Les gamins qui font oublier les soucis d'Anderlecht
Jérémy Doku (16 ans) n’a eu besoin que de 10 minutes pour laisser sa carte de visite.
- Publié le 27-11-2018 à 08h07
- Mis à jour le 27-11-2018 à 10h05
Jérémy Doku (16 ans) n’a eu besoin que de 10 minutes pour laisser sa carte de visite.
Même Jonathan Legear a dû venir aider en catastrophe. Le côté droit de la défense de Saint-Trond prenait l’eau depuis la montée au jeu de Jérémy Doku dimanche soir au Stayen. À peine une poignée de minutes chez les professionnels et le gamin de 16 ans avait déjà trois adversaires sur le paletot. Ce 25 novembre 2018, le grand public a découvert cette grande promesse anderlechtoise.
Le monde du football belge, lui, connaissait le phénomène depuis longtemps. Et même pas uniquement chez nous : depuis ses 12 ans, le garçon est courtisé par les plus grands clubs européens. "À 15 ans, il avait le choix entre 5 ou 6 des plus gros clubs du continent", confirme Joël Crahay, scout qui avait visionné Doku de nombreuses fois pour l’un de ces grands clubs. "Il a finalement choisi de signer son premier contrat professionnel à Anderlecht. C’est un très joli coup réussi par le Sporting."
Pour y parvenir, le RSCA a fait un très gros effort. Financier et humain. Jean Kindermans a passé des heures sur le dossier. Et il n’est pas le seul au sein du club. "On était très heureux qu’il reste à Anderlecht", raconte David Doku, le père du joueur. "Il avait envie de d’abord réussir au Sporting. Cette année juste avant sa signature chez les pros n’a pas été simple car il y avait énormément d’intérêt. Maintenant, tout est plus clair."
Le papa de Jérémy Doku est Ghanéen, tout comme sa maman. Mais le dernier ket sorti de Neerpede est né à Anvers et joue pour les équipes belges depuis les U15. "Je suis arrivé pour travailler en Belgique en 1993. Jérémy est né en 2002, quatre jours avant le début de la Coupe du monde au Japon et en Corée du Sud. Il a très rapidement commencé à jouer au foot. J’avais aussi un peu joué au Ghana mais sans faire une grande carrière. Par contre, la vitesse est dans nos gènes. Jérémy s’est d’abord affilié à Borgerhout où on habite puis il est passé au Beerschot."
C’est là qu’Anderlecht le repère, à l’âge de 10 ans. Sa vitesse fait déjà fureur à l’époque. Les quelques petites bêtises de jeunesse sont rapidement oubliées et il devient le leader de sa génération avec Eliot Matazo, parti l’été passé à l’AS Monaco. Malgré son petit gabarit, il a commencé à être surclassé la saison passée. À une vitesse fulgurante. Comme lui sur le terrain.
"Mais il ne faut pas résumer Jérémy qu’à ça", intervient Crahay. "Il a une double accélération et énormément de technique en mouvement. Quand je l’ai vu la première fois, il m’a directement fait penser à Sterling de Manchester City. En fait, il a exactement le même profil. La seule différence, c’est que Jérémy ne devrait plus trop grandir (NdlR : 1,70 m) . Il restera donc plus petit que Sterling. Ce n’est pas un souci. Un peu comme Eden Hazard, Jérémy a cette faculté à éviter les coups dans les duels. Grâce à leur duel et leur intelligence."
Même si l’évolution d’un ado surdoué est toujours aléatoire dans le monde du football pro, Doku peut déjà voir loin. Selon les observateurs, il lui reste un gros point de travail : sa finition. "Il marquait beaucoup chez les jeunes mais, avec ses qualités, il aurait dû en mettre encore plus. S’il parvient à être plus concret, personne ne sait où il s’arrêtera…", nous confie-t-on.
Verschaeren, le gendre idéal
Aussi bien au foot qu’à l’école, le petit Waeslandien est talentueux et discipliné.
Originaire de Kruibeke, dans le Pays de Waes, Yari Verschaeren a été repéré par Anderlecht à un très jeune âge. Il avait à peine neuf ans quand le Sporting l’a déniché à Waasland-Beveren, qui l’avait découvert chez les voisins de Kruibeke.
Depuis son arrivée au Sporting, Verschaeren sort du lot avec son excellente technique. Ses crochets, ses petites touches de balle, sa vision du jeu, sa couverture du ballon : son talent fait baver les scouts des autres équipes, surtout de l’étranger.
Un autre atout du petit médian central : sa mentalité. "Il a toujours été considéré comme le gendre idéal", nous dit-on au Sporting. "Il a le caractère dont tout entraîneur rêve. Il ne fait pas de vagues, est discret et sérieux. Et il travaille aux entraînements. Bref : il est le joueur typique d’Anderlecht."
Verschaeren a un seul inconvénient : son petit gabarit. C’est pour cela qu’il reste dans sa propre catégorie d’âge lors de ses premières années à Anderlecht. Et en équipe nationale U16, il est d’abord rappelé en Futures, les joueurs à la Mertens qui ne sont pas encore matures.
Comme le font les meilleurs, il parvient toutefois très bien à cacher qu’il est petit et léger. Très intelligent, il a l’art d’éviter les duels en devançant son adversaire et en demandant le ballon entre les lignes. Dimanche, à Saint-Trond, il a multiplié les appels de balle, toujours en indiquant de la main où il voulait recevoir le cuir.
À partir des U17, il fait partie des "grands" Diables. Mais à l’Euro qui a lieu en Angleterre au mois de mai (la Belgique a atteint les demi-finales), il ne débute que dans un match des cinq.
Il faut dire que Verschaeren a de temps en temps refusé une sélection en équipe nationale. La raison : l’école a toujours primé. Ses parents le lui ont inculqué dès le début. Verschaeren est donc non seulement un exemple au club, mais aussi à son école, l’Institut Saint-Nicolas d’Anderlecht, qui l’a félicité via les réseaux sociaux après son match de dimanche.
Autre anecdote qui souligne son envie d’obtenir son diplôme : en janvier de cette année, Emilio Ferrera organise un stage à La Manga pour ses U21. Dans un premier temps, les parents de Verschaeren refusent qu’il s’absente de l’école pendant une semaine. Jan Verlinden, l’accompagnateur et coach personnel de Verschaeren à Anderlecht, parvient à les convaincre qu’il rattrapera ses cours.
Avant son départ à l’Euro, il fait partie des onze jeunes qui reçoivent un contrat pro de Marc Coucke. Et à partir de cette saison, il fait définitivement partie des U21 de Jonas De Roeck. Vanhaezebrouck, souvent présent aux matchs des jeunes, est de plus en plus charmé par le petit ‘10’. Lundi passé, sa prestation contre Beveren était carrément extraordinaire. Le lendemain, Vanhaezebrouck le convoque en A. Et à partir de jeudi, il le met dans la bonne équipe à l’entraînement. Le rêve de Verschaeren devient réalité.