Marco Kana, l’ado que tout le monde adore
Marco Kana (17 ans) prend de plus en plus de place dans la défense anderlechtoise après son parcours compliqué, mais inspirant chez les jeunes du Sporting.
- Publié le 07-11-2019 à 11h48
- Mis à jour le 07-11-2019 à 12h20
Marco Kana (17 ans) prend de plus en plus de place dans la défense anderlechtoise après son parcours compliqué, mais inspirant chez les jeunes du Sporting. L’histoire commence le 4 mai 2018. Ce jour-là, Marc Coucke convoque la presse : onze gamins signent leur premier contrat pro en même temps. Ils doivent devenir les figures du projet jeunes que le nouveau président veut insuffler au Sporting. Parmi les onze élus, cinq sont issus de la prometteuse levée 2002 : Jérémy Doku, Zacarias Antonio, Killian Sardella, Anouar Ait El Hadj et Chris Kalulika. Pas de trace de Marco Kana. Une grosse déception pour celui qui est le capitaine de cette génération. Le Standard et Lille se disent qu’il y a un coup à réaliser. La drague commence auprès de la famille, particulièrement du papa qui gère seul les intérêts de son fils, sans agent. Des discussions ont lieu avec les deux clubs, mais Anderlecht revient aussi dans la danse. Après des semaines de doute, les Kana tranchent : Marco paraphe un premier contrat professionnel, le 29 avril 2019, dans les bureaux de Neerpede.
Le bien-être du défenseur/milieu est passé avant le reste. "Anderlecht est le club où il a tout connu depuis l’âge de sept ans. Le club où il a presque toujours été capitaine. Il aime vraiment le RSCA et ça a fait la différence", estime Mo Ouahbi, son coach de l’époque en U18. "Le matin même de la signature du contrat, le papa m’avait téléphoné pour me demander mon avis. Il voulait parler de la progression et de l’avenir de son fils. C’est à Anderlecht que les perspectives étaient les plus belles. Tout recommencer ailleurs n’est jamais simple."
Tout n’était pourtant pas simple non plus au Sporting. Contrairement à Youri Tielemans, Romelu Lukaku ou Vincent Kompany, Marco Kana n’a jamais été prédestiné à l’équipe première. Les doutes ont toujours entouré son potentiel. La faute à un physique un peu rondouillard et, surtout, une certaine lenteur. "Il a fini par s’affiner, mais il ne sera jamais rapide. Ce qui a fait la différence, c’est sa capacité à compenser ce défaut. Pareil pour sa taille (1,80 m) qui n’est jamais un problème grâce à son placement et à son intelligence", estime Ouahbi.
Intelligence. Le mot est lâché. Marco Kana est un adolescent brillant. Sur le terrain et en dehors. Éduqué en français par des parents congolais dans un appartement de Ganshoren et scolarisé en néerlandais, au Sint-Niklaasinstituut d’Anderlecht, le jeune homme a vite ajouté l’anglais à son répertoire. Puis des notions d’allemand et d’espagnol. "Il suffit de discuter deux minutes avec lui pour comprendre que Marco est d’une intelligence supérieure. On a l’impression de revoir Vincent Kompany au même âge", nous explique-t-on à Neerpede.
À l’école, Kana n’a d’ailleurs pas choisi la facilité. Alors que la majorité des jeunes qui combinent fin du secondaire et foot pro optent pour l’enseignement technique, il reste dans le général. Option math-sciences, qui plus est. L’école n’est pas un passage obligé pour lui, bien au contraire. Il a même déjà loupé des matchs avec l’équipe nationale U18 pour se concentrer sur ses cours.
Kana porte pourtant aussi le brassard avec les Diables en herbe. Et ce, malgré un retard au démarrage : né à Kinshasa, il n’a été en règle administrativement pour l’équipe nationale qu’il n’y a quelques mois à peine. Et là aussi, ses qualités humaines ont vite fait l’unanimité. "En plus d’être un très bon joueur, Marco est, si je peux dire, un très bon humain", explique Jean Kindermans, directeur du centre de formation. "C’est un capitaine qui pousse tout le monde dans le bon sens. Et toujours de manière positive", appuie Ouahbi.
La réussite actuelle de Kana, qui peut espérer une cinquième titularisation de suite vendredi à Waregem, donne le sourire à Neerpede. "C’est une formidable inspiration pour tous les jeunes du centre", reprend Kindermans. "Marco démontre qu’il n’y a pas de trajectoire idéale. Certains y arrivent très tôt, d’autres mettent plus de temps. La façon dont il s’est construit est un véritable exemple. Pour tous nos jeunes à l’académie mais aussi pour ses deux petits frères."
Oui, car le football est dans l’ADN des Kana. Joël est un très bon joueur chez les U14 du RWDM et Cresus est le petit phénomène de la famille. "Il joue chez les U9 d’Anderlecht et tout le monde dit que c’est le plus fort de tous. Lui évolue comme attaquant", nous explique-t-on.
Ils sont à bonne école avec un papa qui a toujours entraîné chez les jeunes. C’est lui qui a emmené Marco, dès l’âge de quatre ans, avec lui dans un petit club bruxellois avant de l’inscrire à Anderlecht à sept ans. "Les trois frères ont la chance d’être très bien entourés par leurs parents. Il y a une vraie culture du football. Ce n’est pas une famille qui ne parle que d’argent. Grâce à ça, Marco sait bien que le contrat pro le plus important dans une carrière n’est pas le premier mais le deuxième", conclut Kindermans. "Le premier récompense le talent, le deuxième, la progression." Et là, Kana risque bien d’être le premier élu de sa génération.