Morten Olsen: "Arnesen va frapper fort cet été"
Morten Olsen s’est à nouveau rapproché d’Anderlecht. Son analyse avant le Topper.
- Publié le 23-02-2019 à 07h45
- Mis à jour le 23-02-2019 à 08h18
Morten Olsen s’est à nouveau rapproché d’Anderlecht. Son analyse avant le Topper. Il n’a jamais vraiment quitté la Belgique après ses passages au Cercle Bruges (de 1972 à 1976), RWDM (1976 à 1980) et Anderlecht (de 1980 à 1986), mais Morten Olsen (69 ans) semble vraiment être redevenu Anderlechtois. Il était assis à côté de Coucke contre Eupen, était présent à un match à huis clos des non-titulaires contre Saint-Trond et il sera encore là contre Bruges, ce dimanche.
Est-il ce fameux ancien qui doit donner son avis sur des transferts potentiels ? "Pas du tout", dit Olsen. "Je suis là comme amateur de football. Et comme ami de Frank Arnesen. Vu qu’Anderlecht a pris un nouveau départ, je suis cela de plus près. Frank n’a qu’à retenir ce qu’il veut de ce que je dis."
L’ancien coach fédéral du Danemark (pendant 16 ans !) nous donne rendez-vous à la Brasserie Kasteel van Beersel. "J’habite tout près, je suis venu à pied", dit-il. "Ma femme est originaire de Huizingen, à côté. Même quand j’étais coach fédéral, je n’ai pas déménagé. La Belgique est tellement centrale en Europe que je savais visionner tous mes joueurs… Disons que je me sens à moitié Danois et à moitié Belge."
Vous auriez pu devenir entraîneur fédéral des Belges.
"C’est vrai. J’ai reçu un coup de téléphone - je ne me souviens plus de l’année - mais je n’ai pas voulu me mettre autour de la table. J’étais coach du Danemark. Vu que j’ai la nationalité danoise, c’était le sommet pour moi. En 2004, j’ai même refusé les Pays-Bas et l’Allemagne. Par contre, j’ai hésité quand Anderlecht m’a demandé."
On parle de l’année 2016, quand ils ont finalement pris René Weiler ?
"Oui. Après deux ou trois mois, j’ai dit non à Herman Van Holsbeeck. Dans le passé, j’avais déjà refusé deux ou trois fois. Entre autre quand j’étais à l’Ajax. Le timing n’était pas bon."
Vous n’étiez plus candidat cette fois-ci ?
"Non, je n’ai plus 55 ans (rires). Cela fait 50 ans que je vis 24 heures sur 24 et sept jours sur sept pour le foot. Je voyais 500 matchs par an. Je suis un peu fan d’Anderlecht, mais surtout amateur de football. Quand un match ne me plaît pas, je change de chaîne ou je fais quelque chose de plus utile."
Même quand c’est Anderlecht?
"Parfois, oui... Mais des saisons comme celle-ci, cela arrive! Quand j’ai débarqué à Anderlecht en 1980, le club n’avait plus été champion depuis six saisons. En 1979-1980, il avait même terminé 5e et avait obtenu in extremis un ticket européen. L’Ajax a aussi connu une période creuse. C’est le foot. Et si vous me parlez d’amusement : le football a changé. Actuellement, tout le monde sait défendre. La Coupe du monde était horrible à voir. Celui qui marquait en premier - souvent sur phase arrêtée - gagnait."
Donc : Anderlecht - Bruges ne sera pas un beau match ?
"Standard - Anderlecht était un beau match parce que les deux équipes voulaient gagner. Mais le terrain d’Anderlecht ne permet pas un beau jeu. Donc, il faut gagner d’une autre façon. Anderlecht est plus sous pression que Bruges, qui est déjà qualifié pour les playoffs 1."
Fred Rutten est-il un coach pour Anderlecht ?
"Pourquoi pas ? Fred était T2 à Twente quand j’étais T1 à l’Ajax. Entre-temps, il a quand même connu le PSV, Feyenoord et Schalke comme T1. Fred doit surtout fermer les oreilles quand il se fait critiquer sur les les réseaux sociaux ou par les consultants. Mais il doit faire avec les moyens du bord."
Vous sous-entendez qu’il n’y a pas assez de qualité sur le terrain ? Malgré l’arrivée d’Arnesen en décembre.
"Anderlecht doit frapper fort cet été, et il va le faire. Pendant le mercato d’hiver, on ne trouve que des joueurs sans rythme. Markovic était un bon, mais était toujours blessé à cause de son manque de temps de jeu. Il ne fallait pas acheter pour acheter. Avec son réseau et sa connaissance du football, Frank va aller chercher des joueurs qui correspondent à la philosophie du club. Des gars qui jouent du football dominant. Je connais le scout qu’il a débauché à Manchester United. C’est du solide. Mais il faut du temps. Il faudra peut-être deux ans. Et entre-temps, il faut former des joueurs qui font la différence, parce qu’ils coûtent 30 millions quand il faut les acheter. Des De Ligt ou De Jong comme l’Ajax."
Ou Verschaeren.
"Correct. L’école des jeunes d’Anderlecht est aussi bonne que celle de l’Ajax. Après cinq minutes, on voit que Yari a quelque chose de particulier. J’avais aussi cela avec Eriksen quand il était très jeune. Mais pour le moment, je dis que Yari est bon. Je dirai plus tard s’il est fantastique (rires). Parce que bientôt, les gens vont remarquer des défauts dans son jeu. Soyons patients avec lui."
Vous aviez aussi un jeune dans votre fabuleuse équipe des années 1980 : Enzo Scifo.
"Oui, c’était peut-être la meilleure saison de sa carrière, et il a gagné le Soulier d’or. Lui, Demol et Grün étaient entourés par des gars expérimentés. Ici, à cause des blessures, Anderlecht est parfois obligé de jouer avec trop de jeunes. Et vous savez : le public est exigeant. Weiler était champion, mais les gens râlaient. Moi, quand j’étais coach à l’Ajax, il m’est arrivé d’être sifflé après une victoire 3-0. On avait marqué 122 buts, cette saison-là."
La construction depuis la défense ne vous fait pas mal aux yeux? Vous étiez un défenseur élégant.
"Dans un club du top, les défenseurs doivent pouvoir défendre, être rapides et pouvoir diriger, mais ils doivent surtout être très bons à la relance. Mais ces joueurs partent vite vers les grands championnats. Tous les grands clubs les veulent."
Anderlecht va se qualifier pour les playoffs 1 ?
"Nous devons nous qualifier."
Vous utilisez le pronom ‘nous’. Vous voyez que vous êtes Anderlechtois !