On a suivi Albert Sambi Lokonga en rééducation à Anvers: "Je souffre mais je reviendrai plus fort"
L’occasion de parler de son genou, du RSCA et même des playoffs 2.
- Publié le 14-02-2019 à 07h00
- Mis à jour le 14-02-2019 à 08h23
L’occasion de parler de son genou, du RSCA et même des playoffs 2. Le 16 décembre, Albert Sambi Lokonga (19 ans) quittait la pelouse du Jan Breydelstadion avec une grosse douleur au genou. Conséquence d’un duel solide avec un joueur du Cercle. Le milieu de terrain s’était relevé avec une rupture des ligaments croisés. "On n’a connu le verdict définitif que le lendemain, mais le docteur sentait déjà bien que c’était ça", raconte-t-il. "La rupture n’était que partielle, mais il fallait quand même opérer car mon genou est très flexible. Et on m’a directement prévenu : out pour six mois. C’était un coup difficile à encaisser."
Le 11 février, presque deux mois plus tard, on le retrouve à Anvers. Chez Move to Cure , le centre de rééducation de Lieven Maesschalck. On a pu le suivre pendant sa séance quotidienne. "C’est ma cinquième semaine ici. Après l’opération, je ne pouvais plus bouger pendant deux semaines, puis je suis venu ici. Je viens tous les jours, du lundi au vendredi. La séance dure entre 2h30 et 3h. C’est intense, je souffre mais mon genou va déjà beaucoup mieux", précise-t-il dans un large sourire. "Oui, la pilule est passée maintenant."
13h01 : Albert vient d’arriver au centre. Tenue d’entraînement complète du RSCA frappée du numéro 48 (référence au 4800, le code postal de Verviers, sa ville de naissance). Il salue les kinés, puis va s’asseoir dans un petit box. Jonathan, son physiothérapeute depuis le début, scrute son genou droit. "Pour voir comment ça réagit." Hormis les deux fines cicatrices, rien à signaler. La séance du jour peut débuter.
13h09 : il s’installe sur un vélo. "C’est parti pour dix minutes d’échauffement, alternance assis et en danseuse", lui précise Jonathan. Un départ en douceur qui nous permet de bavarder. "Tu vas voir, j’ai quelques exercices avec ballon dans le programme. C’est agréable de toucher le cuir. Ce qui me manque vraiment, c’est l’adrénaline autour d’un match. La préparation, la montée sur le terrain, l’ambiance du stade… Mais je dois être patient. Ça ne servirait à rien de forcer pour revenir plus vite. Ma saison 2018-2019 est terminée. Je vise un retour début juillet pour le départ en stage de préparation."
13h20 : l’échauffement est terminé. En descendant du vélo, Albert croise la basketteuse Ann Wauters. Sa séance à elle est terminée. "On rencontre beaucoup de grands sportifs ici. Tu vois le gars là-bas au bout de la salle?", nous interroge-t-il. "C’est Jordi Mboula de Monaco." Blessé à l’aine depuis le match contre le PSG mi-novembre, ce grand espoir du foot espagnol se soigne aussi à Anvers. "Depuis que je suis ici, j’ai aussi vu Fellaini, Dembele, Mertens et Batshuayi. C’est toujours chouette d’un peu bavarder avec eux. On sent le soutien."
13h26 : au lendemain d’Anderlecht-Zulte Waregem, Thomas Buffel ouvre la porte du centre. Le milieu offensif du Essevee n’est pas là pour débriefer le nul vierge de la veille, mais pour travailler. Avec Lieven Maesschalck himself. "J’ai regardé le match à la télé", souffle Albert entre deux exercices d’équilibre ponctué de passes pied droit-pied gauche. "On a un problème pour marquer en ce moment. On ne se crée pas assez d’occasions. Adri (Trebel) nous manque, c’est le cœur de l’équipe. Quand je vois nos matchs, j’ai envie de rechausser mes crampons mais ce n’est pas un joueur qui changera tout. On doit résoudre ça en équipe."
13h31 : seconde petite pause dans son exercice. On lui demande s’il craint de voir le Sporting en playoffs 2. "Ça fait un peu peur. On a largement assez de qualités pour être en playoffs 1 mais il faudra se battre jusqu’au bout. Il ne faut pas commencer à calculer en se disant que les trois derniers matchs de la phase classique sont plus abordables sur papier. Chaque rencontre sera une finale, à commencer par le déplacement à l’Antwerp. Ce sera un gros défi physique, mais j’y crois. Je ne peux pas imaginer Anderlecht en playoffs 2. Une fois dans ma vie, j’ai vu un match de playoffs 2 en tribune. C’était au Standard pour suivre mon frère Paul-José. C’était horrible. Le stade était vide, t’aurais dit un match de jeunes. Il faut éviter ça."
13h55 : Albert enfile une sorte d’élastique aux chevilles pour un exercice d’étirement. Juste le temps pour nous de revenir sur le nom qu’il vient de lâcher : Paul-José Mpoku, buteur décisif à l’ultime minute lors du dernier Clasico. "C’est mon frère qui a marqué mais ça m’a fait très mal", rigole le cadet de la famille. "J’étais à Sclessin à côté de son épouse. Elle était heureuse, mais j’étais triste pour mon club. Quand j’ai vu qu’il était lancé sur le côté, j’ai compris que ça risquait de faire mal. Malheureusement, ça s’est vérifié. Paul-José ne m’a pas chambré après, il savait que c’était difficile à encaisser. On a juste reparlé de Thomas Didillon et du mot ‘baraki’. Je lui ai bien dit que Thomas était un bon gars et qu’il avait juste commis une maladresse. Il a bien compris et le chapitre est clos maintenant."
14h17 : Jonathan revient avec une demi-sphère molle. Albert doit rester en équilibre quelques secondes sur sa jambe droite puis renvoyer un ballon de l’intérieur du pied. Le kiné corrige sa position, l’Anderlechtois s’applique. La transpiration commence à colorer son T-shirt. "C’est dur mais je m’accroche. J’ai discuté de ça avec Aaron Leya Iseka (NdlR : l’attaquant de Toulouse, petit frère de Michy Batshuayi). Il a connu la même blessure juste avant d’arriver en équipe première d’Anderlecht. Il m’a dit que je n’allais pas vivre des moments faciles en rééducation mais que ça en valait la peine. Beaucoup de gens te disent que tu reviendras plus fort après une telle blessure. C’est un peu la phrase bateau. Mais Aaron m’a expliqué que c’était réellement ça. Tu passes six mois à faire attention à ton corps. Et mentalement, tu progresses aussi. Son témoignage m’a bien aidé à accepter la situation."
14h32 : pendant que Buffel s’entraîne juste derrière, Albert suit les consignes d’une application sur le téléphone portable de Jonathan. Il doit lever sa jambe au rythme imposé par la petite musique. Puis le GSM lui accorde des pauses à intervalles réguliers. On lance le sujet de la saison prochaine, celle où il doit revenir plus fort. "Je ferai tout pour. Je suis déjà très motivé. Je suis passé dire bonjour à Neerpede la semaine passée et j’ai pu discuter avec le nouvel entraîneur. Je ne le connais pas encore bien puisque c’était toujours Hein Vanhaezebrouck quand je me suis blessé au Cercle. Le nouveau directeur sportif (NdlR : Frank Arnesen) avait aussi demandé à me voir. Il voulait me rencontrer et m’expliquer son projet. Il veut retrouver le jeu à l’anderlechtoise avec beaucoup de jeunes talents. Ça m’a fait plaisir d’entendre ça. J’étais aussi content de revoir tous mes équipiers. Je suis souvent en contact avec Adri et Alexis (Saelemaekers) mais ça ne remplace pas l’ambiance d’un vestiaire. C’est aussi pour ça qu’Anderlecht m’a envoyé me soigner à Anvers. Ici, tout le monde est blessé et se soutient. Tu n’es pas tout seul comme à Neerpede sans voir personne parce que tu ne t’entraînes pas aux mêmes heures que l’équipe."
15h01 : on entre dans la dernière heure de la séance et Albert ne baisse pas le rythme. "La foi m’aide aussi beaucoup. Ça t’aide à accepter et à te remettre en question. Je passe beaucoup de temps à lire la Bible depuis que je suis blessé. Je veux savoir un maximum de choses sur le christianisme mais j’ai encore beaucoup à apprendre. Quand je vois les connaissances de mon frère Paul-José, j’ai encore du chemin. Lui, il est quasiment pasteur (sourire)."
15h55 : l’entraînement d’Albert est terminé. Il va pouvoir rentrer à l’hôtel tout proche où il est logé. "Je rentre le week-end dans la maison familiale à Verviers. Le lundi matin, je repars vers Anvers jusqu’au vendredi soir. Je ne connais quasiment personne dans cette ville mais ça me permet de bien me reposer. Des copains de Bruxelles viennent parfois me rendre visite mais je reste calme. La plupart du temps, je me fais livrer un plat dans la chambre et je lis ou je regarde un film. Ma récompense, c’est de voir mon genou qui se soigne bien. Je peux maintenant tout faire, sauf courir. Ça, c’est théoriquement prévu pour dans un mois-un mois et demi. Cette blessure reste un coup dur mais j’essaie d’en voir les bons côtés. En U17 , je ne jouais pas et ce moment compliqué m’a finalement servi pour le futur. Ce sera pareil avec mon genou."