Michael Verschueren: "Personne ne s’est renforcé comme nous"
Au lendemain du transfert fou de Bolasie, Michael Verschueren a reçu La DH : "Je ne veux plus jamais vivre un tel scénario…"
- Publié le 02-02-2019 à 06h21
- Mis à jour le 02-02-2019 à 09h13
Au lendemain du transfert fou de Bolasie, Michael Verschueren a reçu La DH : "Je ne veux plus jamais vivre un tel scénario…"
Il ne l’oubliera pas facilement, Michael Verschueren (49 ans), son tout premier mercato. 43 secondes ont fait la différence entre une période de transferts selon lui réussie, et un échec. 13 heures après ce moment de stress infernal, il a invité La DH au premier étage du centre d’entraînement, où la location de Yannick Bolasie a failli capoter.
Vous avez bonne mine, pour avoir vécu une nuit folle.
"J’étais au lit à 2 h 30, environ. Et devinez quoi ? À 6 h 30, ce matin, j’étais sur le terrain de tennis. Pourtant, j’ai très peu dormi, ces dernières nuits. Une grasse matinée ce samedi suffira pour récupérer. Non, il ne me faut pas des vacances pour recharger les batteries."
C’est comme votre papa… D’où ce stress ? L’accord avec Everton était trouvé à 15 heures !
"On m’avait prévenu que ce serait la folie. Mais ce scénario-ci ? Je ne veux plus jamais le vivre. (Rires) Tout d’abord, Yannick a été pris dans les bouchons et a raté son vol. Il est arrivé à Neerpede à 2 1 h 30 avec son avocat et deux agents. Ils avaient quelques remarques par rapport au contrat, on a dû le traduire vers l’anglais, à 23 h 40 la Fédération anglaise avait validé le deal. Mais le système Fifas indiquait un feu rouge au lieu d’un feu vert. Du côté d’Everton, ça bloquait. Via le téléphone, notre spécialiste Johan Plancke a guidé les gens d’Everton. Les minutes s’écoulaient : plus que 15 minutes, plus que 9, plus que 6, plus que 3. C’était la panique totale. Les messages de supporters inquiets affluaient. Puis, à 43 secondes du gong : le feu vert. Quel soulagement. Sinon, on aurait dit que j’avais mal fait mes devoirs, vu que j’avais annoncé un renfort offensif."
Et maintenant ?
"Je crois qu’on a un groupe plus équilibré. On va continuer à donner des chances aux jeunes, mais on a un renfort dans chaque compartiment."
Mais pas de vrai "9".
"C’est vrai. Mais Bolasie est polyvalent. Il peut même jouer en pointe. Et n’oubliez pas que nous avons deux buteurs. Mais ils n’étaient pas assez approvisionnés. Avec un renfort sur le flanc, cela devrait aller mieux."
Vous avez pourtant misé sur Ferreyra.
"Correct. À Lisbonne, j’ai trouvé un accord avec Benfica. Le lendemain, l’agent du joueur allait convaincre le joueur. Il n’y est pas parvenu. Non pas que Ferreyra a snobé Anderlecht, mais l’Espanyol a quand même plus de renommée. Je pensais boucler le mercato mardi. Raté. J’ai lancé le dossier Bolasie le soir même. C’était l’un ou l’autre. Je ne pouvais pas faire exploser les budgets."
Quelle est la réaction du jeune Verschueren après un coup raté ? Vous aviez envie de tout casser dans votre bureau ?
"J’avais abandonné d’autres pistes donc oui, je stressais et je paniquais. Et je ne dormais plus."
Que disait votre femme ?
"De toute façon, j’avais dit chez moi : ‘Ne comptez pas sur papa au mois de janvier. Je ne serai pas là.’ J’ai eu raison. Soit je rentrais à minuit, soit je téléphonais de chez moi jusqu’à minuit. Par exemple pour répondre à des clubs américains."
En Suisse, on dit que vous étiez sur Eleke de Lucerne.
"C’est correct que Frank Arnesen a été en contact avec ce club. Mais de là à dire qu’on a fait une offre ferme ? Non."
Même pas pour Akgül de Galatasaray ?
"C’est un bon joueur et il nous a été proposé. Mais on n’a fait une offre ferme que pour trois joueurs : Zulj, Ferreyra et l’Espagnol Sergio Leon, qui a refusé."
Arnesen n’a pas appelé son ami Abramovitch pour vous sauver ?
"Non… Par contre, il a aidé à faire venir Bolasie, via ses contacts avec Marcel Brands, le directeur technique d’Everton. Et on a reçu de l’aide inattendue de Romelu Lukaku. Ce n’est pas une belle histoire ? Il a dit qu’on était un club du top, avec un superbe complexe sportif, et un chouette championnat. Il était vraiment heureux en ayant signé. Et sa femme aussi."
Il paraît que vous payez un tiers de son salaire de 85 000 euros par semaine.
"C’est faux, mais je confirme qu’Everton prend en charge une partie de son salaire. Les tests médicaux se sont faits en Angleterre, les médecins ont été en contact pendant quatre heures. Et il est fit. Il s’est entraîné, il peut déjà jouer au Standard."
Vous osez repenser du titre ?
"Ce serait un manque de politesse de ma part de parler du titre. Tout se jouera dans les trois prochains matchs. Si on se qualifie pour les playoffs, il faudra tenir compte de nous. Et les autres le savent."
Donc, content de votre boulot ?
"Dites-moi, quel autre club s’est renforcé comme nous l’avons fait ? Personne, quand même ?"
"J’ai refusé des offres de plus de 10 millions"
Selon Verschueren, il y avait surtout de l’intérêt pour Trebel et Saelemaekers. Plusieurs autres joueurs n’ont pas pu partir.
Niveau transferts sortants, le mercato d’Anderlecht n’est pas vraiment une réussite. De tous les joueurs qui étaient sur la liste des départs, seulement trois ont trouvé un club : Musona, Morioka et Dauda. "Trois rentrées et trois départs : l’équilibre est respecté", dit Verschueren. "Vous dites que Morioka a Charleroi a été compliqué ? Non. il s’agissait de négociations classiques. Elles ont duré deux semaines. Ce n’est pas anormal."
Le but était de se séparer d’une dizaine de joueurs en tout. "On n’a pas dit qu’ils devaient partir, mais que la concurrence serait cruelle à leur poste. Mais je suis encore en train de travailler sur deux dossiers avec des marchés qui sont ouverts, comme la Russie, les États-Unis et la Chine."
On a fait le calcul : six joueurs seront relégués dans le noyau B. Verschueren : "Le coach décidera de qui il s’agit. Mais de toute façon, cela ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas revenir dans le noyau A. Jonas De Roeck sera coach des U21 et adjoint de l’équipe A. Rutten tiendra compte de ses avis."
Vranjes, un joueur très cher, fait déjà partie du noyau B. "J’ai eu un entretien avec lui, la semaine passée. Au fait, c’est un gars vraiment brave et aimable. En soi, c’est une bonne personne. Son tatouage, il l’a déjà depuis six ans. Et son affaire amoureuse est une affaire privée, mais je ne peux pas justifier ce qu’il a fait. Je cherche des solutions pour lui. Si ce n’est pas dans les semaines à venir, ce sera en été. Mais entre-temps, il faut que je le traite de façon respectueuse."
Et puis, il y a les joueurs qui ne pouvaient pas partir. "J’ai reçu des offres officieuses d’agents, surtout pour Trebel et Saelemaekers. Elles dépassaient les 10 millions. J’ai répondu qu’ils n’étaient pas à vendre. On ne va quand même pas se renforcer et en même temps se déforcer. Les jeunes Doku et Verschaeren ? Non, on n’a pas essayé de nous les piquer. Les clubs savent qu’on ne les lâche pas."
Le mercato d’été, lui, risque d’être encore plus agité. Aussi bien au niveau des transferts rentrants que sortants. Verschueren : "Notre réseau sera beaucoup plus étendu, et notre cellule scouting sera plus rodée. N’oubliez pas que Frank Arnesen vient de débarquer, le coach aussi… Notre mercato a été bon, je suis satisfait du travail accompli. Mais cet été, on sera mieux préparé. Le mercato sera encore meilleur."
En bref
Standard - Anderlecht : "Didillon n’a pas voulu les provoquer"
Verschueren n’a pas réprimandé Didillon pour son dérapage à La Tribune. "Il s’est excusé sur Instagram, mais il n’a vraiment pas voulu provoquer le Standard. Je comprends que les supporters du Standard utilisent ce mot (Baraki) pour enflammer le match. J’espère que les valeurs du football seront respectées. Il y a eu d’autres incidents dans le passé - je pense au tifo anti-Defour - dont nous ne nous sommes pas servis pour foutre le match en l’air. On aurait pu ne pas jouer ce match, mais on l’a fait quand même."
Trebel et Bayat : "Deux contacts avec Mogi"
Verschueren n’a pas fait de scandale du fait que Trebel se soit assis à côté de Mogi Bayat, dimanche passé. "Bien sûr que cela ne m’a pas fait plaisir, je ne vais pas le nier. Mais Adrien a le droit d’aller au foot avec son agent. On a juste dit qu’on ne fait pas des affaires avec certains agents. On n’a pas dit qu’un joueur ne peut pas s’asseoir à côté de son agent."
Verschueren a eu deux contacts avec Mogi, pendant le mercato. "Pour Kara, où il est intervenu pour Nantes. Et dans le dossier Morioka, pour son frère. Pour le reste, il n’a pas essayé de faire des transferts avec nous, non."
Vanhaezebrouck et Rutten : "Fred n’est pas le cinquième choix"
Verschueren, lui aussi, a dit une phrase qu’il regrette. À Extra Time, à la VRT, il a déclaré que des entretiens collectifs avec les joueurs lui ont appris des choses sur Vanhaezebrouck qu’il ignorait. Verschueren : "Je n’aurais pas dû dire cela de cette façon, parce que le ton est négatif. Il s’agissait de petits détails au sujet de la tactique, du médical… Mais ils ne sont certainement pas à la base du malaise à Anderlecht. Et son successeur, Fred Rutten ? Ce n’est pas correct de dire qu’il était le cinquième. On avait quelques noms, qui se valaient plus ou moins."