
"Il dribblait déjà les grands à 12 ans"
L’autre frère d’Albert - Fabrice (24 ans) - joue à Melen (P1 liégeoise) et suit les prestations de son petit frère de près. "Son genou va très bien", dit-il. "Il a fait beaucoup d’exercices de renforcement. Il n’a aucune appréhension. Il a pu jouer 90 minutes avec l’équipe nationale Espoirs et ça s’est bien passé. Puis il est rentré à Anderlecht pour prendre du repos. Il n’a rien perdu de ses sensations avec le ballon. Il faut dire qu’Albert est né avec un ballon. C’est en lui. Il est fait pour jouer au foot."
Les neuf mois sans match ont été douloureux. "La compétition lui manquait beaucoup. Il était déjà prêt à rejouer depuis quelques semaines. Il serait monté au jeu à Genk s’il n’y avait pas eu plusieurs blessures qui ont changé les plans. L’ovation qu’il a reçue des supporters après le match contre le Standard était incroyable ; je n’avais jamais vu ça à Anderlecht. La pression ? Elle glisse totalement sur Albert. Pour être clair : il s’en fout de la pression. À 12-13 ans, il venait jouer avec nous sur le petit terrain face à des mecs de 18-20 ans. Je peux vous dire que ça ne rigolait pas et que la pression du résultat était là. Albert jouait quand même super tranquillement. Il dribblait les grands, distribuait le jeu… À l’aise."
Titulaire... grâce à son grand frère
Quelle ironie. Si Sambi Lokonga est monté au jeu contre le Standard et jouera ce dimanche, c’est parce que Peter Zulj a été blessé par… son frère. Totalement involontairement, Paul-José Mpoku a percuté le nez de l’Autrichien pendant un duel aérien. Pendant une interview après le match, Paul-José n’avait pas hésité à féliciter son frère pour son match. “Il a apporté à Anderlecht ce que l’équipe n’avait pas”, disait-il, pendant que Sambi écoutait. “C’est lui qui a su calmer le jeu. S’ils sont parvenus à garder le score, c’est grâce à Albert.”