Pär Zetterberg: "N’attendez pas de miracle dès la saison prochaine"
Pär Zetterberg prend Vincent Kompany comme exemple de ce qu’Anderlecht doit faire : "Il commettait des erreurs, mais il avait des cadres pour le guider."
- Publié le 08-05-2019 à 06h55
- Mis à jour le 08-05-2019 à 09h14
Pär Zetterberg prend Vincent Kompany comme exemple de ce qu’Anderlecht doit faire : "Il commettait des erreurs, mais il avait des cadres pour le guider." Même en costume, Pär Zetterberg garde sa banane bien accrochée à sa ceinture. Le mystère reste entier : que trimballe-t-il dans cet accessoire vestimentaire ?
Certainement un couteau suisse. Un outil qui symbolise son rôle à Anderlecht. Conseiller, membre du comité de transfert, assistant, coach après les entraînements, il a une position hybride qui lui convient à merveille.
Puis, quoi qu’il fasse, les supporters aimeront toujours Pär Zetterberg. Et tout le monde écoutera toujours ses paroles empreintes d’humour, parfois de fatalisme mais surtout d’une grande dose de sagesse.
Pär, pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne le comité de transfert dont vous faites partie ?
"Nous discutons beaucoup. Ne pensez pas que ça explose car je dis qu’il faut un latéral gauche et qu’un autre dit qu’on doit transférer un back droit. On dialogue avec pour seul objectif de rendre Anderlecht meilleur. Nos discussions permettent de voir clairement les choses."
Est-ce vrai que Jean Kindermans, directeur de l’académie, intervient souvent en disant que le profil discuté est déjà présent chez les jeunes ?
"Son rôle est très important. Il connaît l’académie et peut anticiper le développement des joueurs. Ce comité a été créé il y a peu pour mieux se répartir les tâches et qu’il n’y ait pas qu’un seul homme qui décide de tout. Marc Coucke et Michael Verschueren pensent davantage au financier. Frank Arnesen et moi avons davantage une vision sportive, et Jean Kindermans s’assure qu’on ne bloque aucun talent de l’académie."
Ça fait quand même du monde…
"Je n’ai pas cette impression. Je l’avais par contre quand j’étais sur le banc aux côtés de Fred Rutten. Avec deux assistants en plus, cela faisait beaucoup de chefs. C’est pour cela que j’ai décidé d’aller en tribune. Marc Coucke et Michael Verschueren voulaient, dans ces moments difficiles, qu’on fasse front ensemble."
Ce n’était pas la joie entre Rutten et vous !
"Cela fonctionne mieux avec Karim (Belhocine). Déjà, car nous parlons la même langue. Ma fonction n’est pas simple à définir et cela peut mener à la confusion de certains. Je suis présent à différents niveaux et je participe même à certains entraînements. C’est ensuite plus facile de conseiller les joueurs car je sens davantage le jeu."
Vous êtes d’ailleurs encore en forme…
"Sauf que mes genoux ne sont plus à 100 %. Mais bon, on marque en étant malin, pas avec les genoux." (rires)
Avez-vous discuté du contentieux qu’il y avait entre Rutten et vous ? Il est né de conseils que vous avez donnés à Yari Verschaeren…
"Nous avons mis les choses à plat et je maintiens mon avis sur la question. Yari possède un énorme potentiel. Il réalise des choses folles dans une équipe qui ne tourne pas. Ne commençons pas à le comparer à Eden Hazard. Il joue dans un autre registre. Yari doit encore s’améliorer. Pour devenir un grand meneur de jeu, il doit développer d’autres aspects de son jeu comme le fait de savoir distribuer de longs ballons. Il faut le mettre dans de bonnes conditions car il est l’image du club."
Et de son ADN…
"Anderlecht possède une aura. Le club est synonyme de classe, de spectacle et de victoires. Sur et en dehors du terrain. Notre image vient d’en prendre un coup mais Yari peut inspirer d’autres talents à choisir Anderlecht plutôt qu’un autre club."
On parle d’ADN du club, son meilleur représentant est peut-être Vincent Kompany. Malgré tout ce qu’il a connu, il réussit toujours à faire de grandes choses…
"Absolument. C’est la grande classe. Mais j’aimerais rappeler que Vincent Kompany faisait aussi des erreurs à 18 ans. Sauf qu’on avait posté Hannu Tihinen à ses côtés pour l’encadrer. Ce n’était pas le meilleur mais un gars intelligent qui guidait Vincent. Il n’était ainsi pas perdu sur le terrain."
Anderlecht a-t-il encore de tels piliers ?
"Pas assez. L’équipe manque de quelques patrons. Des joueurs qui prennent l’initiative sans toujours attendre les instructions du coach. Nous avons besoin de renforts de qualité. Des gars qui osent guider l’équipe si quelque chose ne tourne pas rond."
Mbokani, qui est libre de tout contrat, fait-il partie de ces joueurs-là ?
"Il fait du très bon boulot à l’Antwerp. Nous connaissons ses qualités mais il va avoir 34 ans. Nous verrons bien. Nous travaillons dur pour amener de la qualité. Il y a trop de joueurs et il faudra diminuer la taille de l’effectif."
Pensez-vous qu’Anderlecht peut renaître dès la saison prochaine ?
"N’attendez pas de miracle. Nous n’allons pas du jour au lendemain être en finale de Coupe d’Europe. Quand on voit à quel point l’écart entre Genk et nous est énorme, ce serait déjà fort de nous battre pour le titre en Belgique."
C’est aux antipodes des ambitions traditionnelles du RSCA…
"Nous devons reconstruire l’équipe. Et ça commence maintenant. Avec des joueurs d’expérience et un coach qui convient à nos attentes. Genk peut être un exemple pour nous. Regardez à quel rythme il lance des joueurs inconnus qui deviennent des cadres. C’est très fort."
Après cette première saison agitée, ne regrettez-vous pas votre retour ?
"Absolument pas. Je veux aider mon club. J’ai encore espoir qu’on soit européen via la cinquième place. Nous ne la méritons peut-être pas mais je ne peux pas concevoir que ce club ne joue pas en Europe. En 1998, nous avions aussi connu une saison pourrie et Taument nous a envoyés en Europe grâce à un but lors du dernier match. J’espère revivre un tel scénario."